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ABOU GHRAIB - Lynndie England, la soldate de la honte avoue

La jeune soldate américaine Lynndie England, protagoniste l’année dernière du scandale de la prison d’Abou Ghraïb, a plaidé coupable hier devant la cour martiale. Mais le procès de cette exécutante ne serait qu'une goutte d'eau parmi de nombreuses affaires de sévices étouffées par l'armée américaine

Prenant la pose en Irak, Lynndie faisait nettement plus la maligne qu’hier devant le tribunal martial texan. (Photo : AFP)

Fin avril 2004, les Américains découvraient médusés sur la chaîne télé CBS des images (prises en 2003) de leurs soldats maltraitant des prisonniers irakiens au centre de détention d’Abou Ghraïb, près de Bagdad. Des photos qui ont depuis fait le tour du monde et jeté la honte sur les troupes américaines en Irak.
Lynndie England, ex-membre de la 372ème division de la police militaire américaine et 22 ans aujourd’hui, y apparaissait aux côtés d’un tas de prisonniers nus, ou encore tenant un homme en laisse. La soldate comparaissait hier devant le tribunal martial de Fort Hood, au Texas. Un procès vers lequel le monde entier tourne les yeux au moment où les Etats-Unis viennent de se refuser à reconnaître une quelconque responsabilité de leurs soldats dans l’assassinat de l’agent secret italien Nicola Calipari.
Le « plaider coupable » pour prendre cinq ans en moins
Pour Lynndie England, l’heure n’était plus aux fanfaronnades. Elle a plaidé coupable à sept des neuf chefs d’accusation : deux pour entente en vue de maltraiter des détenus, quatre pour mauvais traitements de prisonniers et un pour actes indécents. La soldate England a en effet passé un deal avec l’accusation, qui renoncera en échange de ce « plaider coupable » à deux autres chefs d’accusation à son encontre : abandon de poste et un second pour indécence.
Selon le système judiciaire américain, la prévenue devrait aussi, grâce à cette manœuvre, voir la durée maximum de sa peine réduite de 16 ans et demi à 11 ans.
Charles Graner, ancien amant de Lynndie et père de son bébé, est pour l’instant le seul soldat à avoir été jugé et condamné pour les sévices d’Abou Ghraïb. Quatre autres personnes devraient suivre. Mais les plus hautes sphères de la hiérarchie restent épargnées alors que des témoignages de plus en plus nombreux laissent entendre qu’Abou Ghraïb serait loin d’être un cas isolé : de l’Afghanistan à Guantanamo, la retenue de l’armée américaine laisserait à désirer.
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 3 avril 2005

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