Du 19 au 23 juin s'est tenue à Madrid la convention de l'école Vatel, à l'occasion de laquelle une centaine de dirigeants du monde entier, issus des 50 écoles du groupe, ont assisté.
La mutation technologique et ses implications sur les techniques pédagogiques a constitué le sujet de fond de ces journées, au cours desquelles le président fondateur de l'école d'hôtellerie, le Lyonnais Alain Sebban, a aussi transmis la nécessité de promouvoir le programme interne de mobilité Marco Polo. "Le développement mondial du tourisme requiert toujours plus de managers dans l'industrie hôtelière", estime Sebban, pour qui "il existe une véritable expérience en la matière en France et dans les pays méditerranéens". L'école Vatel, qui fêtera en 2021 ses 40 ans d'existence, forme chaque année quelque 9.000 élèves sur les 5 continents. De Madrid à Buenos Aires, de Malaga à Kigali, ou d'Andorre à Suzhou, l'école transmet un savoir-faire, un savoir-être et un savoir-vivre, régis par les mêmes standards, quelles que soient les cultures et les coutumes des pays où l'enseignement est assuré. Elue "meilleure école hotellière du monde" lors des 17e Hospitality awards à Paris, l'école Vatel poursuit son développement, avec 100 implantations prévues à l'horizon 2025.
Il existe une véritable expérience en la matière en France et dans les pays méditerranéens
Dix ans après avoir parié sur l'Espagne en ouvrant l'école de Madrid, en pleine crise économique, on peut dire que la réussite est au rendez-vous. Porté par un tourisme en pleine ébullition, la formation aux métiers du management de l'hôtellerie rencontre un beau succès dans le pays, avec aujourd'hui près de 230 élèves sur les deux campus madrilènes, une école qui a ouvert à Malaga en 2018 et une autre à Andorre, qui joue aussi comme pôle d'attractivité pour les étudiants du nord, et notamment de Catalogne. "J'adore ce pays, que je connais depuis longtemps", s'enthousiasme Alain Sebban, de passage dans la capitale à l'occasion de la convention annuelle du groupe, qui fait en 2019 étape à Madrid. "Depuis l'origine, Vatel entretient beaucoup de relations avec les écoles hôtelières espagnoles, qui proposent d'excellentes formations en termes de techniciens, avec des diplômés qui s'exportent très bien en dehors des frontières, et que l'on retrouve très nombreux en Angleterre notamment". C'est néanmoins constatant les lacunes existantes en termes de management hôtelier que le groupe a fait le choix de s'installer dans la Péninsule. "L'hôtellerie espagnole est traditionnellement familiale. Les grands groupes n'y sont venus que très progressivement. Désormais le marché est mûr et demandeur et un pays comme l'Espagne requiert plus qu'une seule école Vatel".
Vatel, c'est le symbole de la conscience professionnelle
C'est en 81 que l'entrepreneur lyonnais, lui-même fils d'hôtelier et qui a pris la direction de son premier hôtel dès l'âge de 22 ans, a décidé de créer la première école Vatel, pour former aux métiers du management hôtelier. "Vatel, c'est le symbole de la conscience professionnelle", explique-t-il à propos du nom choisi pour la structure, et en référence au suicide du "contrôleur général de la bouche" de Louis XIV, qui mit fins à ses jours suite à un retard dans l'arrivée des victuailles, lors d'une cérémonie organisée au château de Chantilly. "On a décidé de monter l'école à Paris, par crainte des erreurs que l'on aurait pu commettre là où on nous connaissait, à Lyon", sourit-il aujourd'hui. Dès le départ, et en dépit de ses méconnaissances du secteur pédagogique, où il dût tout apprendre, l'entrepreneur avait cependant à l'esprit de pallier des lacunes dans le système de formation alors en place pour la filière. Très vite les restaurants et les hôtels d'application deviennent une marque de fabrique de Vatel. Les partenariats avec les établissements touristiques et l'alternance entre la théorie et la pratique, avec des stages obligatoires à plusieurs moments du cursus, assurent une formation où les élèves sortent "en connaissant déjà les exigences du métier".
Le home-sharing "ne constitue pas une menace pour les grands hôtels"
"En bientôt 40 ans d'existence, plus que les exigences du secteur, ce sont celles des étudiants qui ont évolué", estime néanmoins Alain Sebban. Certes il y a eu des bouleversements liés à Internet et au e-management, qui ont eu des conséquences sur la profession -des cours ont de fait été intégrés pour répondre à cette évolution. "Mais le client n'a pas changé, il faut toujours le satisfaire à 200%". Quant à l'arrivée des nouvelles plateformes de home-sharing, "elle ne constitue pas une menace pour les grands hôtels, mais permet au contraire, dans un contexte d'explosion du tourisme à l'échelle mondiale, d'apporter des réponses à d'autres besoins et d'autres budgets". "Il y a eu des exagérations incroyables à Lisbonne ou à Barcelone mais tout cela va se régulariser", analyse-t-il encore. "Cela passe par l'obligation de déclarer, la formation et le paiement des taxes correspondantes". Ni AirBnB, ni Booking : pour Sebban la révolution a eu lieu dans l'enseignement hôtelier à l'échelle des exigences des apprenants. "Nous avons mis en place des classes inversées", explique-t-il, "qui fonctionnent avec des cours en ligne, que l'étudiant travaille depuis chez lui, et des modules présentiels, où les professeurs apportent des exemples pour illustrer la théorie, vérifient les connaissances, et surtout motivent les élèves, comme de véritables coachs". Adapter l'enseignement aux générations Y et Z, est donc un défi qui tient à cœur à Alain Sebban. On ne pourra pas retirer au septuagénaire français un certain flair, ni une certaine capacité d'adaptation aux tendances les plus contemporaines.
Il n'y a pas un pays au monde qui ouvre une école hôtelière sans venir nous consulter
"Notre expansion repose sur tous les pays en développement touristique", décrypte-t-il par ailleurs. "Ce développement passe en amont par des besoins en personnels d'hôtellerie et de restauration, et c'est là où nous intervenons". "Il n'y a pas un pays au monde qui ouvre une école hôtelière sans venir nous consulter", avance-t-il encore. "Nous sommes à chaque fois en contact avec les gouvernements, le secteur privé ou les universités, qui sont les trois types de partenaires à qui nous avons à faire". Pour le Lyonnais, les grands pays porteurs et les paris d'avenir du groupe portent désormais sur l'Afrique noire et l'Europe de l'est. Et dans 5 ans, Alain Sebban mise sur une centaine d'écoles dans le monde, le double d'aujourd'hui.
"Les étudiants qui sortent de nos écoles sont les mêmes où qu'ils aient étudié sur le globe", observe enfin Alain Sebban. "Ils ont tous le même sourire, la même envie de travailler, le même savoir-être". De quelles motivations doivent-ils faire preuve s'ils souhaitent se lancer dans la filière ? "Ils doivent avant tout être mobiles, disposés à voyager", signale l'intéressé. "Ils doivent avoir le sens du service et du contact, être généreux, savoir aller vers autrui", développe-t-il encore. "Et ils doivent parler plusieurs langues... Mais ça, cela fait aussi partie de ce que nous leur apprenons!" Le programme interne de mobilité, Marco Polo, qui permet aux étudiants de deuxième année (sur une formation en 3 ans) de partir un an dans n'importe quelle école du groupe est un des instruments jouant en faveur de cette maîtrise des langues. Chaque année, près de 700 élèves en bénéficient. "Nous devons faire croître leur nombre", défend Sebban. C'est d'ailleurs un des messages forts qui a été transmis lors de la convention à Madrid. Au terme des journées de travail, un dîner de gala a été organisé dans les jardins de la Résidence, à l'invitation de l'Ambassadeur, preuve de la bonne relation qu'entretient le groupe avec les instances diplomatiques. L'histoire ne dit pas la note qu'aurait donné le dirigeant de Vatel au service assuré pour l'occasion.