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AFFAIRE RADDAD – Omar m'a tuer au ciné



"Omar m'a tuer", quelques mots qui sont gravés à jamais dans la mémoire collective. C'est également le titre du nouveau film de Roschdy Zem qui retrace l'affaire Omar Raddad ou l'histoire d'un jardinier injustement condamné pour le meurtre de sa patronne Ghislaine Marshall

Image tirée du film "Omar m'a tuer", réalisé par Roshdy Zem (afp.com)

Le 24 juin 1991, Ghislaine Marshall, une riche veuve, est assassinée dans sa villa de Mougins sur la Côte d'Azur. Sur la porte de la cave, à côté d'elle, une phrase écrite en lettres de sang : "Omar m'a tuer". Une faute d'orthographe mais aussi une faute judiciaire, c'est en tout cas la thèse défendue par Roschdy Zem dans son film, sorti dans les salles françaises le 22 juin.   

Un film vérité ?
Le comédien et réalisateur retrace ici l'une des affaires médiatico-judiciaires les plus polémiques de ces vingt dernières années. Me Jacques Vergès, avocat du jardinier marocain lors de son premier procès, l'avait d'ailleurs comparée à l'affaire Dreyfus. Selon lui, le seul tort d'Omar Raddad était celui "d'être maghrébin". Cette déclaration et les petites phrases teintées de racisme du président Armand Djian pendant le procès - "son mari est aussi gentil lorsqu'il égorge le mouton" - n'ont pourtant pas empêché la condamnation à 18 ans de réclusion criminelle d'Omar Raddad. Le film dépeint donc à la fois ce "procès à charge", basé sur des preuves fragiles, mais également le travail d'un journaliste (Denis Podalydès dans le film) pour prouver l'innocence d'un homme analphabète qui ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. Sami Bouajila en Omar Raddad est saisissant de vérité. Si bien d'ailleurs que le principal intéressé a eu du mal à se remettre de la projection du film : "Pour moi, ce n'est pas un film. Même si, pour vous, ça l'est. Tout est vrai. L'histoire est vraie, les mots sont vrais", confie Omar Raddad au Point.

? ou un film à thèse ?
Partiellement gracié par le président Jacques Chirac en 1996 et libéré en 1998, Omar Raddad souhaite aujourd'hui une révision de son procès. Des traces de deux ADN masculins mêlés au sang de Ghislaine Marchal, découvertes en 2000, pourraient définitivement prouver son innocence. En mai dernier, le parquet de Grasse a demandé à un expert d'établir un profil génétique à partir de ces traces d'ADN afin d'effectuer des comparaisons. Omar Raddad, qui a aujourd'hui une carte d'invalidité, avoue n'avoir toujours pas sorti la tête des barreaux. "Il en sera ainsi tant que le vrai coupable ne sera pas en prison. Beaucoup me disent : "Vous êtes libre, tranquille, vous avez une famille..." Mais c'est facile à dire !", explique celui qui espère que le film pourra apporter un nouvel éclairage sur cette affaire.

Pour les proches de la victime, Omar m'a tuer ne se base que sur une thèse sans explorer les parts d'ombre. La nièce de Ghislaine Marshall, Sabine du Granrut, s'est confiée au Parisien : "Je suis convaincue qu'il a tué Ghislaine Marchal. Mais il semble que l'innocence de quelqu'un, c'est plus vendeur que sa culpabilité. Cette affaire nourrit les fantasmes. Le dossier n'est pas parfait, mais il y a de graves éléments à charge. Il n'y a qu'une seule victime, c'est ma tante. C'est elle qui est morte."
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mercredi 22 juin 2011





En savoir plus

Article du Point, EXCLUSIF - Omar Raddad parle
Interview du Parisien, La seule victime, c'est ma tante

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