Les deux derniers suspects dans le dossier de l'incendie qui avait ravagé le centre commercial Central World de Bangkok le 19 mai 2010 ont été acquittés au bénéfice du doute, rapportait lundi la presse locale.
Les témoins cités par l'accusation n'ont donc pas convaincu la Cour criminelle du sud de Bangkok. Les policiers qui ont procédé aux arrestations ne se sont pas présentés à l'audience et personne n'a vraiment vu les deux hommes mettre le feu. Après avoir passé près de trois ans derrière les barreaux, les deux sympathisants du mouvement des chemises rouges Saichon Paeba et Pinit Chanarong retrouvent la liberté puisque leur détention couvre largement les 9 mois de prison dont ils avaient écopé pour avoir violé le décret d'état d'urgence imposé par les autorités alors que les manifestations paralysaient le centre de la capitale thaïlandaise depuis des mois. Le mouvement des rouges réclamait des élections immédiates en accusant le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva d'être parvenu au pouvoir à la suite de négociations d'alcôves et de décisions judiciaires controversées qui avaient écarté les alliés de l'ex premier ministre Thaksin Shinawatra. La répression conduite par l'armée s'était soldée par la mort de 90 personnes et près de 1900 blessés tandis que le centre commercial fétiche du quartier Ratchaprasong avait été finalement ravagé par les flammes dans la nuit du 19 au 20 mai 2010 (notre article du 20 mai 2010).
"Ce verdict prouve que les militants chemises rouges n'ont pas brulé Central World", a déclaré avec emphase l'un des chefs de file du mouvement Wen Tojirakarn. Pour le mouvement des chemises rouges lié au parti gouvernemental Puea Thaï, ce verdict sonne comme une réplique cinglante à la récente campagne pour l'élection du gouverneur de Bangkok durant laquelle les soutiens au candidat démocrate Sukhumband Paribatra n'avaient pas hésité à dénoncer “un parti qui avait mis le pays à feu et à sang” (Notre article du 13 mars 2013). En décembre 2012 deux adolescents également suspectés dans l'incendie de Central World avaient déjà été acquittés. Et fin février 2013 un tribunal civil a ordonné à la compagnie d'assurance Deves de payer 3.7 milliards de bahts (près de 100 millions d'euros) aux propriétaires du centre commercial. Le magistrat avait expliqué que l'incendie ne pouvait être considéré comme un acte de terrorisme. Si “la piste terroriste” défendue par Deves avait été retenue, celle-ci n'aurait eu à payer aucune compensation au Central World, car ce motif n'était pas couvert par la police d'assurance (Notre article du 4 mars 2013). Fort prisés par les habitants de la capitale, Central World et sa précédente incarnation commerciale Central Word Plaza n'en sont pas moins poursuivis par une réputation de mauvais sort. Bâtis sur le site d'un ancien palais, ces bâtiments ont aussi le tort de surplomber ceux du temple Pathum Wanaram voisin.
E.D. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 27 mars 2013