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Des psys francophones en Thaïlande pour aider face à la crise Covid-19

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Reuters
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 2 avril 2020, mis à jour le 3 avril 2020

Sur la durée, les mesures de confinement peuvent affecter la santé mentale. Pour y faire face, il faut pouvoir se préparer dans un premier temps et si nécessaire, se faire accompagner. 

Voilà plusieurs semaines que la pandémie de Covid-19 amène les uns après les autres des gouvernements du monde entier à imposer des restrictions sur le mouvement des personnes pour limiter le nombre de malades afin qu’il ne dépasse pas la capacité de réponse des systèmes de santé. 

A ce jour, la Thaïlande n’a pas encore imposé de confinement obligatoire comme c’est le cas en France. Néanmoins, une bonne partie de la population des grandes villes vit relativement confinée, les rues sont quasiment vides, nombres de magasins sont fermés et chaque jour de nouvelles mesures restrictives sont prises ici et là dans le royaume ce qui tend à nourrir l’incertitude sur la durée de la crise. 

Là-dessus, le coronavirus occupe toutes les discussions, dans les foyers, les entreprises, les ministères, sur les médias et les réseaux sociaux. Un tel climat anxiogène a de quoi affecter à terme la santé psychique de tout un chacun. Et pour les expatriés, encore plus pour les touristes coincés dans le royaume par les interdictions de voyages, s’ajoute l’éloignement du pays d’origine. 

Pour les personnes qui recherchent un soutien psychologique, les hôpitaux habituellement fréquentés par les expatriés comme le Samitivej, Burumgrad, ou encore BNH Hospital, disposent de services psychiatriques avec des professionnels disponibles sur rendez-vous et en fonction de l’évolution de la pandémie en Thaïlande, certains parlent même de mettre en place une cellule de crise. Et la communauté francophone de Thaïlande a la chance d’avoir en son sein au moins quatre psychologues parlant français, trois à Bangkok et une à Phuket.

“Là, nous sommes encore dans la phase purement médicale. Si les mesures se durcissent et si le confinement se prolonge, il faudra activer notre cellule de crise pour s’occuper de l’aspect psychologique” explique Jean-François Botermans, psychologue clinicien qui travaille au  Bumrungrad International. "Nous avons d’ailleurs tourné ce matin une émission vidéo sur la question des aspects psychologique durant une crise comme celle-ci”, dit-il.

Selon le spécialiste belge, ce n’est pas tellement lors des crises que les gens consultent, mais plutôt après. “Pour le moment, les gens sont vigilants, ils sont dans une position de défense psychologique par rapport à ce qui arrive, ils s’adaptent et cette adaptation peut même énergiser. Mais si cela dure trop longtemps, on épuise ses forces et c’est là que l’on paye sur le plan de la santé mentale”, souligne Jean-François Botermans qui s’attend à avoir davantage de demandes de consultation deux mois après la fin de la crise. 

“En Thaïlande, même si le confinement n’est pas encore obligatoire, les gens s’isolent. Nous sommes dans la phase d’adaptation. Notre santé mentale c’est comme un système immunitaire, mais psychique, et même dans une situation traumatique, il s’adapte, il faut lui faire confiance”, explique la psychothérapeute Catherine Barbier qui vit à Bangkok depuis plusieurs années. “Il faut être vigilant aux signes comportementaux, physiques et émotionnels. Si vous ne dormez pas bien, ou que vous avez un peu mal au ventre ou si vous avez envie de boire un verre de temps en temps, il ne faut pas s'inquiéter", rassure-t-elle. "Par contre l’accumulation de signes ou s’ils perdurent dans la durée, il faut être vigilant”.

Pour éviter d’épuiser ses ressources et se préserver, les deux psychologues recommandent : de limiter le temps passé sur les réseaux sociaux et sur les sites d’informations, d’être à l’écoute de nos émotions et de les partager, de faire une activité physique ou des activités qui font du plaisir, d’avoir un rythme ou une routine, de prévoir des moments seuls et d’autres en famille, de ne pas toujours être en interactions avec les autres et de ne pas culpabiliser. 

“C’est important pour les parents, qu’ils travaillent ou non, de ne pas se mettre des objectifs trop compliqués, il y a un moment on fait ce qu’on peut”, explique Catherine Barbier. 

La psychothérapeute pointe les adolescents comme dans les personnes un peu plus à risque dans cette période de confinement et de distanciation sociale : “A cet âge-là, ils ont besoin d’être en dehors de chez eux, avec leurs amis… si l’enfant avait déjà des problèmes de motivations, de concentrations ou autre, ceux-ci peuvent s’accentuer. Lors de mes consultations pour le moment, je sens que je dois être très présente avec mes patients adolescents pour les aider à vivre cela”, dit-elle. 

Selon le psychologue Jean-François Botermans les personnes plus susceptibles de développer des troubles sont celles qui sont par nature anxieuses ou les personnes isolées qui n’ont pas de soutien social. 

En tant qu’expatrié, le contexte peut faire prendre conscience de l’éloignement géographique qui peut être amplifié pour ceux qui auraient aimé rentrer. “Pour les expats, il y a une capacité d’adaptation qui fait que l’on a déjà mis en place une continuité dans les liens avec la famille que ce soit par téléphone ou Skype. Il y a aussi un plus grand naturel à oser consulter un médecin en ligne, ce qui est plus compliqué pour nos collègues en France. Il est important que les gens réalisent que cette crise aura une fin”, conclut Catherine Barbier. 

Psychologues francophones en Thaïlande

Catherine Barbier : catbarbier@hotmail.com
Ludmilla Sauvage: ludmillafoysauvage@gmail.com
Dya Touffier : dya.touffier@gmail.com 
Jean-François Botermans : http://www.psiadmin.com/

Voir aussi les communiqués quotidiens du Département thaïlandais de Contrôle des Maladies sur le COVID-19 

Et aussi sur le site de l'ambassade de France:

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