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P. Roux «Après 50 ans du suffrage féminin, il reste beaucoup à faire»

Patricia Roux droit de vote femmes 1971Patricia Roux droit de vote femmes 1971
Portrait de Patricia Roux, sociologue et féministe suisse.
Écrit par Olivia Zufferey
Publié le 7 février 2021, mis à jour le 9 février 2021

Le 7 février 1971 en Suisse, les hommes acceptent le droit de vote des femmes au niveau fédéral. Après plusieurs années de révoltes féministes, c'est une victoire pour beaucoup de citoyennes. Patricia Roux, sociologue et féministe suisse, estime que ces luttes sociales ont provoqué des changements institutionnels. Malgré ces évolutions, beaucoup de progrès reste à entreprendre. Interview. 

Enfin une victoire ! Le 7 février 1971, les hommes acceptent le droit de vote et d’éligibilité des femmes au niveau fédéral, avec 66% de oui pour une participation de 58%. Un droit enfin acquis, 53 ans après l’Allemagne, 52 ans après l’Autriche, 27 ans après la France et 26 ans après l’Italie. Seulement quelques cantons de Suisse centrale et orientale refusent : Appenzell Rhodes-Extérieures, Appenzell Rhodes- Intérieures, Glaris, Obwald, Schwytz, Saint-Gall, Thurgovie et Uri. Ces derniers retardent l’introduction du droit de vote des femmes jusque dans les années 1980. A partir de 1971, de nouveaux droits sont acquis au fil des ans.

Comment qualifierez-vous les changements qui ont eu lieu lors de ces 50 dernières années ? 

Ces évolutions sont des changements institutionnels, provoqués par des luttes sociales. Grâce à ces révoltes, le contexte constitutionnel dans lequel on vit, a changé. Les institutions, les structures et la société où nous habitons, permettent aux citoyens d’évoluer à leur tour. Lors de ses 50 dernières années, de grands changements ont eu lieu, comme le suffrage féminin en 1971, l’égalité entre femmes et hommes qui entre dans la Constitution fédérale en 1981, la révision du droit matrimonial en 1988 ou le droit à l’avortement en 2002. 

Que reste-t-il à améliorer ? 

Beaucoup de choses reste à faire. Des points tels que les agressions et les inégalités  salariales sont à améliorer. La dépendance de la femme à l’homme dans les couples mariés est souvent problématique. La plupart des couples continuent à s’organiser sur un mode où les femmes dépendent financièrement de leurs conjoints. La société conforte cette dépendance, en laissant la responsabilité principale de la garde des enfants aux femmes. De ce fait, ces dernières n'arrivent pas à s’épanouir pleinement dans leurs professions.  

Alors comment faire ? 

Peut-être devrions-nous mettre plus d’importance sur les droits et les devoirs des hommes. Par exemple, en instaurant un congé parental qui pourrait être partagé entre les conjoints. Un certain nombre de jeunes pères aimeraient prendre plus de place auprès de leurs enfants. Souvent, ils ne peuvent pas à cause de leurs fonctions professionnelles. Ce que je déplore, c’est qu’ils acceptent cette situation. Le jour où les hommes se battront collectivement pour cette cause, en créant une lutte sociale, on avancera mieux. 

Comment imaginez- vous la place de la femme dans quelques années ? 

Cela va beaucoup dépendre de la vitalité des mouvements sociaux et de leur force. Ces dernières années, nous avons eu un regain de révoltes féministes. Ces dernières ont acquis une visibilité ainsi qu’une légitimité au niveau public, comme c’était le cas dans les années 1970. Je suis plus positif aujourd’hui qu’hier.  

 

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