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Yasmine Bourahli - "Je revisite modestement des grandes œuvres"

Yasmine BourahliYasmine Bourahli
©Hadia Beghoura pour lepetitjournal.com, Yasmine Bourahli
Écrit par Hadia Beghoura
Publié le 17 novembre 2020, mis à jour le 22 janvier 2021

C’est dans son atelier situé dans la banlieue ouest d’Alger que Yasmine Bourahli, artiste peintre plasticienne, nous parle de son parcours artistique, ses influences mais surtout son originalité. Une interview haute en couleurs qui donne le sourire.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Yasmine Bourahli, j’ai 36 ans, mariée. Je suis artiste peintre plasticienne car je touche à tout. Je suis dans le domaine artistique depuis 8 ans. Parallèlement, je travaille dans l’audiovisuel depuis 12 ans avec mon grand frère. Pour moi c’est une passion avant d’être un métier.

Pour résumer mon travail, je fais des revisites d’œuvres classiques. Je fais aussi du récup art comme des troncs d’arbres, des paraboles que je peins dans le but d’en faire des pièces uniques.

Quel a été votre parcours avant de devenir artiste peintre plasticienne ?

Après avoir fini mes études de marketing en 2006, j’ai décidé de faire appel à l’ANSEJ afin de reprendre le studio familial d’audiovisuel. J’ai ajouté une extension de doublage et de masterin. Je voulais être mon propre chef. Malgré des hauts et des bas, c’était une belle aventure avec le soutien de mon grand frère. Mais il y avait ce côté artistique en moi qui me manquait car j’ai toujours baigné dans ça. J’ai fait du piano, de la danse, j’étais au conservatoire. Petite j’ai pris des cours de dessins c’est pour cela que j’ai voulu retourner à mes premiers amours. J’ai commencé à vendre grâce au bouche à oreille puis j’ai lancé ma page. C’est vraiment une passion et je veux que ça reste ainsi et non que ça devienne commercial afin de partager mon art avec des personnes qui le comprennent.

Sur quels types de matériaux travaillez-vous habituellement et quelles sont vos techniques ?

J’ai déjà travaillé sur du métal, du bois, un peu moins sur la toile mais j’en fais aussi. J’adore travailler sur le bois car c’est un matériau qui vieilli très bien. Les dessins ne bougent pas trop car je traite soit à l’huile de camphre soit à l’huile de lin et ensuite je rajoute une couche de vernis ou une couche de résine de sorte à ce que ça résiste à l’eau.

Dans l’artisanat, je fais des portes clés muraux, des petits pots en béton, cartes postales faites mains avec des chutes de bois, des petites boites à mouchoir que je customise, j’ai travaillé sur des tamis, des coffres. J’essaie toujours de moderniser l’artisanat.

Yasmine Bourahli création
Yasmine Bourahli, travail sur bois

Quel est votre style artistique et pourquoi l’avoir choisi ?

C’était en 2015, quand j’ai vu le film « La Jeune Fille à la perle », une adaptation du roman de Tracy Chevalier, lui-même inspiré par le tableau du même nom de Johannes Vermeer. Un film dans lequel a joué la célèbre actrice Scarlett Johanson. C’est là que je me suis dit pourquoi ne pas revisiter ce classique. Du coup, je lui ai mis des graffitis en arrière-plan et une paire de lunettes, c’est tout. Il faut savoir que je n’aime pas les tableaux avec des yeux et ce depuis ma jeune enfance. Ma grand-mère avait des tableaux d’enfants qui pleuraient accrochés aux murs de sa maison et ça me faisait peur et pour moi les yeux c’est le reflet de l’âme. J’essaie de travailler d’autres parties du visage mais pas les yeux. Ainsi, soit je ne dessine pas les yeux, soit je fais porter des lunettes aux personnages pour les cacher.

Yasmine Bourahli Blocs Notes
Yasmine Bourahli, blocs notes et autres articles

 

Quelles sont vos influences artistiques en peinture ?

Mes influences viennent essentiellement de Gustav Klimt, peintre autrichien du début du XXème siècle. Il avait déjà choqué par son art. Je m’inspire d’ailleurs de ce côté-là car je suis un peu dans la provoc. J’adore son travail. C’est fin, délicat et choquant en même temps.

Pensez- vous garder cette influence de Klimt dans vos futures œuvres ?

Je pense que oui. Il y a d’autres artistes sur lesquels je travaille aussi et qui ont tout autant ce côté provocateur comme Van Gogh ou encore Frida, une avant-gardiste de la cause féminine qui a choqué à son époque. Je m’inspire toujours de peintres un peu révoltés, marginaux car moi – même je le suis en quelques sortes. J’aime bousculer les codes sans choquer. Apporter quelque chose de frais.

Pouvez-vous nous parler plus de votre touche personnelle dans vos revisites ?

Il faut savoir que je revisite les classiques et donc j’apporte un changement complet à l’œuvre originale. J’essaie toujours de faire passer des messages personnels. Si on assemble le tout, il y a toujours un bout de moi, de mon couple tel que l’œuvre « Le Baiser » de Klimt. C’est une partie de moi, de ma vie et de mon vécu qu’on retrouve dans mes œuvres. Parfois des messages subliminaux, parfois dis. Je revisite modestement ces grandes œuvres.

Comment procédez-vous généralement lorsque vous entamez une œuvre et quelle a été celle qui vous a pris le plus de temps ?

Généralement, je dessine, je laisse de côté pendant un moment puis je reviens sur l’œuvre. Parfois je finis une œuvre en 2 ou 3 heures. Quand une œuvre ne me plait pas, j’efface totalement et je refais. C’est très aléatoire. Je peux rester 1 mois, 6 mois voire plus sur une seule œuvre.  La plus longue d’ailleurs m’a pris un an pour la terminer et qui était « La grande vague de kanagawa », plus connue sous le nom de « La Vague », célèbre estampe japonaise du peintre japonais Hokusai. La plus courte quant à elle était l’autoportrait « Gitane avec une cigarette » d’Edouard Manet que j’ai fini en une journée.

Quelle est pour vous votre plus belle œuvre et pourquoi ?

Pour moi ça reste « Le baiser » de Klimt. Même si c’était une reproduction, j’ai rajouté quelques touches personnelles. C’est une œuvre que je continue à décliner et que certainement je déclinerai encore.

Yasmine Bourahli Klimt
Yasmine Bourahli, oeuvre de Klimt "Le baiser" revisitée

Comment décririez-vous votre univers artistique ?

Je dirais que c’est un univers coloré. Le but est de véhiculer des messages positifs. D’ailleurs, j’aime beaucoup le Pop-art pour cela.  

Pour donner un exemple, j’ai revisité une des œuvres de Klimt qui est « Judith et Holopherne » au mois d’octobre pour le cancer du sein. L’œuvre originale est une femme portant à ses mains la tête d’un soldat décapité. C’est une œuvre assez glauque. Etant donné que c’était ma période pop-art, j’ai enlevé la tête que j’ai remplacée par une barquette de pop-corn, j’ai rajouté de l’or qui jaillissait de sa poitrine car je pense d’abord que la femme est or et c’était vraiment pour sensibiliser par rapport aux femmes qui ont perdu leur sein à cause de cette maladie.  

Même si c’est une œuvre dark, je la change pour la rendre plus joyeuse. Le message que je voulais véhiculer à travers cette œuvre était de dire à la femme que « Tu es or ».

Judith et Holopherne de Yasmine Bourahli
Yasmine Bourahli, oeuvre originale "Judith et Holopherne" revisitée et devenue "Judith et son Pop Corn"

Quels sont vos futurs projets ?

Dans le domaine audiovisuel, on a lancé une radio, la radio LVA, avec mon frère, à travers laquelle on lance des petits jeunes, des rappeurs… Comme projet artistique, il y a un projet autour de la photo et qui nécessitera pas moins de 6 mois de préparation. Je laisse la surprise pour plus tard !

Que souhaitez-vous pour l’avenir ?

J’aimerais que mon art soit connu car je me dis qu’il y a beaucoup de jeunes qui font de superbes choses, qui ne sont pas connus et qu’il est nécessaire de les mettre en lumière.

 

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Hadia Beghoura
Publié le 17 novembre 2020, mis à jour le 22 janvier 2021

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