Travailler en Algérie, le guide complet

 

Comprendre le marché de l’emploi en Algérie

Depuis l’indépendance en 1962, l’Algérie souhaite construire une société socialiste, basée sur une organisation économique à planification centrale et les importantes ressources en hydrocarbures. Si le marché de l’emploi semble stable dans les années 70, les années 80 sont marquées par une aggravation du chômage, en raison -entre autres- du baby-boom post indépendance mais aussi d’un secteur privé incapable de faire face à la demande de l’emploi et de l’affaiblissement de l’investissement public. Les réformes économiques deviennent indispensables. 

Dans les années 90, un plan d’ajustement structurel est mis en place, avec les organisations financières internationales. Le secteur privé bénéficie d’assouplissements, notamment fiscaux et douaniers. Par ailleurs, la législation du travail est modifiée en 1990 pour instaurer le pluralisme syndical et plus de flexibilité dans les conditions de travail et de salaires. Des mesures de protection sociale sont prises, comme l’assurance chômage ou encore la retraite anticipée. De grands programmes de promotion de l’emploi pour les jeunes sont mis en place. 

 

 

Mais la situation politique et sociale instable de l’Algérie met des bâtons dans les roues de l’économie. Entre 1990 et 1997, le chômage touche près de 20% de la population. En 2003, près de la moitié des chômeurs ont moins de 25 ans et près de 73 % moins de 30 ans. De plus, 63 % d’entre eux sont à la recherche d’un premier emploi. L’économie informelle prend alors de l’ampleur : en 2010, elle emploie 3,9 millions de personnes en 2010, soit 45,6 % de la main d’œuvre disponible dans le pays.

Aujourd’hui, le marché de l’emploi algérien est principalement caractérisé par un taux de chômage élevé et un grand nombre de jeunes diplômés qui ont du mal à trouver un emploi. La crise sanitaire a profondément impacté le pays, qui est déterminé à rebondir et rester la 4ème puissance économique en Afrique, avec un le PIB par habitant le plus élevé du Maghreb (4150 USD en 2022).

 

Quels secteurs recrutent en Algérie ? 

Les entreprises en Algérie peuvent proposer des postes à responsabilités aux étrangers. A noter toutefois que, selon la réglementation locale, les employeurs ne peuvent pas proposer un emploi à un ressortissant étranger si celui-ci à un niveau inférieur à celui de technicien.

Les secteurs à la recherche de talents étrangers sont surtout 

• Les hydrocarbures : Le gaz et le pétrole sont au cœur de l’économie de l’Algérie et représentent environ les deux tiers des recettes budgétaires du pays 
• La santé : les hôpitaux publics recherchent des talents médicaux 
• Le Bâtiment : le pays se développe et les projets de construction sont nombreux. 32% des entreprises de ce secteur déclarent en 2022 vouloir augmenter leurs effectifs.  
• Le tourisme : le secteur a été très touché par la crise sanitaire, reprend des couleurs 
• Les métiers de marketing et commerce : En 2022, une étude a montré que 37,4 % des entreprises en Algérie désirent renforcer leurs effectifs en agents commerciaux.

 

 

Qu’en est-il du recrutement des jeunes diplômés ?  Plus difficile… en 2022, 29 % des entreprises en Algérie déplorent un écart important entre les acquis académiques et les exigences du monde professionnel : les recruteurs estiment que les jeunes diplômés ne sont pas suffisamment préparés à aborder le marché du travail. 

 

 

Trouver un emploi en Algérie

Avant de commencer vos recherches, préparez votre CV : 

• Limitez-vous à l’essentiel tout en donnant envie à votre lecteur d’en savoir plus sur vous. Adaptez vos informations en fonction du poste visé. 
• Mettre un titre sur votre CV est important et bien perçu
• Soyez précis, surtout sur votre niveau de langues étrangères car cela peut faire la différence : savoir parler arabe est forcément bien perçu pour travailler dans une entreprise algérienne. De plus, la langue française est la langue étrangère la plus plébiscitée par les employeurs. 
• Mettre une photo est souvent un plus 

Pour rechercher un emploi, plusieurs outils sont possibles :

1. Les sites d’emplois spécialisés comme emploitic.com ou tawdif.com
2. Les cabinets internationaux de recrutement comme Michael Page Africa 
3. Les offres d’emplois proposées par la chambre de commerce et industrie algéro-française 
4. Les entreprises internationales établies sur le territoire, comme Danone, BNP, Renault, PSA, Alstom, Total… 
5. Le réseautage bien sûr, une méthode reconnue pour trouver du travail en Algérie. Sachez que plus de 32.000 Français vivent en Algérie selon le Registre consulaire (mais en réalité, c’est beaucoup plus). 
6. Les associations d’accueil sont un bon point d’entrée comme Alger Accueil 

 

 

 

Les conditions d’entrée en Algérie

L’entrée sur le territoire algérien est soumise à une obligation de visa, qui peut être obtenu au consulat algérien de son lieu de résidence. A noter que l’Algérie dispose de 18 consulats en France. Des exceptions existent comme les personnes originaires de Libye, de Malaisie, du Mali, du Maroc, des Seychelles, de Tunisie (…) ou les personnes titulaires de passeports diplomatiques Pour travailler en Algérie, l'obtention d'un visa de travail est indispensable : 

• Le visa d’affaires : La demande de visas d’affaires doit être appuyée d’une lettre de l’employeur (lettre de mission) ou d’une lettre d’invitation du partenaire en Algérie, ainsi que d’une réservation d’hôtel ou attestation de prise en charge par l’organisme invitant.
• Le visa de travail : Celui-ci doit accompagné d’une autorisation de travail, qui s’obtient grâce à un contrat de travail et une autorisation provisoire de travail délivrée avant les autorités compétentes chargés de l’emploi. Votre employeur doit aussi s’engager à la prise en charge du rapatriement dès la fin ou la rupture de la relation de travail. La durée du visa de travail peut aller de 90 jours à 2 ans, renouvelable. 

Une fois votre visa de travail obtenu et arrivé(e) sur le sol algérien, il faut demander un permis de travail et de séjour, qui vous autorise à travailler pour l’entreprise locale. 

 

 

Que savoir sur le contrat de travail en Algérie 

La majorité des entreprises algériennes recrute des employés avec un contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI). Il peut être écrit ou non. Dans le cas d’un CDD, il doit être écrit et comporter des mentions obligatoires et la définition précise de son motif.  Il est courant d’inscrire sur le contrat la nature de la prestation de travail, la rémunération et le lien de subordination.  Il existe également le contrat à temps partiel, réglementé depuis 1981.  Selon la réglementation algérienne, un contrat à temps plein comprend 40 heures en semaine. Un contrat à mi-temps doit donc faire entre 20 et 39h de travail en semaine. En Algérie, les cas de rupture d’un contrat de travail sont limitativement prévus par la loi (terme d’un CDD, nullité du contrat, licenciement, démission, décès, licenciement économique, retraite, incapacité de travail). 

 

 

 

Connaître les conditions de travail en Algérie 

Selon la législation du travail en Algérie, la durée légale de travail est fixée à 40 heures par semaine, répartie sur 5 jours ouvrables au minimum. L’amplitude journalière de travail est de douze heures maximums. Tout travailleur peut effectuer des heures supplémentaires sans que ces heures n’excèdent 20% de ladite durée légale et dont le paiement ne peut en aucun cas être inférieure à 50% du salaire horaire normal.

Le travailleur a droit à une journée complète de repos par semaine, fixée généralement le vendredi, parfois le jeudi. Il a droit aussi à un congé annuel rémunéré, calculé à raison de deux jours et demi par mois de travail sans que la durée globale ne puisse excéder trente jours calendaires par année de travail. 10 jours fériés en moyenne s’ajoutent. (voir ici les jours fériés 2023) . Le congé de maternité est établi de 14 semaines, avec des accords d’absences payées (pour allaitement par exemple) avec l’employeur et le règlement intérieur.  

Les salariés algériens disposent d'un régime de sécurité sociale appelée la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés. Il est recommandé de souscrire à une assurance. L'existence de la convention franco-algérienne de sécurité sociale facilite le passage du régime français au régime algérien, pour les ressortissants français ou algériens. Par exemple, si vous avez des enfants à charge qui résident en France, vous pouvez prétendre aux allocations familiales françaises, en raison de votre activité en Algérie.

 

 

Tout savoir sur la culture professionnelle en Algérie 

Les fondements de la société algérienne se retrouvent au cœur de la vie professionnelle du pays : la confiance, respect et l’honneur. Préserver sa réputation et son honneur sont très importants. Le respect de la hiérarchie et des décisions (verticales) est donc essentiel, ne défiez pas vos supérieurs. Le titre professionnel a une place centrale. Si vous le connaissez, essayez d'utiliser le titre honorifique, professionnel ou académique et le nom de famille de votre interlocuteur (docteur, maître…) 

Concernant la confiance, il est important de créer de bonnes relations et consacrer du temps à gagner la confiance de vos collaborateurs. Le contact se fait par recommandation (du moins le premier). Privilégiez la communication par téléphone ou email dans un premier temps. Entretenez votre réseau et espérez, un jour, être invité à dîner ou déjeuner. Gardez une distance appropriée. Il est recommandé également d’attendre d’une femme vous tende la main pour prendre contact avec elle. 

Gardez en tête que le vendredi est un jour musulman important, souvent non travaillé, évitez les rendez-vous ce jour-là, de même lors du ramadan et l’été (juillet et août), pic de la prise de congés. Cela ne veut pas dire de tout arrêter, simplement ne pas planifier de réunions ou rendez-vous incontournables. Ceux-ci commencent souvent par des discussions informelles, avant la discussion formelle. Les négociations peuvent être très longues et interrompues, apprenez à être patient ! 

 

 

A noter que l’arabe dialectal et le français sont les deux langues les plus utilisées à l’oral (réunions, formation, interactions formelles et informelles, etc.) Ces deux langues semblent complémentaires. On observe aussi, plus rarement,  quelques pratiques de tamazight. Face à un certain déficit en compétences linguistiques en Algérie, la maîtrise de plusieurs langues étrangères peut vous valoriser. 

Au niveau de la ponctualité, elle n’est pas essentielle, mais, dans le respect de votre interlocuteur, prévenez de votre retard ou du report d’un événement. Les cadeaux font partie intégrante de la culture algérienne et permettent de renforcer les relations. Donnez-le avec vos deux mains ou seulement la main droite (tout comme les cartes de visite). Côté code vestimentaire, soyez plutôt conservateur : costume ou tailleur.