Belcourt, Bab El Oued, Bologhine (ex-Saint Eugène) ou encore la Casbah, tous des quartiers populaires de la capitale Alger.
Populeux et populaire, c'est au quartier de Bab El Oued que lepetitjournal.com vous embarque dans une visite guidée. Un quartier qui a su préserver son authenticité et son dynamisme.
Bab El Oued : d’où vient ce nom ?
Le quartier de Bab El Oued est entouré des célèbres communes de Bologhine (ex- Saint Eugène), Oued Koriche (ex-Frais Vallon) et la Casbah. C’était l’une des portes d’Alger qui ouvre sur Oued M’Kacel d’où le nom de Bab El Oued où « Bab » veut dire porte et « El Oued » veut dire « torrent » ou « rivière ».
Une authenticité préservée
Bab El Oued est le quartier populaire par excellence d’Alger. Quand on s’y promène, sa foule et la jeunesse de sa population sont ce qu’il y a de plus frappant au premier abord.
Place des Trois Horloges est le cœur du quartier. Face à elle, une grande avenue appelée « Avenue du Colonel Lotfi ». On y trouve des commerces de toute sorte : vêtements, électroménager et autres. Tout se vend à petits prix. Ce n’est pas un hasard qu’autant de commerces y soient présents. En effet, depuis la fin des années 1930, le quartier est passé de petits métiers à domicile, à des commerces de rue de par la volonté des habitants de l’époque de devenir autonomes et pouvoir subvenir à leurs besoins et être leur propre chef.
Quand on lève les yeux vers les bâtisses, le style haussmannien y est omniprésent. Les stores de toutes les couleurs couvrant les balcons donnent un air d’Italie. De part et d’autre de l’Avenue, les trottoirs sont noirs de monde. On a l’impression d’être à l’intérieur d’un gigantesque bazar.
C’est dans ce quartier qu’on attribue depuis toujours le titre le plus noble qu’il soit à ses artisans et qui est le titre de « roi ». En effet, on entend encore parler à ce jour du « roi du millefeuilles », le « roi du sorbet »… etc. C’est une tradition qui perdure. Il est vrai que d'anciennes pâtisseries familiales contribuent à la préservation des recettes de pâtisseries de l'époque comme : l’éclair au chocolat, les millefeuilles, le croquet, et même des salés comme la pizza carrée, spécialité très algéroise.
La vie des Babelouadiens à Bab El Oued
Le quartier de Bab El Oued est connu pour avoir des familles nombreuses habitant dans des appartements devenus de plus en plus étroits. C’est l’une des raisons principales qui poussent la plupart de ses habitants à passer leur temps libre à l’extérieur. C'est pour cela que plusieurs aménagements ont été réalisés.
Une longue balade tout le long du front de mer a été aménagée permettant aux habitants du quartier et ses alentours de s’y promener. Des aires de jeux pour enfants ont aussi été installées. Des stades de foot et des piscines municipales ont été rénovés afin que les jeunes puissent pratiquer certains de leurs sports préférés.
Depuis plusieurs décennies, les activités habituelles des Babelouadiens sont le foot, la pêche et la pétanque. Sur le front de mer, on y voit plusieurs pêcheurs à quelques mètres les uns des autres. Pour beaucoup d’entre eux, que la pêche soit bonne ou pas, le plus important est de s’évader.
Les joueurs de pétanque quant à eux se retrouvent les fins d’après-midi sur un terrain dédié à ce sport situé derrière l’hôtel El Kettani. Il y a parfois des tournois qui s’organisent. Un évènement qui attire à chaque fois une grande foule.
La zone d’El Kettani à elle seule abrite un hôtel, un parc, une piscine, une place et une plage. Tous ces lieux sont très fréquentés par les habitants du quartier au quotidien.
Le quartier contient un nombre très important de petits cafés, « K’hawi » en arabe algérien. Pour la plupart très masculins, les hommes aiment s’y retrouver pour siroter un bon café très serré au goût très amer ou un bon thé à la menthe. D’ailleurs, c’est dans ce quartier principalement où on vit réellement l’ambiance ramadanèsque. Les hommes se retrouvent souvent dans ces cafés après la rupture du jeûne à enchainer les parties de domino jusqu’au dernier appel à la prière annonçant le début de la nouvelle journée de jeûne.
Lieux et personnalités emblématiques de Bab El Oued
Comme tout lieu, un ou plusieurs emblèmes le caractérise. Pour ce qui est du quartier de Bab El Oued, nous avons cité plus haut la Place des Trois Horloges où s’y trouve une horloge aux trois faces éclairée le soir par une lampe à quatre ampoules. C’est le cœur même de Bab El Oued.
Le jardin Taleb Abderrahmane (ex-Guillemin) est connu par l’œuvre de l’arbre en fer. Elle a été inaugurée en 2010 suite à la visite du maire de Marseille à l’époque à Alger. Cet arbre représente la coopération entre la ville de Marseille et la ville d’Alger dans différents projets d’aménagement. On lui a attribué le nom de la "Fontaine de l'espérance".
Puis il y a le jardin de Prague (ex-jardin Marengo). C’est un jardin au style anglais. Auparavant, on l'appelait le « jardin des condamnés ». Son appellation vient de son édification par des condamnés militaires français confiés au Colonel Marengo. Ces derniers étaient mis dans les caves de ce qu’on appelle actuellement le « Palais du Raïs » ou « Bastion 23 ».
Un autre lieu très emblématique de Bab El Oued est son lycée Emir Abdelkader, ex lycée Bugeaud, inauguré en 1868. Il y a vu sur ses bancs plusieurs célébrités algériennes et françaises. Pour en citer que quelques-unes : Mouloud Mammeri (grand écrivain algérien), Guy Bedos (humoriste et acteur français né à Alger en 1934), Alexandre Arcady (réalisateur français né à Alger en 1947), Roger Hanin (grand acteur français né à Alger en 1925 et y est aussi enterré au cimetière chrétien de Bologhine, ex-Saint Eugène), Mohamed Seddik Benyahia (homme politique algérien du parti FLN à l’époque de la guerre)… et plein d’autres.
Le CHU de Bab El Oued est tout aussi important. C’est l’un des plus grands CHU d’Alger. Il y abrite plusieurs grands services tels que la medecine nucléaire, service de neurologie…
Il y a également plusieurs mosquées telles que : Mosquée El Fath, Mosquée Ennasr, Mosquée Es Sunna,
Evènements marquants de Bab El Oued
Bab El Oued, un quartier plein d’énergie, n’a pas toujours connu le calme. Les 09 et 10 novembre 2001 ont été et sont toujours des dates qui ont marqué à jamais la commune. Durant ces deux jours, de fortes inondations ont emporté avec elles personnes et immeubles tout entier. Il y a eu 781 morts, 115 disparus et 3271 immeubles détruits ou endommagés. Une vraie catastrophe qui à ce jour est présente dans les esprits de tous. Néanmoins, les habitants de Bab El Oued ont réussi à se relever et reprendre le cours de leur vie sans jamais oublier ce qui s’est passé ces deux journées-là.
Bab El Oued a toujours fasciné les algérois, les algériens mais aussi les touristes par le dynamisme de sa jeunesse qui chaque jour se bat pour faire vivre son quartier et garder son âme populaire. Le foot est d’ailleurs le poumon de ce quartier. Deux grandes équipes algéroises font que dans une seule et même famille on peut avoir des supporters de l’une et de l’autre. Ces deux équipes sont l’USMA et le MCA. Tantôt la ville est aux couleurs de l’USMA, en rouge et noir, tantôt elle est aux couleurs du MCA, en rouge et vert et parfois aux couleurs des deux équipes lorsque celles-ci s’affrontent.
Le quartier de Bab El Oued a aussi fait parler de lui à travers de grands films qui ont connu un grand succès à l’international, réalisés par le célèbre réalisateur et producteur algérien Merzak Allouache. Le film qui a fait le plus de bruit est celui de « Bab El Oued City » sorti en 1994, en pleine période de terrorisme. L’histoire d’une Algérie en 1989 meurtrie après les évènements d’octobre 1988 où on décrit la vie quotidienne dure dans le quartier de Bab El Oued. S’ensuit un autre film du même réalisateur, « Bab el web », sorti en 2005, une comédie racontant l’histoire de deux frères habitant le quartier de Bab El Oued dont l’un d’entre eux communique via le web avec une jeune française, Laurence, qui accepte de venir le voir à Alger. Et enfin, sort en 2013 le film dramatique « Les Terrasses », réalisé aussi par Merzak Allouache qui décrit cinq terrasses dans cinq quartiers d’Alger : Bab El Oued, la Casbah, Notre Dame d’Afrique, Telemly et Belcourt. On y raconte la vie de différentes personnes sur les terrasses de leurs maisons, chacune dans un des cinq quartiers d’Alger.
Bab El Oued ne cesse de fasciner tant par ses gens, ses commerces mais aussi son atmosphère joviale, décontractée et simple.