Conférence de la CCI Madrid sur la transformation urbaine de Paris avec les JO 2024

Les JO durent un mois mais c'est l'occasion pour Paris de réaliser des travaux qui vont révolutionner le paysage urbain. C'est ce qu'a expliqué en détail le nouveau comité Real Estate de la CCI France Espagne de Madrid.

 

 

Comme l'a signalé Sara Bieger, CEO de la CCI France Espagne de Madrid, La Chambre "avait besoin d'un comité sur l'immobilier, un secteur si important pour l'économie espagnole". Et c'est chose faite. Le nouveau comité analysera en particulier la situation actuelle et future du secteur immobilier et son influence sur les personnes qui vivent et travaillent dans ces espaces.

 

 

Or, s'il y a bien une ville qui est un exemple de l'impact des changements de développement urbain sur ses habitants et ses infrastructures, c'est bien Paris en tant que ville hôte des Jeux Olympiques 2024. Et c'est ce qu'ont expliqué les responsables du nouveau comité Real Estate and Customer Experience, Gonzalo Muelas Mayor, Director Sales Management chez CBRE, Jaime Luque, Director Institute of Real Estate Finance and Management à ESCP Business School et Gonzalo Checa Astier, Director Real Estate en Parella.

S'il y a bien une ville qui est un exemple de l'impact des changements de développement urbain sur ses habitants et ses infrastructures, c'est bien Paris en tant que ville hôte des Jeux Olympiques 2024

Paris et la révolution immobilière des JO 2024

Saint Denis, on le sait, sera le village olympique, une "décision courageuse", qui aura le mérite de transformer un quartier pour le moins "compliqué". Or, pour créer ce village olympique de 52 hectares, de nombreux logements, un foyer et même une école ont été détruits. "Les gens ne comprenaient pas pourquoi agir ainsi alors que les Jeux olympiques ne durent qu'un mois – signale l'un des responsables du comité-. Et c'est bien là le quid de la question ! En réalité, les Jeux Olympiques sont un prétexte pour générer de la valeur et changer la ville. On assiste à une véritable révolution urbaine".

 

 

Ainsi, en 2028, le quartier de Saint Denis sera complètement transformé sur le plan social, industriel et commercial. Le village olympique a une superficie totale de 600.000 m², dont 450.000 m² doivent être aménagés. Après les JO, il y aura 79.000 m² de nouveaux logements, 63.000 m² de bureaux et 4.300 m² d'espaces commerciaux. A Saint Denis, il y a déjà plusieurs entreprises qui y ont leur siège parce que c'est moins cher et qu'il y a des exonérations fiscales pour s'y installer. Bien sûr, il y a les nouvelles constructions qui seront là pour rester. L'un des meilleurs exemples est le futur centre aquatique, qui servira plus tard de piscine publique, de centre fitness, sports d'escalade, etc.

 

 

Mais il y a aussi à Saint-Denis de beaux bâtiments du siècle dernier, vestiges du passé industriel de Saint Denis, qui vont être restaurés, comme l'ancienne centrale électrique de 1907. Le projet urbain autour de la station de métro Pleyel va complètement modifier ce quartier aujourd'hui très abimé. Il en est de même pour la Tour Pleyel, aujourd'hui abandonnée, qui est en cours de rénovation. Pendant les Jeux Olympiques, elle servira de centre de conférences pour 2000 personnes, et après les Jeux Olympiques, elle abritera deux hôtels de luxe et 28.000 bureaux. Le projet urbain Lumière Playel comptera 40% de logements sociaux et, actuellement, les prix sur le marché libre tournent autour des 8.000 euros le mètre carré !

La soft mobility

La question de la mobilité a été l'une des stratégies fortes pour "vendre" Paris auprès du Comité olympique et, pour la première fois, nous assistons à un modèle urbain de Jeux olympiques. En effet, 50% des jeux sont concentrés dans le centre historique de Paris, avec la Seine comme protagoniste principal.

 

 

Or, Paris attend 13 millions de touristes pour ces JO urbains. Alors, comment déplacer tout ce beau monde, sans oublier les athlètes, les autorités, la presse, etc?! Étant donné que 95% des installations existaient déjà, une grande partie de l'investissement olympique est utilisé pour favoriser la mobilité.

Paris profite de "l'effet de choc", c'est-à-dire le choc du COVID puis le choc des Jeux Olympiques, pour transformer la ville

Et là encore, il s'agit d'actions pensées pour durer. Le village olympique est conçu pour être au centre d'un rayon de 10 km des différentes activités sportives. Le réseau de transport est très dense, certes, mais excessivement radial, puisque tout passe par Paris. Face à ce constat, le projet du Grand Paris Express permettra de relier en boucle autour de Paris les banlieues entre elles. Malheureusement, ce projet titanesque a pris du retard. En revanche, le prolongement de la ligne 14 jusqu'à l'aéroport CDG sera prêt pour les JO en 2024.

 

 

Il y aura également 200 km de nouveaux métros 100% autonomes et 68 nouvelles gares seront construites, devenant ainsi l'épicentre des transformations urbaines. Autrement dit, le Grand Paris Express n'est pas seulement un projet de mobilité, mais aussi de transformation urbaine, avec pas moins de 180 "mini" projets urbains, autour des gares.

Le Grand Paris Express n'est pas seulement un projet de mobilité, mais aussi de transformation urbaine

Les voies olympiques sont aussi là pour rester après les JO. Ainsi, il y aura 185 km qui seront réservés aux personnes accréditées pour les Jeux Olympiques. La voie de gauche de nombreuses autoroutes et voies express sera exclusivement destinée aux athlètes, aux autorités ou à la presse. Après les Jeux olympiques, cette voie servira de "bus Vao", pour le covoiturage et les bus express. De son côté, le périphérique, véritable frontière urbaine entre Paris intramuros et ses banlieues, sera également une voie en transformation, qui créera plus de valeur urbaine.

 

 

Plus de 20.000 Vélib'

Le vélo sera un autre acteur majeur de cette transformation:  Une augmentation de 20% de Vélib’ est prévue pour les JO de Paris 2024, soit 3.000 vélos supplémentaires, pour atteindre un total de 20.000 vélos disponibles, dans un réseau d'infrastructures cyclables qui restera en héritage. Le Covid avait déjà initié ce changement à Paris, avec plus de multi-mobilité. Mais les JO vont multiplier ce processus. Le plan vélo 2021-2026, avec un investissement de 250 millions d'euros, va permettre la construction de plus de 60 km d'infrastructures cyclables, appelés aussi "vélo RER" particulièrement importants pour Saint-Denis.

 

 

Actuellement, les nouvelles pistes cyclables déjà construites permettent déjà de déplacer beaucoup de monde! Selon la mairie de Paris, une moyenne de 10.530 personnes passent chaque jour sur le boulevard Sébastopol et 7.760 sur la rue de Rivoli. Autrement dit, Paris profite de "l'effet de choc", c'est-à-dire le choc du COVID puis le choc des Jeux Olympiques, pour transformer la ville.