Les manifestants anti-gouvernementaux étaient plusieurs milliers vendredi à Bangkok pour demander que cesse la tradition des coups d'État en Thaïlande alors que les rumeurs d'une possible prise de pouvoir militaire allaient bon train.
Les manifestants demandent depuis juillet la démission du Premier ministre et meneur du dernier coup d'État militaire de 2014, Prayuth Chan-O-Cha, mais ils ont souligné vendredi qu'ils ne voulaient pas le voir remplacé par un autre général.
Les organisateurs ont intitulé la manifestation de vendredi "Répétition pour s'opposer à un coup d'État".
Le putsch de Prayuth en mai 2014 était le 13e coup d'État réussi depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
"Le 14e coup d'État n'aura pas lieu parce que les gens réagiront et résisteront", a déclaré à la foule l'un des leaders de la manifestation, Panupong Jadnok alias "Mike Rayong".
Certains manifestants ont brûlé des photos du Premier ministre, un ancien chef de l’armée qui a été maintenu à la tête du gouvernement l’an dernier à l’issue d’élections controversées.
Ils affirment que le scrutin a été soigneusement préparé au fil des cinq années de régime militaire pour assurer à Prayuth Chan-O-Cha la continuité du pouvoir, notamment grâce à une Constitution taillée sur mesure selon laquelle tous les membres du Sénat devaient être nommés par la junte.
"Je n’ai que 18 ans, mais j’ai déjà vu deux coups d’État. Ce n’est pas normal", a déploré lors de la manifestation Tan, un lycéen, ne donnant que son surnom. "Nous ne voulons pas voir l’histoire se répéter."
Prayuth Chan-O-Cha et le nouveau chef de l'armée thaïlandaise, le général Narongpan Jittkaewtae, ont écarté cette semaine la probabilité d'un autre coup d'État - mais cela n'a fait qu'accroître les spéculations.
"Le gouvernement n'a pas l'intention d'utiliser la loi martiale ou de parler d'un coup d'État", a assuré le porte-parole du gouvernement, Anucha Burapachaisri.
Les manifestants accusent également la monarchie d'avoir permis des décennies de domination militaire et continuent de demander des réformes pour restreindre le pouvoir du roi Maha Vajiralongkorn -dont son pouvoir d'approuver les prochains coups d'État- malgré que l’utilisation de la loi sévère de lèse-majesté soit redevenue d’actualité ces derniers jours.
Le Palais Royal n'a fait aucun commentaire sur les manifestants mais le roi a déclaré récemment qu'il aimait "quand même" les manifestants.
Au moins sept leaders du mouvement de contestation ont été accusés ces jours-ci d'avoir insulté la monarchie, ce qui pourrait leur valoir jusqu'à 15 ans de prison par chef d’accusation, pour des discours qu'ils ont tenus lors de différentes manifestations.