Alors que le vote parlementaire pour élire le nouveau Premier ministre est prévu mardi, un sondage NIDA révèle que deux tiers des Thaïlandais seraient opposés à la présence de militaires dans la coalition réunie par le parti Pheu Thai
Un sondage d'opinion réalisé sur deux jours auprès de 1.310 électeurs thaïlandais par l'Institut national d'administration du développement (NIDA), indique que 64% d’entre eux ne sont pas d'accord avec l’idée d’un "gouvernement spécial" de coalition qui comprendrait des groupes soutenus par l'armée comme le propose le parti Pheu Thai, arrivé deuxième aux élections législatives de mai.
Le sondage, dont les résultats ont été rendus publics dimanche, intervient à quelques jours d’une nouvelle séance de vote parlementaire pour élire le Premier ministre visant à mettre fin à l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis le scrutin législatif du 14 mai dernier.
Le parti sorti vainqueur des élections, Move Forward, a vu la candidature de son champion au poste de Premier ministre bloquée par le Parlement en juillet, après avoir échoué lors d’une première séance de vote, malgré le soutien d’une coalition de huit partis.
Cela a permis à son principal partenaire de coalition, le Pheu Thai, de jouer sa propre carte. Mais ce dernier, malgré sa promesse de ne pas s'allier avec l'establishment militaro-royaliste qui comprend les putschistes de 2014, a récemment invité des partis pro-militaires à entrer dans sa nouvelle coalition, au grand dam du Move Forward.
Le Move Forward a fait savoir qu’il ne soutiendrait pas son ancien partenaire de coalition, soulignant qu’à travers leur vote le 14 mai dernier, les Thaïlandais avaient clairement exprimé leur désir d'en finir avec la période militaro-royaliste.
Jusqu'ici, le Pheu Thai était perçu comme l'ennemi principal de l'establishment qui gravite autour du palais, alignant les victoires électorales depuis 2001. Les élites conservatrices ont d’ailleurs mis en œuvre toute leur influence et leur pouvoir au cours des deux dernières décennies pour écarter à plusieurs reprises le mouvement fondé par l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Mais le coup d’Etat de 2014 a engendré un nouveau mouvement d’opposition plus virulent encore vis-à-vis des traditionalistes, et qui est incarné sur la scène politique par le Move Forward.
Les deux partis anti-establishment, Move Forward en tête, ont rassemblé à eux seuls 66% des voix, le 14 mai, infligeant une humiliante défaite à ceux qui s’étaient imposés au pouvoir par un putsch neuf ans plus tôt.
Paetongtarn Shinawatra, l'une des principales candidates aux élections pour le Pheu Thai, a présenté des excusée dimanche car son parti n'a pas tenu sa promesse électorale de ne pas rejoindre les partis pro-militaires.
"Nous devons effectuer des ajustements pour que le pays continue de fonctionner", a-t-elle déclaré aux journalistes. "Bien entendu, il y a un prix à payer, c'est la critique du peuple. Nous l'acceptons humblement et nous nous excusons d'avoir suscité déception et tristesse."