Se confiner dans son van est quasi mission impossible en Nouvelle-Zélande. Par peur de propagation du virus, presque tous les campings gratuits, les parcs nationaux ainsi que les toilettes et douches publiques ont été fermés. Mais alors quelles solutions restent-il aux backpackers qui voyagent en véhicules semi-autonomes, avec parfois aucun moyen de se laver ? Bien qu'une liste de logements provisoires, dans des hôtels ou des motels, ait été proposée par le gouvernement Néo-Zélandais, leurs tarifs restent beaucoup trop élevés pour ces voyageurs vivant souvent de petits boulots saisonniers, dans la cueillette de fruits et légumes ou dans des fermes ou pour de simples touristes venus passer quelques semaines seulement au pays du long nuage blanc.
Recherche désespérée d'un camping pour se confiner
Si quelques Top10 Holiday Park resteront ouverts pendant toute la période de confinement et proposent des prix réduits (entre 200 NZD et 250 NZD, soit entre 110 et 135 euros la semaine pour deux personnes), seuls les véhicules « fully self-contained » soit 100% autonomes sont acceptés, les sanitaires étant fermées. Pourtant, dans une circulaire envoyée par le gouvernement, il est précisé que les douches, toilettes, cuisines et laverie font partie des « espaces communs essentiels » et qu'ils peuvent rester ouvert tant qu'une hygiène stricte y est maintenue, en nettoyant par exemple systématiquement les lieux avant et après chaque utilisation.
D'autres camping eux, contrôlent les passeports et refusent les personnes arrivées dans le pays après le 16 mars, date à laquelle les 14 jours de confinement sont devenus obligatoires avant de pouvoir circuler librement, pourtant conscients de les laisser à la rue : « Je ne sais pas comment ils vont pouvoir se confiner de toute façon », a déclaré le manager du Camping Hangdog à un journaliste de Stuff. « Le problème avec ma clientèle, c'est qu'elle n'a pas les moyens de se loger dans les motels ».
pour se mettre en confinement et n'ont pas été remboursés par la compagnie de location.
Certains ont tout simplement décidé de fermer, comme c'est le cas du Top10 Holiday Park de la Golden Bay pour « éviter que les voyageurs à haut risque ne propagent la maladie dans la communauté » a déclaré la conseillère du district Celia Butler, dans un autre article du média néo-zélandais. Pourtant les personnes voyageant en camping-car, caravane ou en van sont, au contraire, celles restées le plus à l'écart des grandes villes et donc, des foyers d'infections.
Heureusement quelques camping sont restés ouverts pour les véhicule non-autonomes permettant aux voyageurs de pouvoir se laver en attendant que des solutions soient trouvées. « Il y a des vans, des tentes, des caravanes et des bungalow », témoigne Coralie, confinée avec une vingtaine d'autres campeurs à proximité de Wanaka. « On respecte super bien les règles, on garde les distances entre nous, on nettoie tout avant et après, les conditions doivent vraiment être respectées et elles le sont ».
Une opportunité lucrative pour les malhonnêtes
Depuis l'annonce du passage en alerte 4 et du confinement national par la première ministre Jacinda Ardern, le lundi 23 mars, les touristes sont montrés du doigt avec virulence sur les réseaux sociaux, traités comme les responsables de la transmission du virus, alors que la plupart sont arrivés dans le pays il y a plusieurs mois et n'ont eu que 48h pour trouvé une solution de repli. Aussi, une grande partie des conducteurs ont dû laisser leur véhicule au garage pour trouver un logement en dur, d'après un sondage lancé sur la page Facebook « Les Français en Nouvelle-Zélande ».
Mais celles et ceux qui ont dû louer un véhicule se retrouvent dans une situation financière très difficile, dans la mesure où ils ont dû payer un logement en plus de la location qui ne leur a pas été remboursée. « Escape Rental refuse de rembourser une partie de la location alors que nous sommes contraints de rendre le van plus tôt que prévu pour suivre les directives du gouvernement et nous confiner », s'indigne Anna, qui voyage avec deux amies. Même cas de figure pour Thomas qui a dû rendre son véhicule semi-autonome après seulement 10 jours de voyage : « Ils nous ont même proposé de dormir sur un parking de supermarché pendant un mois, sans eau courante, sans électricité et sans toilettes ! Pour notre part il s'agit d'une perte sèche de plus de 1000 euros, pour d'autres, parfois plus. Cette situation complique encore d'avantage la recherche d'un lieu de confinement ».
Pour trouver un lieu de confinement sans rentrée d'argent, certains se sont tournés vers des sites d'entraide comme HelpX ou Woofing, où des familles proposent un toit et des repas en échange de quelques heures de travail par jour. Mais là encore, par peur d'attraper le virus, les kiwis ont été bien moins nombreux qu'à l'ordinaire à ouvrir leurs portes à des étrangers.
Reste donc des chambres en Airbnb ou colocation, dont le prix des loyers a été gelé par la Première ministre suite à une augmentations soudaine au lendemain de l'annonce de la mise en quarantaine de tout le pays. Depuis, la plupart des loyers sont revenus à des prix décents, allant de 150 à 250NZD la semaine en moyenne.
Des élans de solidarité apparaissent
Par chance, tout le tableau n'est pas noir. Garés devant la piscine Moana à Dunedin, les occupants de quatre véhicules semi-autonomes devaient pouvoir accéder aux sanitaires du complexe avant qu'une nouvelle mesure ne change la donne. La ville les a immédiatement pris en charge : « Le matin même on nous a réparti dans des petits appartements », raconte Claire qui voyage avec son conjoint et leur bébé de 18 mois. « On paye une partie du loyer et le conseil municipal finance le reste. Ils ont vraiment été adorables et très compréhensifs. En plus les visas ont été prolongés et nous avons accès à la couverture médicale. Je trouve que nous sommes très bien pris en charge. »
Sur les réseaux sociaux, des groupes de soutien se sont rapidement créés comme « SOS un toit » ou « Entraide et solidarité Auckland » et ont permis à quelques français de trouver un logement. « Nous sommes hébergés par un couple de retraités à Auckland depuis mercredi [jour où le confinement est devenu obligatoire pour tout le monde ndlr] Nous sommes traités comme si nous faisions partie de la famille, c’est incroyable de voir autant de générosité. », s'étonne Marine, bloquée dans le pays avec son compagnon suite à l'annulation de deux de leurs vols. C'est grâce à un appel à l'aide lancé par ses parents sur Facebook qu'ils ont trouvé leurs hôtes. « On espère que l’État français trouvera vite une solution car nous nous sentons tout de même très mal à l’aise d’être si gracieusement accueillis ».
Espérons que davantage d'initiatives telles que celles-ci seront mises en place dans les prochains jours pour venir en aide aux nombreux backpackers qui n'ont trouvé que des solutions à court terme. Depuis le 23 mars, 5400 personnes ont signé une pétition pour qu'un rapatriement vers la France soit mis en place tandis qu'un ultime groupe Facebook intitulés « Français bloqués en NZ » compte à ce jour près de 700 membres.