Édition internationale

ART - Les belles courbes de Gustave Courbet

Les toiles les plus remarquables de Courbet, venues du monde entier, sont regroupées au Grand Palais. Un bonheur rare puisqu'en France la dernière rétrospective du genre remontait à 1977

Le Désespéré, 1843-45 (courtoisie de Conseil Investissement Art BNP Paribas, photo Michel Nguyen)
De Courbet on connaît surtout L'origine du Monde. Ce fameux tableau représentant un sexe féminin a été beaucoup reproduit depuis son entrée au musée d'Orsay en 1995, après avoir été très discrètement exposé chez un diplomate turco-égyptien, son commanditaire. Il avait ensuite filé chez un baron hongrois et enfin chez le célèbre psychanalyste Jacques Lacan ? c'est d'ailleurs dans le cadre de sa succession que le tableau est devenu propriété de l'Etat. Si l'?uvre figure en bonne place, elle n'est pas la plus étonnante parmi les 120 toiles présentées dans cette exposition. Ainsi, peut-on admirer Les baigneuses, venu du musée Fabre de Montpellier : deux corps de femmes dodues, sans l'ombre d'une idéalisation, ou La femme au perroquet, un nu complexe, ambitieux et lyrique, prêté par le Metropolitan Museum de New York.
Mais c'est Courbet lui-même qui est révélé dans ce parcours, grâce aux multiples portraits de l'artiste par lui-même, comme le très rare Desespéré, et plus encore dans ses paysages ou ses natures mortes, une autre manière de décliner l'autoportrait.

De "la trouvaille du siècle"aux truites agonisantes
Le peintre, né à Ornans en 1819, épicurien et mélancolique, est en effet resté très attaché à sa terre et à ses racines. Ses forêts, ses séries de sources ou de vagues sont autant de façons de distiller ses états d'âme : La Vague, exposée à Berlin, fut considérée par Cézanne comme "la trouvaille du siècle". Et c'est encore lui que l'on retrouve dans ces pommes piquées et imparfaites peintes à la prison Sainte-Pélagie, où l'a conduit sa participation à la Commune en 1871, comme dans ces truites agonisantes exécutées à la fin de sa vie. Il est mort, exilé en 1877, ruiné par son action politique.
Pourtant il laisse aussi d'innombrables scènes de chasse, qui avaient fait sa fortune, fidèles à son parti pris paradoxal, "l'allégorie du réel": minutie dans la représentation, mais petits arrangements avec la réalité. Ainsi dans son Rut du printemps, les spécialistes de la cynégétique savent qu'il n'y a pas de rut en cette saison?
"Faire de l'art vivant, tel est mon but", voulait ce Franc-comtois, qui a su croquer la vie quotidienne et les gens simples avec tous les fastes de la peinture académique.
Nicole GEX. (www.lepetitjournal.com) mardi 13 novembre 2007

Gustave Courbet
Galeries nationales du Grand Palais ? Métro Champs-Elysées-Clemenceau
Jusqu'au 28 janvier 2008
Tous les jours sauf mardi de 10h à 22h ? jeudi 20h. Fermeture à 18h les 24 et 31 décembre.
Site Officiel
Présentation de l'exposition en février 2008 à New York et en mai 2008 au musée Fabre de Montpellier.
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