Directeur général d'ONET pour la péninsule Ibérique, Frédéric Sirerol est de retour à Madrid depuis fin 2022, au sein d'une filiale qu'il a déjà dirigé -et fait grandir- entre 2007 et 2018.
Après plusieurs acquisitions dans le pays, la dernière en date tout juste actée en ce mois de mai, la marque s'affirme en Espagne comme un acteur prépondérant du nettoyage industriel, avec l'ambition de croître encore et gagner des parts de marché. "C'est l'innovation qui nous permet d'apporter une véritable valeur ajoutée à notre service", estime le CEO d'ONET. Pour ce Marignanais d'origine, la clé du succès consiste à "se rapprocher au plus près du process de nos clients". La même philosophie, sommes toutes, que celle transmise depuis 1860 par cette entreprise -toujours- familiale, née dans le port de Marseille
ONET: 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le monde
On aurait tort de réduire l'activité d'ONET au nettoyage industriel, et on aurait tort de réduire le nettoyage industriel au seul passage d'aspirateur de nuit, dans des bureaux déserts. Pourtant, si ONET se pose là pour déconstruire les idées reçues, il n'empêche que le passage d'aspirateur et le nettoyage industriel font aussi partie de l'identité de l’Office nouveau du nettoyage -mais oui, ONET. Sur les près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires dégagés dans le monde par la marque, 70% sont de fait réalisés dans le secteur du nettoyage.
Des spécificités en Espagne qu'ONET sait gérer
L'Espagne, premier pays en volume d'activité après l'Hexagone, avec 165 millions d'euros de chiffre d'affaires, déroge et ne déroge pas à la règle. Tandis que les trois quarts de ses recettes sont liées au nettoyage, 10% de son CA liés à la gestion des déchets, et 8% liés au secteur de l'aide à domicile, constituent des spécificités locales, qu'on ne retrouve dans aucun autre pays où l'entreprise est présente. Le reste, 7% en Espagne, regroupe le florilège de domaines où, on le sait moins, la marque dispose pourtant parfois d'une longue expérience et souvent d'un positionnement hégémonique.
On aurait tort de réduire le nettoyage industriel au seul passage d'aspirateur de nuit, dans des bureaux déserts
A l'instar par exemple des métiers de logistique, puisqu'à sa création il y a plus de 140 ans, l'entreprise aujourd'hui dirigée par Emilie de Lombarès, descendante du fondateur, se dédiait à la manutention de marchandises dans le port de Marseille. A l'instar encore des services aéroportuaires, de la gestion des interventions et de l'assistance en piste, à l'instar, toujours, des métiers de l'accueil, de la sécurité, de la maintenance technique des bâtiments ou, autre diversification et pas des moindres, de l'ingéniérie et des services nucléaires -ONET étant par exemple en France un des seuls acteurs accrédités pour intervenir sur les fissures des réacteurs de centrales. "Le point commun de toutes ces activités, c'est le facteur humain", éclaircit Frédéric Sirerol. "De notre expertise dans la gestion des hommes et des femmes, est né un groupe de services dans le domaine du facility".
Une acquisition et une fusion exemplaire
Cet ingénieur de 55 ans, diplômé de l'INSA Lyon, connaît son sujet sur le bout des doigts, puisqu'il a passé toute sa carrière professionnelle chez ONET. D'assistant qualité, il est devenu directeur commercial, puis a été en charge du développement international, avant de prendre la direction de l'antenne luxembourgeoise, en 2000. "J'ai toujours eu une grande apétence pour tout ce qui était commercial" se souvient-il. Sa capacité à manager les équipes et à mener à bien le développement de la filiale l'amènent à Madrid en 2007 après 7 années passées au Luxembourg.
La clé du succès consiste à se rapprocher au plus près du process de nos clients
"J'étais à peine hispanophone", reconnaît-il. "Il m'a fallu une bonne année pour m'adapter à un environnement complètement nouveau et prendre la mesure de la situation". Du très correct dûché à la capitale de l'esperpento, l'adaptation n'aura pas été dépourvue d'anecdotes, on l'imagine aisément. Quant à la situation, un pays au bord de la crise des subprimes et une filiale dégageant un CA d'une quinzaine de millions d'euros, elle tournera rapidement à son avantage. "À cette époque, de nombreux groupes issus de la construction souhaitaient se défaire de certains de leurs actifs, du fait de la situation économique", se rappelle Frédéric Sirerol, "notamment dans le domaine du nettoyage". C'est ainsi qu'ONET, qui pèse alors 30 millions d'euros, rachète en 2014 Seralia, 75 millions d'euros sur le marché national. "L'entreprise était plus ancienne, plus grande, plus implantée", évoque le CEO d'ONET Iberia. "Nous avons fait un travail de fond pour réaliser une fusion exemplaire, qui évite de transmettre une sensation d'absorption et permette notamment de conserver tous les postes de direction, au sein des deux structures".
Après un fonctionnement en parallèle pendant un an des deux sociétés, la création d'un comité d'intégration incluant les directeurs des deux entreprises aura non seulement permis de limiter les tensions, elle aura en outre permis de générer une croissance à deux chiffres, avec les équipes commerciales des deux structures travaillant de façon conjointe. "C'est une belle aventure", sourit Frédéric Sirerol, "et un vrai cas d'école pour ONET". En 2018, l'acquisition de la société basque Impacto vient compléter dans le pays la croissance externe du leader français du nettoyage.
ONET rachète l'espagnol MTL
Après 5 années passées à Marseille comme Directeur Délégué à l’international, où il a notamment participé à élaborer les plans de croissance du Brésil, du Luxembourg et bien entendu de l'Espagne, Frédéric Sirerol est donc de retour dans la capitale ibère, où il chapeaute désormais les activités de l'Espagne et du Portugal. Son objectif, "se détacher de la 10e place pour se rapprocher le plus possible du leader, Clece, et de son milliard d'euros de chiffre d'affaires", pourrait bien passer encore une fois par un développement externe.
ONET est en France l'un des seuls acteurs accrédités pour intervenir sur les fissures des réacteurs de centrales
C'est ainsi que début mai, Onet Iberia a acquis MTL, une entreprise espagnole de quelque 800 salariés, spécialisée dans le nettoyage alimentaire et l'hygiène industrielle. "Après une période de stagnation pendant le Covid, les opportunités se font de nouveau sentir", analyse celui qui, conseiller depuis 2007 au commerce extérieur de la France, est bien placé pour observer les mouvements du marché. Sa proximité avec la Chambre franco-espagnole de commerce et d'industrie -"On est membre de toutes les commissions", s'exclame-t-il- lui permet aussi de garder une connexion forte avec les enjeux transnationaux, notamment en termes de fusions et d'acquisitions.
L'évolution du secteur services
Mais c'est aussi un développement interne que le Marignanais entend bien promouvoir, "avec l'introduction en local des expertises développées en France". Et un fort pari sur l'outil technologique. "Au sein d'un marché très concurrentiel", analyse-t-il, "nous devons développer des prestations qui nous permettent d'être au plus près du besoin de nos clients". Et, n'en déplaise aux clichés, "cela passe par la digitalisation et l'intelligence artificielle, qui sont une priorité pour ONET". L'installation de capteurs, l'analyse en temps réel de leurs données, le développement d'outils prévisionnels, l’introduction de cobots (collaboration homme-robot), sont autant d'apports qui permettent ainsi d'implanter une plus grande réactivité et une plus grande flexibilité du service, mais aussi d'affiner la prestation, pour un prix, in fine, le plus ajusté qui soit. "Nous avons par exemple dans les sanitaires de plusieurs centres commerciaux à Madrid installé des capteurs qui nous permettent de mesurer l'affluence et déclencher le service au bon moment", explique Frédéric Sirerol. "Nous devons développer notre présence dans des secteurs où nous avons accumulé une compétence très fine en France", conclut le CEO d'ONET Iberia.
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