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Bali, le nouvel imaginaire occidental

Créature de l’imaginaire occidental, le mythe de Bali a la vie dure. Mais il est aujourd’hui fortement remis en cause. Surtourisme et comportements irrespectueux trop nombreux de la part des visiteurs occidentaux, Bali est en plein questionnement sur son avenir économique, patrimonial et social.

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Couché de soleil à Seminyak, 2017. REUTERS/Thomas White - RC18D1DF68C0
Écrit par Asialyst
Publié le 17 octobre 2023, mis à jour le 18 octobre 2023

Faut-il mettre fin à une dépendance néfaste et développer sur d’autres secteurs d’exportation comme l’agriculture et l’artisanat ? Ou bien faut-il continuer à fonder le développement de l’île sur le tourisme ? Le gouvernement provincial de l’île indonésienne a annoncé qu’il allait introduire des règles pour attirer des touristes étrangers d’une « meilleure qualité », notamment en limitant leur nombre. Une taxe individuelle de 10 dollars sera imposée à partir de 2024.

En mai dernier, le gouvernement provincial de l’île indonésienne de Bali a annoncé qu’il allait introduire des règles pour attirer des touristes étrangers d’une « meilleure qualité », notamment en limitant leur nombre. Une taxe individuelle de 10 dollars sera imposée à partir de 2024. Quand on a demandé au gouverneur I Wayan Koster si cette taxe ne découragerait pas les touristes étrangers, il a répondu négativement, déclarant que la taxe permettrait de préserver l’environnement et la culture de Bali, et de construire de meilleures infrastructures, ce qui ferait de l’île un endroit plus confortable et plus sûr.

Le mois suivant, le gouverneur a annoncé la publication d’une liste d’obligations et d’interdictions que les visiteurs devraient observer. Parmi ces obligations, le respect de tout ce qui est religieux, le port d’une tenue décente et un comportement poli dans l’espace public. Cette mesure est présentée comme une réaction à une série de mauvais comportements de visiteurs étrangers depuis le début de 2023.

Enfin, en juillet, les autorités de l’immigration indonésienne ont mis en place un groupe de travail baptisé « Bali ordonné » (Bali Becik) pour sévir contre les visiteurs étrangers qui violent les règles et les normes locales. Les Balinais disposent désormais d’un numéro d’assistance téléphonique pour signaler les étrangers ayant un comportement irrespectueux ou illégal.

 

Une évolution déplaisante

La presse indonésienne rapporte en effet de plus en plus souvent l’expulsion d’Indonésie par les autorités balinaises de ressortissants étrangers pour des motifs divers, en général pour des questions de visa ou autres infractions à la loi ou aux règlements. Les réseaux sociaux se font également l’écho de toutes sortes d’autres griefs.

Pour les sept premiers mois de 2023, près de deux cents personnes ont été expulsées, la plupart pour dépassement de la durée de leur visa ou pour travail illégal. Les trois nationalités les plus nombreuses sont la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni. L’année d’avant, 188 personnes avaient été expulsées.

Il existe aussi des cas de détention de drogue, comme ce Français condamné à 20 ans de prison pour détention de drogue et expulsé en 2018 après avoir passé 19 ans emprisonné, voire de meurtre, comme en 2016, où un Français est abattu après avoir tué un policier venu l’arrêter pour dépassement de la limite de son visa, et où une Australienne et un Britannique ont été arrêtés également pour le meurtre d’un policier.

En 2018 déjà, les autorités de Bali envisageaient de prendre des mesures sévères pour faire cesser les comportements de touristes peu respectueux.

Le Washington Post, dans un article d’avril dernier, intitulé « Bali locals are fed up with bad tourists », rapporte que depuis la réouverture de l’Indonésie aux visiteurs étrangers, on constate à Bali une augmentation du nombre de visiteurs étrangers qui enfreignent la loi. Précédemment en mars, le gouverneur Koster avait demandé au ministère indonésien de la Justice et des Droits de l’homme de supprimer le visa à l’arrivée pour les ressortissants russes et ukrainiens, dont « les infractions étaient plus « significatives » que celles des autres ».

Outre les infractions à la loi, ont aussi été signalés des comportements qui en France sont qualifiés « d’outrage public à la pudeur ». En 2013 par exemple, un couple d’Estoniens avait été arrêté pour avoir été surpris en plein ébat amoureux dans un temple de la région de Gianyar. Il s’en était tiré en étant condamné par le banjar* à une amende de 2 000 dollars pour payer une cérémonie de purification. Le couple avait déclaré ne pas savoir qu’il était interdit de s’adonner à l’acte sexuel dans un temple à Bali. Pour éviter que de tels agissements se reproduisent, des responsables balinais avaient envisagé la pose de panneaux portant la mention « No sex ».

On peut se demander s’il est autorisé de s’adonner à des ébats sexuels dans les églises d’Estonie, même si aujourd’hui, 29 % seulement des citoyens de ce pays déclarent adhérer à une religion. En France, l’article 330 de l’ancien code pénal de 1810 stipulait : « Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur sera punie d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, et d’une amende de 500 francs à 15 000 francs. » L’article 222-32 du nouveau code pénal de 1994 déclare désormais : « L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » On peut aussi se demander ce qui a pu faire penser au couple estonien qu’il n’était pas interdit de forniquer dans un temple à Bali.

Selon Wayan Wardika, un militant écologiste, il faudrait des mesures comme une meilleure signalisation ou l’obligation de prendre un guide pour que les gens comprennent que les temples et les lieux sacrés ne sont pas là pour le décor mais pour la vie de la société.

Par ailleurs, il se commet aussi des infractions qu’on ne tolère dans aucune partie du monde, comme cet Américain qui avait donné des coups sur une voiture de police et a été expulsé en juillet 2023 après environ un mois de détention.

 

L’image actuelle de Bali 

Bali est l’île indonésienne la plus connue dans le monde. La majorité des visiteurs étrangers qui se rendent en Indonésie, quelque 40 % d’une année sur l’autre, arrivent par l’aéroport de Denpasar, la capitale provinciale. On ne sait d’ailleurs pas toujours que celle-ci est en Indonésie, ce qui produit des anecdotes amusantes ou affligeantes.

Bali est surnommée « l’île des Dieux » et qualifiée de « paradis ». Mais ses habitants se plaignent de plus en plus du comportement de certains de leurs visiteurs étrangers.

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Article rédigé par Anda Djoehana Wiradikarta. Français d'origine indonésienne, il est enseignant-chercheur en géopolitique et management culturel. De Total à Asialyst, sa connaissance affûtée de l'Indonésie l'a amené à collaborer avec différents sociétés, universités et sites d'informations.