Depuis plus de 200 ans, la Suisse entretient de bonnes relations diplomatiques avec les États-Unis. Même si des tensions sont apparues lors des années 1990 et 2000, l’Helvétie reste un allié important pour son rôle de médiateur dans la politique internationale. Interview de Paul Vallet, historien, politologue et chercheur associé au Geneva center for Security Policy (GCSP) à Genève.
La Suisse et les États-Unis ont une longue tradition de relations diplomatiques et humaines. Entre le 18e et le 19e siècle, lorsque l’Helvétie était un pays d’émigration, plusieurs centaines de milliers d’habitants sont partis vivre en Amérique du Nord. C’est pour cette raison que la Suisse est devenue familière avec les Etats-Unis et a beaucoup influencé le pays. A titre d’exemple, le protestantisme suisse a contribué à l’évolution de ses variantes aux États-Unis. Des valeurs tels que le travail, l’individualisme ou l’esprit d’entreprise ainsi que les pratiques de la finance ont été transmises à la civilisation américaine. Des personnes importantes comme Albert Gallatin, fondateur de l'université de New York, était originaire de Genève. A partir du début des années 1990, les relations entre ces deux pays se sont détériorées à cause de l’affaire des comptes dormants. Un problème qui a rebondi suite au scandale du secret bancaire en 2008. Ces deux évènements ont créé un malaise entre ces deux États.
La situation s’est-elle encore empirée lors de ces quatre dernières années ?
Au contraire. L’administration Trump, qui avait une ligne anti-européenne et qui voulait cultiver des relations particulières avec les pays du continent qui n’étaient pas membres de l’Union Européenne, s’est beaucoup intéressée à la Suisse. Durant ces quatre dernières années, les relations bilatérales, commerciales et économiques entre ces deux États se sont améliorées. D’un point de vue financier, il n’y a pas eu de polémique, y compris sur la question fiscale.
Quel rôle aura la Suisse vis-à-vis des Etats-Unis sous la présidence de Joe Biden ?
Même si la Suisse ne fait pas partie de l'Union Européenne, elle sera considérée comme un pays important pour son rôle financier et deviendra un lieu de négociations entre les États-Unis et d’autres puissances. La Suisse sait organiser des conférences en toute discrétion. De plus, elle reprendra son rôle de médiateur dans les négociations internationales. Il y a de forte chance que les relations diplomatiques entre la Suisse et les USA seront beaucoup plus harmonieuses.
Les États-Unis vont-ils retourner dans les organisations internationales présentes à Genève ?
Pour des raisons stratégiques importantes liées à la pandémie du Covid19, la nouvelle administration Biden retournera au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il y aura aussi beaucoup plus d’investissement sur leur présence dans la Genève internationale, notamment dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En ce qui concerne le Conseil des droits de l’homme au Nations Unies, leur retour se fera moins rapidement car cette question est d’ordre politique.
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