

Un imaginaire àla Kirikou (Photo : RMN)
Beaucoup de malentendus et de légendes, parfois sciemment entretenues, tournent autour du Douanier Rousseau. Il faut dire qu'il s'agissait d'un personnage plutôt atypique dans le milieu artistique de la fin du XIXe, début XXe.
Autodidacte, peintre du dimanche et petit employéde l'Octroi de Paris, chargéde percevoir des taxes, il était aussi un exposant fidèle du Salon des Indépendants et du Salon d'Automne.
Pourtant, ses ?uvres y ont, au fil des années, déclenchéplus d'hilaritéque d'émerveillement.
Lui qui admirait les peintres les plus académiques, a tout de même connu, peu avant sa mort, une certaine reconnaissance, grâce àdes novateurs comme Jarry, Apollinaire ou Robert et Sonia Delaunay.
Des jungles de la ville
Ce sont 12 Jungles, peintes entre 1891 et 1910 et présentées au Grand Palais jusqu'au 19 juin, qui assurent au Douanier la postérité. Elles ont rejoint notre musée mental et vivent encore aujourd'hui, en inspirant, par exemple, le décor de Kirikou. Mais derrière leur aspect paradisiaque se jouent mille fantasmes et mille inquiétudes. Avec leurs tons juxtaposés, leur feuilletage de plans àl'impossible profondeur et la démesure de leurs échelles végétales, elles sont le lieu de l'imaginaire même, du mystère et de la prédation.
Contrairement àce qu'il a lui-même laissécroire, elles ne doivent rien au voyage. Henri Rousseau n'a en effet quasiment jamais quittéla capitale. Elles sont le fruit de rêveries et d'extrapolations, de lectures exotiques, de cartes postales et de la fréquentation assidue du Jardin des plantes et du Museum d'Histoire Naturelle.
A l'heure de la compilation, du sample et de la profusion d'images éternellement retraitées, ne peut-on pas voir dans le travail de recyclage libre et spontanédu Douanier un véritable signe de modernité ?
Jean Marc JACOB. (LPJ) 29 mars 2006
Le Douanier Rousseau ? Jungles àParis
Galeries Nationales du Grand Palais
75008 Paris
Jusqu'au 19 Juin
Sur le site de la RMN