Édition internationale

Mort d’un milicien : une photo qui fige l’histoire d’un peuple en lutte

Robert Capa est considéré par beaucoup comme le père du photo-journalisme, et s’il est aujourd’hui parmi les noms incontournables de ce corps de métier, c’est en Espagne qu’il s’est fait un nom, en couvrant la guerre civile.

Robert CapaRobert Capa
Mort d’un milicien,Robert Capa (©CappaRobert)
Écrit par Arthur Venot
Publié le 10 décembre 2025

Robert Capa va rompre avec les codes 

Robert Capa, de son vrai nom Endre Ernö Friedmann, est un immigré hongrois travaillant en France pour l’hebdomadaire français Vu, parmi les premières publications à faire la part belle à l’image. En 1936, sous le conseil de sa compagne Gerda Taro (photo-journaliste également, injustement mise de côté par l’histoire), il prend le nom de Robert Capa pour vendre plus facilement ses photos, et part couvrir la guerre civile espagnole.

Robert Capa
Le 22 octobre 1913, à Budapest, né Robert Capa @IveserVenezia

Il fait partie de ceux qui rompent avec les codes vieux-jeu de la prise de vue, sacrifiant au besoin la netteté pour souligner le mouvement, et privilégier l’instantanéité et la proximité avec ses sujets. Il saura bien vite imposer son style dans le paysage médiatique de l’époque, et l’un des clichés qu’il a produit durant la guerre civile d’Espagne va du même coup apporter célébrité à son auteur et mettre le drame espagnol sur le devant de la scène.

Cette photo, elle a été publiée le 23 septembre dans le magazine Vu, aux côtés d’autres clichés de Monsieur Capa. C’est pourtant celui-ci qui aura su traverser les âges : le milicien encore debout, stoppé net semble-t-il par une balle ennemie, est en train de s’écrouler au sol. L’image arrête le temps sur place, l’instant de la mort y est figé. Cette photographie devient alors un symbole de la lutte des républicains espagnols contre le franquisme, de leur détermination allant jusqu’au sacrifice de leur propre vie pour leurs convictions.

Une image immortelle et des questions

Seulement, ce n’est pas via cette première publication que l’image devient immortelle : reprise par de nombreuses publications à l’international, elle sera publiée dans Life le 12 Juillet 1937. Mis à part le caractère symbolique de la photo, qui est indéniable, il est important de noter également que cette dernière a été au centre de plusieurs polémiques dans les années 70 et plus récemment au début des années 2000 : cette photo, bien qu’un symbole véritable d’une lutte historique, serait peut-être une mise en scène. Parmi les points permettant le doute, le lieu indiqué de la prise de la photographie.
Premièrement indiqué comme Cerro Muriano, un lieu dans la province de Cordoue, mais qui ne ressemblerait pas à celui visible en arrière plan. Le quotidien barcelonais El Periodico (https://www.elperiodico.com/es/) aurait identifié en 2009 le lieu de la photo comme étant Espejo, quelque cinquante kilomètres plus au Sud. Un autre problème apparaît alors : la date. La bataille d’Espejo ayant eu lieu le 22 septembre, il ne serait donc pas possible que cette photo ait été prise au début du mois.

 

Mise en scène ou non, cette photographie a eu un impact indéniable sur la vision du conflit Espagnol à l’international, et sur le photo-journalisme. En effet, bien que certains doutes persistent autour de l’histoire de ce cliché, deux choses restent sûres : son statut intemporel de symbole de la lutte espagnole contre le franquisme, et la prise de la photo en Andalousie. 
 


Salle Picasso, au CÍRCULO DE BELLAS ARTES de Madrid, l'exposition ROBERT CAPA. ICONS visible jusqu’au 25 janvier 2026, rassemble plus de 250 pièces originales, parmi lesquelles des photographies d'époque, des publications historiques et des objets personnels, provenant des archives de la prestigieuse agence Magnum Photos.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos