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Les fleurs engagées du graffeur Bujungan Urban

Des tournesols de toutes les couleurs qui s’égrainent sur les murs de la ville, sous les ponts, sur une boîte électrique... On les appelle Capital Flowers. Ce sont des graffitis en forme de fleurs, si caractéristiques de Jakarta, dont l’artiste s’appelle Bujangan Urban. Elles nous rappellent combien la nature est importante, même et peut être surtout, dans la ville.

Bujungan UrbanBujungan Urban
Bujungan Urban
Écrit par Odyl Devaux-Zeller
Publié le 22 juillet 2024, mis à jour le 23 juillet 2024

Voici le dernier article de notre série consacrée aux artistes indonésiens. Vous pouvez retrouver tous les articles dans l'onglet "Saga de l'été" en une de notre site internet. 

Qui se cache derrière le pseudonyme Bujungan Urban ?

Bujungan Urban, célibataire urbain en bahasa, s’appelle en réalité Rizky Aditya Nugroho, mais beaucoup de gens le connaissent sous le nom de Jablay. Ancien étudiant en Design de Communication Visuelle, il rejoint en 2003 Artcoholic, une communauté de Street Art qui investit les espaces publics de Jakarta avec des graffitis, des peintures murales ou des pochoirs. Sa première exposition personnelle a lieu à Jakarta en 2008.

Par ailleurs, Bujungan Urban est le créateur du groupe numérique Racun Kota, un projet qui lui tient à cœur. Pour l’artiste, il s’agit d’un format d'expression qui peut atteindre un public plus large, et avoir un impact mondial sur le long terme.

En 2020, il participe au Southeast Street Art Festival et recouvre de ses fleurs le mur d'escalade du Solok City Sports Hall. Une œuvre monumentale qui mesure 15 mètres de haut et 6 mètres de large, sa plus grande composition actuelle.
 

"Par le passé, les fleurs ne représentaient qu’une infime partie de mon œuvre. Mais je pense que peu importe la taille de votre idée, si vous en avez la volonté, elle deviendra grande !"

Bujungan Urban
Bujungan Urban, crédit @Odyl

 

Le processus créatif de Bujangan Urban se résume en trois points majeurs

Le faire

"Si vous avez une idée, poursuivez la. Parfois, vous ferez des erreurs, mais les erreurs font partie du processus d'apprentissage."

Étudier

"Il faut creuser, découvrir, être curieux, s’informer. Surtout maintenant que l'information est très facile d'accès."

Respecter la culture

"Si vous faites du Street Art mais que vous ne soutenez ou respectez pas la culture, à quoi bon ?".

Depuis tout petit, il adore le Street Art et a toujours aimé dessiner sur les murs, car pour lui, dessiner sur le mur donne une autre satisfaction. Le Street Art est aussi bien un moyen de s'amuser, qu'un moyen d'expression honnête avec lequel il est difficile de tricher. Il compare son travail à une « publicité » de lui-même.

 

“Si tu es un peintre traditionnel, les gens verront tes œuvres dans une galerie une fois par an, même si tu es très productif. Mais si c’est dans la rue, les gens les verront tous les jours. C'est comme ça que j’entre dans l'histoire de la ville et que je fais partie intégrante de son histoire et de sa culture, comme ici à Jakarta. Et si je dois déménager dans une autre ville, je pourrais faire partie de sa culture en m'appropriant ses murs de la même façon.”

Bujungan Urban
Bujungan Urban, crédit @Odyl

 

Ses inspirations 

Contrairement à ses œuvres de rue, qui sont un support d'expression libre, les œuvres d'art qu'il crée pour des expositions s'accompagnent généralement d'une recherche plus approfondie.

L’Amérique latine, la musique, les conceptions optiques des années 70 et 80 font partie de ses inspirations, au même titre que Jean-Michel Basquiat, Futura 2000 ou Keith Haring. 

 

“Futura 2000 et Keith Haring sont des artistes de rue, ils sont dessinateurs, j'aime beaucoup leurs œuvres qui sont totalement iconiques ! Leur travail prouve que l'image n'a pas besoin d'être compliquée pour devenir emblématique.”


Avec le thème "LOVE & HATE GROW TOGETHER", Bujangan Urban essaie de partager certaines de ses craintes apparues durant la pandémie. Il aimerait faire passer le message que même dans cette situation antagoniste où l’AMOUR et la HAINE se côtoient, nous devons garder un esprit d'unité afin de continuer à grandir ensemble, comme ses fleurs, sur les murs de la ville. 

 

“Si je peins, c'est parce que j'en ai envie. Il ne s’agit nullement de propagande. Mes œuvres en disent long sur mes problèmes personnels, qui sont souvent les mêmes problèmes que ceux ressentis par la majorité de la population. Il ne s’agit pas d'intention d'incitation ou d'influence. L'art n'est pas pour “endoctriner” les gens, mais pour soulever des problématiques, des questions ou tout simplement s'amuser et profiter de la vie.”

 

Bujungan Urban
Bujungan Urban, crédit @Odyl

 

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