Le président de la Chambre des représentants en Thaïlande, Wan Muhamad Noor Matha, a indiqué mercredi que le prochain vote parlementaire pour élire le futur Premier ministre aurait lieu le 22 août.
L’annonce intervient après que la Cour constitutionnelle a rejeté mercredi une pétition mettant en cause la constitutionnalité de la décision du Parlement, le 19 juillet dernier, d’empêcher Pita Limjaroenrat, le dirigeant du parti Move Forward, sorti vainqueur du scrutin législatif du 14 mai, de représenter sa candidature au poste de Premier ministre après une première tentative infructueuse.
Le processus d’élection du Premier ministre était suspendu depuis, en attendant la décision de la cour sur ladite pétition.
Peu après avoir pris connaissance de la décision, Pita Limjaroenrat a déclaré qu'il ne déposerait pas de nouvelle requête auprès de la cour car il estimait que cette affaire devait trouver une solution via le Parlement et non par un arbitrage de la justice, rapporte le Bangkok Post.
Un député du Move Foward, Rangsiman Rome, a d'ailleurs déclaré mercredi que son parti soumettrait une motion au Parlement, lui demandant de reconsidérer le fondement de sa décision de rejeter la candidature Pita Limjaroenrat.
Le président de la Chambre des représentants, Wan Muhamad Noor Matha, a déclaré aux journalistes qu'il allait demander à l'équipe juridique d'examiner dans le détail les arguments de la Cour et qu’il discuterait de la question avec les chefs de groupes parlementaires de la Chambre basse et du Sénat ce jeudi.
La Thaïlande, qui a procédé aux élections législatives il y a trois mois maintenant, se trouve dans une impasse politique dont l’issue la plus probable pourrait se traduire par un désaveu de la volonté du peuple thaïlandais dont une large majorité avait voté pour le camp opposé à l’establishment militaro-royaliste qui dirige le pays depuis neuf ans.
Ce dernier, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire, a rédigé une nouvelle Constitution en 2017 qui prévoit que 250 sénateurs nommés par des instances sous son contrôle participent au vote pour élire le Premier ministre aux côtés des 500 députés élus, soit un tiers du corps électoral sous influence.
Le résultat est que lors de la première séance de vote parlementaire, le 13 juillet, Pita Limjaroenrat, unique candidat au poste de Premier ministre, n’a pas réussi à se faire élire bien qu’ayant obtenu plus de la moitié des voix des députés élus par le peuple.
Il lui fallait au moins 375 voix au total, et il n’en a obtenu que 324. Seuls treize sénateurs avaient voté pour lui.
Le 19 juillet, date de la deuxième séance de vote pour lequel le champion du Move Forward devait se représenter, celui-ci a vu sa candidature invalidée par un vote parlementaire dont la majorité provenait des fameux sénateurs non élus.
Pita Limjaroenrat et son parti font par ailleurs l’objet de plaintes que la justice a accepté d’examiner.
Le Move Forward, parti soutenu par la jeunesse pour ses idées particulièrement progressistes, est perçu par les conservateurs comme la principale menace à l’ordre traditionnel établi en Thaïlande, notamment pour son désir d’ouvrir le débat sur la royauté, d’assouplir la loi de lèse-majesté, et de casser les monopoles.
Ces derniers jours, le parti Pheu Thai, principal partenaire de la coalition formée par le Move Forward au lendemain des élections, s'est rapproché des partis de l’establishment, enterrant la hache de guerre, pour obtenir le soutien de ce dernier lors du prochain vote au cours duquel le parti du clan Shinawatra devrait proposer son champion, l’homme d’affaires Sretta Thavisin.
Le Move Forward a fait savoir qu’il ne soutiendrait pas son ancien partenaire de coalition, soulignant qu’à travers leur vote le 14 mai dernier, les Thaïlandais avaient clairement exprimé leur désir d'en finir avec la période militaro-royaliste.