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D’où vient l’euskara, la langue basque ?

L’histoire du peuple basque a toujours fait couler beaucoup d’encore. On les dit bourrus, insoumis ou encore bons cuisiniers. Comme tout peuple est étroitement lié à l’expression de sa culture la plus essentielle, intéressons-nous à la langue basque. On dit souvent qu’elle ne ressemble à rien de ce que l’on peut connaître. Ni latine, germanique ou slave, on ne connaitrait pas l’origine de cet idiome. Du coup, le basque ne vient-il vraiment de nulle part ? 

drapeau basquedrapeau basque
CC BY-ND 2.0 EAJ-PNV https://www.flickr.com/photos/eaj-pnv/23823992286/
Écrit par Quentin Gallet
Publié le 3 août 2023, mis à jour le 5 novembre 2023

Il existe une grande diversité de théories et d'opinions concernant l’origine de la langue basque, nous nous garderons de prendre partie spécifiquement pour l’une d’entre elles, le lecteur se faisant ainsi librement son opinion. 

Tout d’abord, et c’est valable pour presque toutes les langues, notons que le basque que nous pouvons entendre et lire de nos jours est une forme de basque tout comme le français est une forme de langue d’oïl qui s’est imposée à toutes les autres. 

La théorie de l’isolat

Cette thèse est ancienne. En effet, on en trouve des traces dès le XIXe siècle. Concrètement, elle défend l’idée que le basque ne se rattache à aucune famille de langue connue. Le basque n’est pas d’origine ibérique pas plus que d’ascendance caucasienne ou encore sémite. 
Cette théorie repose sur le fait qu’il n’aurait pas été apporté de manière certaine les preuves d’une filiation ou d’un lien entre le basque et les familles de langues qui existent ou ont existé. Cette opinion est toujours défendue notamment par des linguistes de l’Université du Pays Basque comme Eneko Zuloaga ou Borja Ariztimuño.


La théorie indo-européenne

Cette théorie est issue des travaux d’Eñaut Etxamendi Gueçainburu qui a consacré sa thèse de doctorat puis un ouvrage à la question des origines de la langue basque. 
Pour lui, le basque n’est pas un isolat. Même si la relation entre cette langue et d’autres n’est pas des plus évidentes, il s’attache à démontrer dans ses travaux que l’ « euskara » peut se rapprocher de bien des langues indo-européennes. Il nomme dans cette très vaste famille linguistique le grec ancien ou encore le sanskrit. 

Gueçainburu reconnait volontiers que sa thèse n’est pas partagée par grand monde même s’il a reçu quelques soutiens lors de la soutenance de sa thèse. C’est le cas notamment d’un professeur italien qui va même plus loin en postulant que le basque est peut être la plus ancienne des langues indo-européennes encore parlées de nos jours. En revanche, la thèse ne convainc pas, et on ne s’en étonnera guère, les tenants du basque comme langue isolée. 


La théorie sibérienne

Il s’agit de la théorie de Michel Morvan, bascologue français de son état. Pour lui, le basque se rapprocherait fortement de langues parlées dans les plaines glacées de Sibérie. Il ajoute que la langue basque aurait en réalité fort peu évolué dans le temps. En effet, Morvan situe l’origine de l’ « euskara » dans le Paléolithique supérieur. 


La théorie caucasienne

Cette thèse se développe presque en même temps que celle de la langue isolée. Ses défenseurs voient des similitudes saisissantes entre la langue basque et certaines langues parlées dans le Caucase. Ce serait particulièrement le cas du géorgien. 
Les chercheurs ralliés à cette théorie insistent également sur une présence basque très ancienne dans leur actuelle zone. En effet, l’occupation de l’espace pyrénéo-atlantique serait bien antérieure à l’arrivée des Indo-Européens. Si cette thèse devait l’emporter, elle ne manquerait pas de susciter une grande fierté chez nos amis basques. 


La théorie ouest-africaine

Peut-être plus surprenante que les précédentes, cette théorie est soutenue par Jaime Martín Martín. Cet auteur, voilà quelques années, a même prétendu avoir "éclairci l’énigme de l’origine du basque". 
Avec un titre pareil, on s’attend légitimement à des révélations fracassantes. C’est alors que Martín  nous apprend que le basque est lié au dogon, une langue ouest africaine qui a de nos jours à peu près autant de locuteurs que le basque lui-même (soit environ un demi-million). 

La méthode de Martín est la suivante : il part du postulat que deux langues peuvent être apparentées si plus de 50% de ressemblances sont trouvées en comparant une liste représentative de mots. Le basque et le dogon affichent un score de 70% ce qui permet à notre auteur de pencher pour une origine probablement commune. 
Cette théorie a, semble-t-il, été trop audacieuse pour les linguistes qui l’ont au mieux ignorée. 

quentin gallet
Publié le 3 août 2023, mis à jour le 5 novembre 2023

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