Édition internationale

AUTOMOBILE - L'Etat va aider... mais sous conditions

François Fillon a annoncé le débloquement d'aides de l'ordre de 5 à 6 milliards d'euros pour le secteur automobile lors des Etats généraux organisés hier. Les constructeurs pressent le gouvernement de leur faciliter l'accès au crédit. En contrepartie, aucun licenciement n'est autorisé

Plus de 1.000 participants (constructeurs, hommes politiques, organisations syndicales, sous-traitants) se sont réunis hier à Bercy pour les Etats généraux de l'automobile. Ces derniers, organisés par le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel (photo AFP) à la demande de Nicolas Sarkozy, doivent déboucher fin février sur un grand plan de relance du secteur français.

Ce que veulent les constructeurs
Pour Renault et PSA Peugeot Citroën, la grande urgence concerne leur trésorerie vidée par la chute des ventes et le durcissement des conditions d'accès aux crédits (les taux sont actuellement à 8 ou 9%). Les deux firmes françaises ont un besoin urgent de liquidité pour financer l'amoncellement des stocks, lancer des projets de recherche et développement, et garantir des prêts à leurs particuliers. En France, 75% des voitures sont achetées à crédit. Les filiales Renault Crédit International (RCI) et PSA Finance estiment à 5 milliards le montant total des demandes de crédit de leur client pour 2009 et 3 milliards celui des demandes de leurs concessionnaires qui empruntent également. Le gouvernement va devoir mettre la pression sur les établissements financiers.
De plus, les constructeurs regrettent la baisse de compétitivité de 30% par rapport à leurs rivaux allemands. La France doit faire face à la concurrence venue des pays d'Europe de l'Est où sont produits des petits véhicules à moindre coût. Renault et PSA souhaitent un geste du gouvernement en matière de charges sociales ou de taxe professionnelle. Cette dernière est de 300 euros par modèle fabriqué. Enfin, une aide pour la production des véhicules propres est attendue notamment pour l'arrivée de voitures électriques.

Les contreparties exigées par Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy l'a annoncé, il ne laissera pas tomber les constructeurs automobiles français qui ont vu leurs ventes reculer en 2008 de 4,2% pour Renault et 4,9 pour Peugeot. Le secteur pèse 1% du PIB mais surtout emploie 10% de la population active nationale. Les aides du gouvernement d'un montant de 5 à 6 milliards ne devraient donc pas se faire attendre même si leur forme n'est pas encore définie (crédits bonifiés, garantie d'emprunts, obligations convertibles). En revanche, Nicolas Sarkozy les a déjà conditionnées au maintien des emplois en France. Aucune délocalisation ni aucune fermeture d'usine ne sera tolérée et les dividendes des actionnaires devront être revus à la baisse. Le respect par les constructeurs de la nouvelle loi sur les délais de paiement avec leurs fournisseurs est également demandé. Ce texte a été adopté pour alléger les pressions sur les sous-traitants. Luc Chatel n'a pas exclu l'hypothèse d'une montée de l'Etat dans le capital de Renault et Peugeot, une "monnaie d'échange"dixit le secrétaire d'Etat d'ores et déjà refusée par Christian Streiff, le PDG de PSA.
Yann Fernandez (www.lepetitjournal.com) mercredi 21 janvier 2009

A lire aussi
_ l'interview de Luc Chatel dans Le Figaro
_ l'interview de Christian Streiff dans Le Figaro
_ l'article du Point - Des états généraux pour sauver l'automobile


Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.