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Côte d’Ivoire : la culture du viol en direct à la télé

Emission du 30 août sur NCIEmission du 30 août sur NCI
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 7 septembre 2021

Yves De M’Bella, présentateur d’une émission ivoirienne populaire s’est fait poursuivre en justice pour «apologie du viol » suite à des images chocs. La situation a provoqué manifestations et indignation sur une culture du viol trop souvent banalisée en Côte d’Ivoire.

 

Lundi 30 août sur le plateau de NCI (Nouvelle Chaîne Ivoirienne), l’animateur télé Yves De M’Bella a convié un ancien violeur à mimer un viol sur un mannequin. Il demande à l’ex-violeur si « Les victimes appréciaient-elles d’être violées ? », sans hésitation il lui répond :  « oui, pour une grande majorité ». Face aux divers propos chocs, une dizaine d’activistes sont venus manifester mercredi 1er septembre devant le NCI. Ces militants refusent cette banalisation du viol et demandent à la télévision de ne pas inciter les téléspectateurs au crime.

 

Une condamnation immédiate

Face à l’ampleur du problème, la justice s’est vite saisie de l’affaire. La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) a décidé d’interdir Yves De M’Bella pendant trente jours à apparaître sur toutes les antennes et télévisions du pays, ce dès mardi. L’animateur a écopé mercredi 1er septembre d’une peine de 12 mois de prison avec sursis pour « apologie du viol » et « atteinte à la pudeur », confirme l’AFP. Pour les activistes féministes, c’est une victoire de condamner de manière rapide le viol au sein de leur pays. Bénédicte Joan, présidente de l'association contre les violences sexuelles « Stop au chat noir », publie et remercie la chaîne de ne pas banaliser ces actes et d’adopter le logo « Tolérance zéro au viol ».

 

 

Malgré cela, certains activistes ne comprennent pas le laisser passer du diffuseur, celui-ci ressort sans peine. Selon eux, la rédaction est tout autant responsable.

 

Côte d’Ivoire, une culture du viol encore d’actualité

En juin 2020, l’ONG Citoyennes pour la Promotion et la Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM), a publié une étude sur le sujet tabou des violences sexuelles. À Abidjan, sur 5.556 femmes interrogées, on compte 1.121 viols, une moyenne donc d’une femme sur quatre victime de viol. Pour entamer une procédure juridique, la victime doit payer 50.000 francs CFA (76 euros), afin d’obtenir un certificat médical de viol, obligatoire.

 

Cette médiatisation internationale permet aux activistes de porter davantage leur voix afin de sensibiliser un maximum de personnes face à cette culture du viol, encore trop présente à Abidjan. Bénédicte Joan affirme sur France 24 avoir reçu une quinzaine de messages de « jeunes » afin de s’engager auprès de l’association « Stop au chat noir ». Manifestations, actions de sensibilisation, aides psychologiques après violences sexuelles, le combat prend force !

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