Alors que la Thaïlande vient enfin de nommer un Premier ministre dans un contexte de grande incertitude politique, l’économie du pays, déjà à la peine depuis le Covid, montre des signes de faiblesse
L’économie thaïlandaise a enregistré au deuxième trimestre 2023 un taux de croissance de 1,8 %, selon des chiffres rendus publics lundi. Une performance bien en dessous des prévisions qui tournaient autour de 3% et du résultat du trimestre précédent qui était de 2,6 %.
Sur l’ensemble du premier semestre 2023, la Thaïlande affiche une croissance économique de 2,2 %.
Ces résultats peu encourageants imputés en bonne part à la crise mondiale ont amené l’agence de planification économique thaïlandaise, le Conseil national de développement économique et social (NESDC) à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année à 2,5-3%, contre 2,7-3,7% estimés précédemment.
Dans un discours pré-enregistré et diffusé mercredi, le gouverneur de la Banque de Thaïlande (BoT), Sethaput Suthiwartnarueput, a avoué que "la situation n’était pas toute rose".
"Il y a un certain nombre de points faibles", a-t-il indiqué. "Les exportations ont été plus faibles que prévu, en grande partie en raison du ralentissement de la Chine. L’ensemble des recettes du tourisme sont également un peu plus faibles en raison de la fréquentation touristique chinoise inférieure aux prévisions."
Le secteur du tourisme, qui fait partie des principaux moteurs de croissance pour l'économie thaïlandaise, a été laminé par les mesures prises durant la crise du Covid. Si la demande a connu une nette reprise en 2022 après la levée des mesures sanitaires les plus rédhibitoires aux yeux les voyageurs, mais la fréquentation, devenue quasiment nulle en 2021, reste largement inférieure aux niveaux d'avant la pandémie.
La banque centrale a également souligné que le fort endettement des ménages thaïlandais et la hausse des taux d'intérêt avaient pesé sur la consommation intérieure.
Après cinq mois de gouvernance intérimaire en raison de la tenue des élections législatives en mai et d’un processus de nomination du nouveau gouvernement plus long que prévu, les acteurs économiques attendent avec impatience de voir le nouveau Premier ministre en action.
Élu mardi par le Parlement, le nouveau Premier ministre, Srettha Thavisin, et le gouvernement qu’il s’apprête à former devraient entrer pleinement en fonction fin septembre, selon le vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam, cité mercredi par la chaîne Thai PBS.
Mais le candidat du Pheu Thai, parti arrivé deuxième aux élections de mai, doit sa nomination au soutien des partis pro-militaires qui l’ont rejoint récemment pour former une coalition hétéroclite rassemblant des sensibilités politiques relativement diverses.
Et d’aucuns craignent que la présence ou ne serait-ce que l’influence des anciens putschistes dans le gouvernement ne bride les politiques économiques et sociales de la nouvelle administration. Or, si Srettha Thavisin, ex-PDG de Sansiri, deuxième plus grande entreprise immobilière du royaume, est reconnu pour ses compétences d’homme d’affaires, il n’en est pas moins un novice en politique.
Lors de la campagne électorale, le magnat de l'immobilier s'était engagé à relancer l'économie mise à mal par les mesures sanitaires prises lors de la pandémie. Il a notamment promis d’augmenter le revenu des ménages, de soutenir les PME, baisser le coût de l’énergie, et de réduire les inégalités exacerbées par neuf années de gouvernance militaire.
"La Thaïlande est à un moment crucial", a-t-il déclaré, mercredi dans sa première allocution depuis sa nomination. "Je suis convaincu que les quatre prochaines années seront des années de changement."
Parmi les défis qui l’attendent, figure le retard dans l’adoption et la mise à disposition du budget 2024 de 3.350 milliards de bahts (87,39 milliards d’euros). Selon le NESDC, le budget ne sera sans doute pas prêt avant avril 2024, alors que l’exercice fiscal 2024 démarre en octobre prochain.
Or, sans nouveau budget, les dépenses gouvernementales seront très limitées.