La 19ème édition du Festival du film européen de Séville s’est tenue du 4 au 12 novembre 2022. Entre films d’animation, documentaires ou encore films expérimentaux, les jeunes réalisateurs andalous et espagnols côtoient les grands noms du cinéma européen. Retour sur le film français “Saint-Omer”, d’Alice Diop, qui a conquis le jury.
C’est quoi, le Festival du film européen ?
La raison d’être de ce Festival du film européen, qui se tient à Séville tous les ans, c’est de promouvoir et de donner de la visibilité au cinéma européen, en proposant sur plusieurs jours la projection de films. Neuf jours durant lesquels sont réunis critiques, journalistes, cinéastes et public, un projet lancé au début des années 2000 par l’Institut de la Culture et des Arts de la ville, et soutenu par le gouvernement espagnol et l’Union Européenne.
L’une des spécificités de cet événement est la proximité des intervenants avec le public. Des activités s’étendant au-delà de la projection des films en eux-mêmes garantissent la rencontre de la ville et du festival, avec des séminaires, des rencontres avec les réalisateurs, des expositions ou encore des concerts.
Et la jeunesse est, elle aussi, incluse, par l’intermédiaire du cinéma d’animation notamment mais aussi par l’invitation de plusieurs collèges au visionnage de films.
Le film français Saint-Omer couronné du “Giraldillo de Oro”
La cinéaste française Alice Diop s’était déjà distinguée avec son documentaire “Nous”, qui lui avait valu le prix du meilleur film de la section Encounters à la Berlinale 2021. Elle revient avec Saint-Omer, un long-métrage inspiré d’un fait divers qui avait secoué la commune du même nom en 2013 : une femme avait tué sa fillette de quinze mois avant d’abandonner le corps sur une plage du Pas-de-Calais.
Le jury de la section officielle, composé de Mounia Akl, Charles Tesson, Rocío Mesa, Laurentina Guidotti et Elisa Victoria, a justifié cette distinction par la justesse de l’interprétation des acteurs et la pertinence avec laquelle les thèmes sont abordés. Thèmes qui sont par ailleurs assez lourds, à la fois intimes et politiques : avec ce fait divers, ce sont les préjugés racistes qui perdurent dans la société française pourtant multiculturelle qui ressurgissent ; l’expérience de la maternité ; le rapport des citoyens ordinaires à la justice.
Un premier pas réussi dans l’univers du long-métrage, pour celle qui réalise des documentaires depuis vingt ans.
“Saint Omer" a également reçu le prix du meilleur scénario, signé par Diop, Amrita David et Marie Ndiaye, pour "le soin apporté à l'écriture des personnages et à l'expression orale comme manifestation visible et profonde de l'être humain".
Prix du montage remis à la française Rebecca Zlotowski
Pour sa part, "Los hijos de otros" (Les enfants des Autres), de la Française Rebecca Zlotowski, le film avec lequel le festival s'est ouvert le 4, a reçu le prix du meilleur montage, dont Géraldine Mangenot est responsable, pour un travail qui "donne une nouvelle vie au scénario et donne au film son véritable rythme et une autre dimension".
Julie Ledru, meilleure actrice
Pour le film Rodéo, de Lola Quivoron, Julie Ledru a reçu le prix d’interprétation féminine pour son interprètétation de Julia, alias “L’inconnue” déjà présentée à Cannes dans la sélection "Un certain regard". Rodéo, c’est l’histoire d'une jeune femme dans la galère qui s'est mise en mode "survie". Mordue de cross bitume, elle intègre un groupe de motards voyous et s’impose dans une atmosphère d’essence et de testostérone. Julie Ledru y incarne un personnage à la beauté brute et qui ne cherche surtout pas à plaire. Nombreux sont justement les regards à se braquer sur elle tant son jeu d'actrice est remarqué. Et pourtant, Julie Ledru n'est pas une pro : Rodéo est son premier film.
Des films francophones récompensés
Jean-Pierre et Luc Dardenne ont reçu le prix du meilleur film pour «Tori et Lokita» qui était déjà en compétition à Cannes. “Tori et Lokita” s'ouvre sur un long plan fixe, filmé avec une caméra épaule tremblotante et calculatrice, qui révèle la recherche d'une certaine vérité dans l'enregistrement des gestes d'une jeune migrante africaine.
Palmarès du 19e Festival de ciné européen de Séville
Meilleur film : "Saint Omer" (Alice Diop)
Grand Prix du Jury (ex aequo) : "Close" (Lukas Dhont) et "Fogo Fatuo" (Joao Pedro Rodrigues)
Meilleur réalisateur : Pietro Marcello ('Scarlet')
Meilleure actrice (ex aequo) : Julie Ledru ('Rodeo') et Zar Amir Ebrahimi ('Holy Spider')
Meilleur acteur : Eden Dambrine ('Close')
Meilleur scénario : "Saint Omer
Meilleure photographie : 'Matadero
Meilleur montage : 'Los hijos de otros' ('Los hijos de otros')
Meilleure réalisation d'un film espagnol : Carlos Pardo Ros pour "H".
Meilleur film (Histoires extraordinaires) : 'Blue jean' (Georgia Oakley)
Meilleur film (Panorama andalou) : "Como ardilla en el agua" (Mayte Gómez Molina et Mayte Molina Romero)
Meilleur film (The New Waves) : 'Aftersun' (Charlotte Wells)
Meilleur film (The New Waves - Non-fiction) : 'Viagem ao sol' (Ansgar Schaefer et Susana de Sousa Dias)
Meilleur film (Révolutions permanentes) : 'Afterwater' (Dane Komlijen)
Grand prix du public (sélection ALE) : 'Tori et Lokita' (Frères Dardenne)
Prix spécial (Nouvelles vagues) : 'A noiva' (Sérgio Tréfaut)
Prix Europa Junior : 'Las vacaciones de Yoko' (Juanjo Elordi)
Prix Cinéfilos del Futuro : 'Rodeo' (Lola Quivoron)
Prix Ocaña de la liberté : "Skin deep" (Alex Schaad)
Prix AAMMA Women in Focus : "Blue Jean" (Georgia Oakley)
Prix ASECAN du meilleur film (sélection officielle) : "Siete Jereles" (Pedro G Romero et Gonzalo García Pelayo)
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