Appliquant l’adage chinois "dans chaque crise, il y a une opportunité", le plus grand distributeur thaïlandais, Central Retail Corporation Pcl (CRC), envisage d'augmenter ses ventes domestique en ligne ainsi que ses activités au Vietnam, alors que l'épidémie de coronavirus ralentit la croissance économique dans le royaume, a déclaré son directeur jeudi.
Les actions de CRC, qui ont été mises sur le marché le 20 février dans le cadre de la plus grande introduction en bourse (IPO) du pays (78,1 milliards de bahts levés), s'échangeaient à 22% en dessous de son prix d'introduction en bourse, contre une baisse de 8% de l'indice de référence.
"Nous sommes entrés dans ce qui s'apparente à un parfait désastre... mais (cela) peut être une parfaite opportunité", a déclaré à Reuters le directeur général Yol Phokasub, faisant référence à l'épidémie de Covid-19, la sécheresse historique qui touche le royaume et un projet de loi de finances publiques en retard de plusieurs mois.
La banque centrale thaïlandaise a prédit que le coronavirus pourrait ramener le taux de croissance sous les 2% cette année dans un contexte de fort ralentissement des exportations et du tourisme.
En 2019, le PIB thaïlandais a progressé de 2,4%
La Thaïlande a signalé 40 cas de virus et les habitants ont naturellement tendance à éviter les lieux publics comme les grands magasins et les cinémas.
"Ces facteurs génèrent de nouvelles habitudes chez les consommateurs", explique Yol Phokasub, qui s'attend à ce que le commerce électronique constitue 10% des ventes, contre 5% l'année dernière. Une évolution favorisée par les livraisons à la demande via un partenariat avec la start-up Grab.
En 2019, pas moins de 11 millions de Chinois ont visité la Thaïlande, représentant 28% des recettes touristiques du royaume. Mais le gouvernement s'attend à ce que ce nombre soit amputé de 2 millions cette année en raison de l'épidémie de coronavirus partie de Chine.
Si l'épidémie est contenue d'ici avril, le groupe CRC pourrait se redresser en raison de sa flexibilité, affirme son directeur. Mais si sa propagation se poursuit au-delà de juin, son impact sur la croissance serait bien plus important.
Central, qui possède des activités dans différents domaines (alimentation, mode, électronique, etc.), se dit également préoccupé par la façon dont les pays en dehors de la Chine gèrent l'épidémie.
"Le souci est s'il y a de la panique et que d'autres pays ne peuvent pas la contenir (...) nous devons planifier cela", dit-il.
Central Retail, détenu par la famille multimilliardaire Chirathivat, prévoit d’ouvrir au Vietnam entre 7 et 10 supermarchés GO! par an sur dix ans et transformer la chaîne en centre commercial.
"Au Vietnam, nous développons le secteur alimentaire pour accroître la fréquentation et aller au-delà des hypermarchés, et aussi proposer des produits de beauté, de mode et de l'espace aux locataires", explique Yol Phokasub.
Dans cinq ans, CRC prévoit de tirer 65% de son chiffre d'affaires de Thaïlande, 25% du Vietnam et le reste d’Italie, hors acquisitions, annonce-t-il.
Actuellement, la Thaïlande représente 75% des revenus, le Vietnam 17%.
Central est également en lice avec le groupe Charoen Pokphand (CP) du milliardaire Dhanin Chearavanont ainsi que le géant thaïlandais de la bière et de l’immobilier, TCC de Charoen Sirivadhanabhakdi, pour le rachat des activités asiatiques du géant Tesco évaluées à 9 milliards de dollars.
Le distributeur britannique a demandé aux candidats au rachat de ses activités en Asie de faire une offre ferme d'ici vendredi, selon Reuters citant des sources en lien direct avec la transaction.
Les activités asiatiques de Tesco comprennent quelque 2.000 supermarchés et commerce de proximité en Thaïlande, où le groupe britannique était l’un des principaux acteurs de la grande distribution, ainsi que 74 magasins en Malaisie.
Selon les sources citées par Reuters, même si les magnats voient les activités thaïlandaises de Tesco selon une vision à long terme, leurs offres devraient tenir compte de l'impact de l'épidémie de coronavirus, qui a freiné les perspectives de croissance à court terme pour le royaume.
Sur le plan régional, la Thaïlande est considérée comme l'une des économies les plus vulnérables à l'épidémie de virus en raison de sa forte dépendance vis-à-vis des touristes chinois et du commerce avec la Chine.