

Caustique, décapant, irrévérencieux, Ralf König est de retour avec Djinn, Djinn, l'histoire d'un mollah despotique transformé en génie de l'amour et enfermé dans une lampe pour traverser les siècles. Un conte jubilatoire qui ridiculise toutes les intolérances
Sous ces airs olé olé, le conte est audacieux et un grand éclat de rire salvateur emporte la mise (Photo Glénat)
Des premiers succès des Nouveaux mecs et de La capote qui tue, au plus récent prix du scénario à Angoulême pour Comme des lapins, le cercle des inconditionnels de Ralf König ne cesse de s'agrandir.
Inutile d'être homo et Allemand pour apprécier ses irrésistibles chroniques du milieu gay ou pour se sentir proche du couple mal assorti et attachant formé par Conrad et Paul. Les 5 tomes de leurs aventures sont d'ailleurs à présent réunis dans une intégrale.
Côté nouveauté, Le sortilège de Sa'âdât, le premier épisode de Djinn, Djinn vient de paraître. König semble d'abord y explorer de nouvelles voies et nous entraîne dans un orient de Mille et une nuits.
Là, un mollah aigre et tyrannique plonge la ville dans la pénitence, recouvre les femmes d'un voile épais, réprouve la musique, le plaisir et toutes ces sortes d'abominations. Pour lui apprendre la vie, un mage le transforme en éphèbe bien bâti, génie de l'amour, enfermé dans une théière et toujours prêt à donner de la volupté à son heureuse propriétaire. Voila un changement d'optique pour le moins radical.
Rire salvateur
Quelques siècles plus tard, Ralf König retrouve ses marques. L'antique récipient et son charmant habitant sont à Cologne et perturbent la vie de Dörte et de Manfred, son coloc homo. Il faut dire que le bel esclave s'avère capable de contenter tous les sexes.
Au programme de ces 176 pages de rigolades, la charge en règle contre l'intégrisme crétin et les peines à jouir de tous poils est émaillée d'observations incisives sur les déboires sentimentaux et les complications socio affectives de nos contemporains. C'est tout le talent de König que de mener tambour battant les farces les plus décapantes tout en campant des personnages authentiquement humains, sensibles et touchants, pas dupes de leurs obsessions et plein d'auto dérision.
Sous ces airs olé olé, le conte est audacieux et un grand éclat de rire salvateur emporte la mise. On en redemande.
Jean Marc Jacob (www.lepetitjournal.com) vendredi 2 mars 2007
Djinn,Djinn, T1, Le sortilège de Sa'âdât, Ralf König (Glénat) 176 pages, 9,99?
Conrad et Paul, l'intégrale, Ralf König (Glénat) 240 pages, 30?


































