Édition internationale

RETROSPECTIVE ROBERT CAPA – Quand les photos vont droit au cœur

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 avril 2013

La rétrospective Robert Capa proposée par le Palazzo Reale jusqu'au 14 juillet 2013 est une occasion unique de se replonger dans les origines du photojournalisme et de prendre en plein c?ur la force d'une photo à une époque où l'on consomme beaucoup d'images? La guerre et l'expérience de la guerre ont été au centre du travail de Robert Capa. Il a en effet couvert cinq conflits en un peu plus de vingt ans. Et c'est le parcours de ce photographe itinérant, ce XXe siècle qui bascule, que l'on suit à travers 97 clichés en noir et blanc

"Ce n'est pas toujours facile de se tenir à l'écart de l'action et d'être incapable de faire la moindre chose sauf d'enregistrer la souffrance autour de soi."

Débarquement des troupes américaines à Omaha Beach, Normandie, France,  6 juin 1944 (© Robert Capa / International Center of Photography / Magnum Photos)

C'est bien la guerre que Robert Capa, ayant perçu l'importance de l'image pour témoigner de l'actualité, photographie en refusant de la banaliser ; il cherche à capter la douleur des autres en donnant finalement une vision  humaine de l'horreur : une mère qui tient la main de son enfant et qui regarde en l'air dans la crainte du prochain bombardement, le regard d'un père qui porte sa fille blessée ou encore des prêtres célébrant un office dans une église ravagée? C'est un regard nouveau, des instants éphémères saisis pour témoigner ; plus que des batailles, Capa raconte la guerre à travers le regard de ses acteurs, civils en particulier. Et forcément, il faut être au milieu des combats,  ce qui fera dire à Robert Capa : "Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près." Cela explique sans doute que des photos soient parfois un peu floues, insuffisamment cadrées? On n'ose imaginer l?engagement du photo-reporter plongé au c?ur des combats. Il suivra les troupes des forces alliées en Tunisie, remontera l'Italie depuis la Sicile et sera le seul photographe présent sur Omaha Beach en juin 1944 : les deux photos du débarquement exposées sont d'ailleurs incroyables?

La joie de la paix
Robert Capa déclarait après 1945 : "J'espère rester au chômage en tant que photographe de guerre jusqu'à la fin de ma vie." Et autant il aura su capter des regards et des sentiments dans les conflits qu'il aura traversés, autant il saura s'emparer de la joie de la paix comme en témoignent les photos réalisées lors de la Libération mais aussi les clichés de personnages connus : une sensuelle Ingrid Bergman dans Notorious (Les enchaînés), une superbe photo de Gary Cooper en pleine nature ou encore ses amis Picasso (photo facétieuse avec le parasol), Matisse, Hemingway?

Retour sur un parcours hors du commun : de Friedman  à Capa
Né en Hongrie en 1913, Robert Capa (de son vrai nom Endre Ern? Friedmann) fuit son pays natal à 17 ans pour avoir participé à des activités hostiles au régime autoritaire de l'amiral Horthy. Il s'installe à Berlin avec sa famille et fait ses premiers pas dans le photojournalisme avec un reportage sur Léon Trotski en 1932 à Copenhague. Avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933, Robert Capa, de confession juive, fuit l'Allemagne et immigre d'abord à Vienne puis à Paris où il fera des rencontres déterminantes dans le Paris fourmillant de l'entre-deux guerres : Henri Cartier-Bresson, David Seymour (avec qui il fondera l'agence Magnum quelques années plus tard, en 1947) mais aussi Gerda Taro dont il tombera amoureux.

Femme portant ses bagages, accompagnée par un enfant, Haifa, Israël, 1949-50 (© Robert Capa / International Center of Photography / Magnum Photos)

Ils travailleront ensemble et c'est elle qui l'incitera à utiliser un pseudonyme et qui forgera la légende de ce photographe américain, riche, chic, mondain pour mieux vendre ses photos : Robert Capa est né en 1934 (en référence à Frank Capra ; "cápa" signifie aussi requin en hongrois). 1936, Capa part couvrir la guerre d'Espagne et le cliché "mort d'un soldat républicain" lui vaudra une renommée internationale. A 25 ans, il est proclamé "meilleur photo reporter de guerre du monde" par le magazine Picture Post. Par la suite, il couvrira la Seconde Guerre sino-japonaise pour le magazine Life (1938) ; avec la montée du fascisme en Europe, il immigrera aux Etats-Unis en 1939. Capa photographie la Seconde Guerre mondiale, le premier conflit israélo-arabe (1948) et finalement la guerre d'Indochine. C'est là qu'il meurt en marchant sur une mine en 1953? De lui nous restent des photographies qui ont marqué à jamais l'imaginaire collectif?
Françoise Jovenet (www.lepetitjournal.com/Turin) vendredi 5 avril

ROBERT CAPA ? RETROSPETTIVA
Du 15 mars au 14 juillet 2013
Au Palazzo Reale ? Turin
Du mardi au dimanche, 9h30 à18h30
Entrée : 8? tarif plein - 5? tarif réduit ? gratuit pour les enfants de moins de 12 ans, carte Musée?

MAGNUM

Magnum Photos est une coopérative photographique créée en 1947 par Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger, William Vandivert et David Seymour pour permettre aux photographes de garder tous les droits sur les photos qu'ils ont prises. Jusque-là,  les agences achetaient les photos, les photographes perdaient tous leurs droits. Il y a actuellement une cinquantaine de membres (statut obtenu après 2 ans de période d'essai).

Publié le 5 avril 2013, mis à jour le 4 avril 2013
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