Destination touristique pas excellence, la région des lacs du Sud recense 30 cas de Covid-19 à ce jour (le 31 mars) et a vu ses rues se vider comme partout ailleurs en Nouvelle-Zélande. Habituellement Queenstown et Wanaka regorgent de voyageurs en quête d'aventure, que ce soit pour dévaler ses pistes à VTT, se jeter d'un avion à 12 000 pieds ou partir en randonnée pendant plusieurs jours. Mais alors où sont passés tous ces touristes ? Et ont-ils trouvé un endroit où se loger pendant le confinement ?
Des campings presque vides
Bien que la plupart des campings soient restés ouverts, très peu de monde y a trouvé refuge car ils n'acceptent que les véhicules 100% autonomes. « Nous avons 35 personnes en ce moment, ce qui représente 1 à 2% de notre capacité d'accueil », témoigne, Glenn Tattersall, propriétaire du camping Lake Outlet à Wanaka. Même constat au Lakeview Holiday Park de Queenstown : « C'est très calme », confirme le manager. « Il y a beaucoup de monde qui cherchait et petit à petit les gens ont finit par trouvé un endroit où s'isoler ».
Par soucis de solidarité envers les voyageurs mais aussi pour maintenir un petit nombre d'entrées, la plupart des campings offrent un tarif réduit pour la période de confinement, entre 200 et 250 NZD en moyenne par semaine.
Coralie, elle, a trouvé encore moins cher : 450NZD pour le mois dans un camping proche de Wanaka. Cette belge de 33 ans est confinée avec vingtaine d'autres européens entre 25 et 35 ans. « On ne quitte pas le camping pour aller faire des courses, on se fait livrer pour que personne ne ramène le virus », raconte la bruxelloise pour qui « la vie est douce ici ». Sa journée est rythmée par des activités de groupe, allant du cours de cuisine au chant en passant par le Yoga, et chacun garde ses distances de sécurité « On respecte très bien les règles, on garde une bonne distance entre nous, on nettoie tout avant et après et on ne joue pas à des jeux ensemble » précise-t-elle.
Colocation : la meilleure option
Silvia elle aussi prend la situation du bon côté bien qu'elle aurait dû se retrouver « au sommet des montages ». « Bien sûr on aurait préféré suivre nos plans de voyage, mais nous profitons de cette magnifique maison que nous avons trouvé. Ça fait du bien d'avoir un endroit où se poser un peu après tant de semaines à barouder, on a le temps de faire des choses pour nous et avec les autres ». Originaire de Barcelone elle est en colocation à Queenstown avec deux couples, dont un d'Allemagne et un de Lettonie, et une française rencontrée deux mois plus tôt. « Nous passons nos journées à lire, cuisiner, écrire, regarder des films, jouer à des jeux de société, danser, appeler des amis ou à aller se promener aux alentours, toujours en suivant les instructions ! » assure la catalane.
Comme elle, une grande partie des backpackers ont dû trouver une chambre en colocation, en AirBnb, en HelpX ou en Woofing à la dernière minute, avec des personnes qu'ils ne connaissent pas. « On se doutait que le confinement allait arriver », témoigne Jézabel, également en colocation à Queenstown, où une amie lui a proposé de partager sa chambre pour 150 NZD la semaine. « Notre colocataire parle avec le voisin à travers la barrière du jardin. On joue le jeu pour que le confienement dure le moins longtemps ».
Le « confinement » paradoxal des backpackers
D'autres eux n'ont pas eu cette chance et se retrouvent coincés dans des backpackers avec des dizaines d'autres personnes. Difficile dans ces conditions de se créer une « bulle » avec peu de contact, d'autant plus lorsque des chambres regroupent jusqu'à huit lits et que les espaces sont partagés. Aussi, ce dimanche, des résidents du Art Deco Backpacker se sont réunis dans la cours de l'auberge pour « boire des verres et profiter du soleil » comme à leur habitude, « débordant légèrement sur le parc adjacent » s'est justifié le manager, suite à un article accusateur du New Zealand Herald titrant « une fête de 60 backpackers dans un parc de la ville ».
Devenu véritable scandale d'État, le rassemblement a éveillé les instincts primaires de certains internautes, appelant parfois même à la déportation. Or aucune personne extérieure à l'auberge n'était présente et les résidents, dont plusieurs y habitent depuis plusieurs mois, ne pensaient pas mal faire, puisqu'ils étaient « chez eux », comme on peut le voir sur la vidéo du même article.
Malgré cette promiscuité, les backpackers doivent aux aussi changer leurs habitudes et maintenir tant que possible « des distances physiques et un minimum de contacts dans les salles communes », comme l'explique cette notice envoyé par le ministère aux établissements concernés par ces restrictions.
Aussi des agents municipaux se sont rendus à l'auberge pour « s'assurer que les hôtes et les gérants aient connaissance de ce qui était permis » ont rapporté la municipalité.
Considérés comme une « entreprise essentielle » par le gouvernement, les backpackers et hostels ont eu l'autorisation de rester ouvert afin que leurs résidents ne se retrouvent pas à la rue du jour au lendemain.
Depuis cet incident, les auberges de jeunesse ont coupé le contact avec l'extérieur et ont refusé de nous transmettre des informations. Il est donc impossible d'évaluer le nombre de voyageurs y résidant et les conditions dans lesquelles ils vivent. Une chose est certaine, plus aucun de ces établissements n'acceptent de nouveaux arrivants afin de « préserver la bulle », comme l'a expliqué la manager du Base X à Wanaka, où une soixantaine de voyageurs ont trouvé refuge. Dans cette ville comme à Queenstown, hormis les YHA (Association des Auberges de Jeunesse) la plupart des backpackers sont restés ouverts pour permettre aux voyageurs de se confiner.