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ELECTIONS - La plus jeune fille de Thaksin reprendrait le flambeau des Shinawatra

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copie d'écran - "Paetongtarn tipped as candidate for PM" titrait le Bangkok Post le 22 mars, annonçant la possible candidature de la plus jeune fille de Thaksin Shinawatra au poste de Premier ministre

Au jeu des 7 familles, Thaksin Shinawatra a plus d’un atout dans sa manche. Après son beau-frère et sa sœur, l’ex-Premier ministre pousse sa fille Paetongtarn dans l’arène politique thaïlandaise en vue des prochaines élections

La plus jeune fille de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra va vraisemblablement être nommée candidate au poste de Premier ministre sous la bannière du parti Pheu Thai lors des prochaines élections législatives attendues d’ici mars 2023, rapporte le Bangkok Post, citant des analystes politiques.

Après avoir été nommée en octobre dernier conseillère sur les questions de participation et d’innovation au sein du Pheu Thai, la jeune femme de 35 ans a été propulsée cheffe de la campagne "Famille Pheu Thai", lors d'une réunion du parti dimanche, à Udon Thani. 

Alors que le puissant parti, évincé du pouvoir en 2014 par l’actuel Premier ministre lors d’un coup d’Etat militaire, a vu certains de ses membres et alliés de coalition rejoindre le camp des putschistes au fil des dernières années, la campagne "Famille Pheu Thai" est destinée à rassembler de nouveau les forces vives et promouvoir l'unité au sein du parti en vue des élections législatives qui devrait avoir lieu d’ici un an.

Le parti du clan Shinawatra

Et aussi, bien entendu, à souligner une bonne fois pour toute, au cas où certains ne l’auraient pas compris, que Pheu Thai est synonyme de Shinawatra, c’est-à-dire que le parti appartient corps et âmes à Thaksin et sa famille.

Toujours selon le Bangkok Post, Paetongtarn Shinawatra s'est engagée dimanche à aider le parti à remporter une victoire écrasante aux élections et à former un gouvernement.

Le Pheu Thai est la réincarnation du parti Palang Prachachon qui a lui-même permis de ressusciter l’âme du Thai Rak Thai, premier parti créé par Thaksin Shinawatra et grâce auquel celui-ci a pu être élu deux fois Premier ministre, un record inégalé dans l’histoire politique troublée de la Thaïlande.

Le Thai Rak Thai et le Palang Prachachon ont tous deux été dissous par la Cour Constitutionnelle en 2007 et en 2008 respectivement.

Thaksin a quant à lui été évincé par un coup d’Etat militaire en 2006, avant d’être condamné par contumace en 2008 à une peine de prison pour conflit d’intérêts sur l’achat d’un terrain dans Bangkok. Depuis, il vit à l’étranger pour échapper à ce jugement qu’il considère comme un règlement de compte politique.

Mais cela ne l’empêche pas de continuer à influencer la vie politique du pays.

A chaque fois un peu plus près de Thaksin

Avant les élections de 2019, dénoncées comme frauduleuses par l’opposition et de nombreux observateurs, les partis de Thaksin ont systématiquement remporté haut la main les élections législatives auxquelles ils ont participé (2001, 2005, 2007, 2011). 

En 2008, après que le Premier ministre Samak Sundaravej, élu quelques mois plus tôt par une majorité absolue, avait été destitué par la Cour Constitutionnelle pour avoir continué de donner des cours de cuisine défrayés à la télévision, Thaksin l’avait fait remplacer par son beau-frère, Somchai Wongsawat. Lequel n’aura tenu que quelques semaines avant que la même Cour Constitutionnelle ne prononce la dissolution du parti Palang Prachachon pour une fraude électorale locale. 

Lors du rendez-vous électoral suivant, en 2011, c’est sa sœur, Yingluck Shinawatra, une femme d’affaires de 43 ans, qui s’était présentée contre toute attente, créant un précédent en devenant la première femme à gouverner le royaume. Elle sera évincée elle aussi par la Cour Constitutionnelle quelques jours avant que le chef de l’armée de l’époque, Prayuth Chan-O-Cha, ne renverse son gouvernement, le 22 mai 2014.

"On n'attire pas les mouches avec du vinaigre"

Alors que la scène politique a été prise d’assaut par la jeunesse ces dernières années, ce qui a notamment suscité l’émergence spectaculaire du parti anti-establishment Anakot Mai (Nouvel avenir) arrivé 3e aux élections avant d’être dissous lui aussi par la Cour Constitutionnelle, le parti Pheu Thai a manifestement besoin d'une figure jeune pour maintenir sa supériorité au sein du camp libéral, et il a besoin du nom Shinawatra pour rassurer son electorat traditionnel, qui se trouve principalement dans les provinces du Nord et du Nord-est.

Toutefois, Phichai Ratnatilaka Na Bhuket, expert en sciences politiques cité par le journal en langue anglaise, souligne que la notion de famille au sens dynastique du terme, ainsi que l’idée de concentration du pouvoir dans les mains d’un clan familial vont plutôt à contresens des idéaux de la jeunesse qui a manifesté courageusement en 2020 et 2021 pour dénoncer les archaïsmes de la Thaïlande et questionner le statut de la monarchie.

Si l'analyste estime malgré cela que le parti du clan Shinawatra a toutes ses chances pour gagner les prochaines élections, une majorité absolue est selon lui peu probable compte tenu du morcellement de l’échiquier électoral. Ce qui signifie qu'en cas de victoire, il lui faudra très probablement composer avec d'autres partis en vue de la composition d'un gouvernement et la nomination d'un ou une Premier ministre.

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