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L’ASEAN trouve un accord avec la junte sur la crise en Birmanie

Les dirigeants de l'Asean a l'issue de la premiere reunion sur la crise en BirmanieLes dirigeants de l'Asean a l'issue de la premiere reunion sur la crise en Birmanie
Courtoisie Laily Rachev/Palais présidentiel indonésien - Les leaders des pays membres de l'ASEAN ont trouvé un accord avec le chef de la junte militaire birmane pour mettre fin aux violences
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 25 avril 2021, mis à jour le 26 avril 2021

Les leaders des pays membres de l'association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) ont déclaré samedi avoir trouvé un accord avec le chef de la junte militaire birmane pour mettre fin à la répression violente qui a fait des centaines de morts parmi les manifestants civils.

"Cela va au-delà de nos attentes" a déclaré à la presse le Premier ministre de Malaisie Muhyiddin Yassin à l'issue d'une réunion de l'Asean à laquelle a participé le général birman Min Aung Hlaing qui n'a toutefois pas répondu explicitement à leurs appels pour cesser de tuer des manifestants.

"Nous avons essayé de ne pas trop l'accuser car nous nous fichons de savoir qui est à l'origine des heurts", a ajouté le Premier ministre malaisien. "Nous avons juste insisté pour dire que la violence devait cesser. Selon lui, ce sont les autres qui sont à l'origine des problèmes. Mais il a accepté le fait que la violence devait cesser."

Les membres de l'ASEAN souhaitaient que le général Min Aung Hlaing s'engage à maîtriser ses forces de l'ordre, qui ont, selon un organisme de surveillance, tué 745 personnes pour étouffer le mouvement de révolte populaire qui a émergé à la suite de son coup d'Etat contre le gouvernement élu d'Aung San Suu Kyi, le 1er février. Ils souhaitaient également que le général libère les prisonniers politiques.

"Il n'a pas rejeté ce que moi et de nombreux autres collègues avons mis en avant", a déclaré Muhyiddin Yassin.

Selon un communiqué de Brunei, qui assure actuellement la présidence tournante de l'ASEAN, un consensus en cinq points a été trouvé qui prévoit (1) de mettre fin aux violences, (2) d’ouvrir un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes, (3) de nommer un représentant de l'ASEAN pour faciliter le dialogue, (4) de l'envoyer en Birmanie, et enfin (5) d'accepter l'aide humanitaire. 

Le communiqué n'abordait en revanche pas la question des prisonniers politiques, bien que, selon la déclaration du président, la réunion "a entendu des appels" à leur libération.

"C’est une chose de le dire…"

"Il (Min Aung Hlaing) a dit qu'il nous avait entendus, qu'il prendrait en considération tous ces points qu’il a jugés très utiles", a dit le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, selon la chaîne de télévision Channel NewsAsia.

"Il n'était pas opposé à l'idée que l'ASEAN joue un rôle constructif, au principe que l'ASEAN envoie un représentant, ou encore au fait d'accepter l'aide humanitaire."

Mais le Premier ministre a précisé que cela pourrait prendre du temps, "car c'est une chose de dire que vous cesserez la violence, mais c'en est une autre de le faire réellement".

Les chefs d'etat et ministes des membres de l'ASEAN en reunion autour de la crise birmane
Les dirigeants de l'ASEAN se sont retrouvés à Jakarta en Indonésie, le 24 avril 2021 pour discuter de la crise en Birmanie. Photo courtoisie Laily Rachev/Palais présidentiel indonésien

Le général Min Aung Hlaing n'a pas fait de commentaire.

Un bulletin d'information nocturne régulier de la chaîne militaire Myawaddy TV a fait état de la participation du chef de la junte à la réunion et a déclaré que la Birmanie coopérerait étroitement avec l'ASEAN sur diverses questions, notamment "la transition politique en Birmanie et le processus qui sera mis en œuvre à l'avenir".

Rien sur les prisonniers politiques

Charles Santiago, chef du groupe des parlementaires de l'ASEAN pour les droits humains (APHR), a appelé à la libération des prisonniers politiques et à un calendrier pour mettre fin à la violence.

"La libération des prisonniers politiques est une condition indispensable pour que les violences s'arrêtent", a-t-il insisté, ajoutant que "l'ASEAN doit agir rapidement et fixer un calendrier clair pour que Min Aung Hlaing mette fin aux violences, ou qu’elle se tienne prête à lui demander des comptes".

Cette réunion de l'ASEAN constitue le premier effort international pour mettre fin à la crise qui affecte la Birmanie depuis le coup d'Etat.

La Birmanie fait partie des dix pays membres de l'ASEAN qui a pour usage de prendre des décisions uniquement sur la base d'un consensus et de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de ses membres.

Le gouvernement d'unité nationale, mouvement composé des parlementaires déchus de leur mandat, des chefs de file de la contestation contre le coup d'Etat et des représentants des minorités ethniques du pays, a déclaré qu'il accueillait favorablement le consensus de samedi et a estimé que la junte militaire devait être contrainte de tenir ses promesses.

"Nous attendons impatiemment de voir les actions fermes qu'entreprendra l'ASEAN à la suite de ces décisions et de voir notre démocratie restaurée", a dit le Dr. Sasa, porte-parole du mouvement.

Les chefs d'Etat de l'Indonésie, du Vietnam, de Singapour, de Malaisie, du Cambodge et de Brunei étaient présents à la réunion, en plus des ministres des affaires étrangères du Laos, de la Thaïlande et des Philippines.

Même si la politique de non-ingérence de l'ASEAN rend difficile la résolution de ce type de situations politiques litigieuses, les Nations Unies, la Chine et les Etats-Unis estiment que l'organisation régionale est la mieux placée pour négocier avec la junte militaire.

"Nous, le Conseil de sécurité de l'ONU, attendons impatiemment l'issue de la réunion sur la Birmanie, qui mérite une attention sérieuse et immédiate", a déclaré l'ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, sur Twitter.

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