Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 2

Yaël Braun-Pivet « Les Français de l’étranger sont le rayonnement de la France »

Yael Braun Pivet presidente assemblee nationaleYael Braun Pivet presidente assemblee nationale
Yaël Braun-Pivet, présidente Assemblée Nationale
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 14 février 2023, mis à jour le 15 mars 2023

Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale a reçu Lepetitjournal.com Jakarta dans la célèbre institution. Après avoir pris le temps de nous faire découvrir l’hémicycle, la présidente a répondu à nos questions.

 

Vous êtes la première femme présidente de l’Assemblée Nationale, comment rester proche des citoyens lorsque l’on occupe de telles fonctions ?

Être proche de nos concitoyens est fondamental. Nous vivons depuis des années une réelle crise démocratique dans notre pays. Il faut regarder la réalité en face, il faut trouver des solutions. On ne peut pas se satisfaire de voir qu’élection après élection, nos compatriotes se détournent de plus en plus des urnes et qu’ils font de moins en moins confiance aux partis politiques et aux hommes et femmes qui exercent des mandats. Il est impératif de renouer le lien démocratique, de retrouver cette confiance perdue. Nous devons rapprocher les citoyens des élus et des institutions qui les représentent. C’est pourquoi, à mon niveau, je multiplie les initiatives pour ouvrir davantage l’institution Assemblée Nationale aux citoyens.

 

Cette maison est celle du peuple : ils doivent pouvoir y entrer et en connaître le fonctionnement.

Je veux aussi que cette Assemblée soit ouverte à la jeunesse. J’organise des événements spécifiques en leur direction. La question démocratique, c’est leur avenir : nous devons les aider à s’en emparer.

Mais il ne suffit pas d’ouvrir l’Assemblée : il faut aussi aller vers les Français. Lors de mes déplacements, je vais à la rencontre des citoyens, des élus, des entrepreneurs, des services de l’Etat. A chaque fois, je tiens à rencontrer des jeunes, qu’ils soient en primaire, collège, au  lycée ou dans l’enseignement supérieur.

 

Vous avez créé l’Assemblée des idées, vous pouvez nous en dire plus ?

« L’Assemblée des idées » naît de ma volonté de faire vivre le débat à tous les niveaux. L’Assemblée Nationale est le lieu du débat et de la délibération entre les députés. Mais il m’a semblé important que ce soit également un lieu de débat pour les citoyens. À travers « l’Assemblée des idées » nous organisons des soirées qui réunissent des experts sur une thématique donnée. Un journaliste anime le débat et le public est constitué de citoyens qui se sont inscrits via les réseaux sociaux ou sur le site de l’Assemblée Nationale. Lors de la dernière édition, nous avons eu un public constitué à 80 % de jeunes entre 20 et 25 ans intéressés par les relations internationales, le thème étant la place de la France dans le monde. L’idée est que les citoyens puissent interagir en exposant leurs idées et poser des questions. Ces séances durent environ deux heures. De mon côté, je fais l’introduction. Je reste ensuite dans la salle et j’écoute les débats. Nous essayons de veiller à ce que ces séances soient dynamiques et que le temps de parole soit partagé.

À la fin de chaque séance, j’échange avec les participants et je suis ravie de voir des citoyens heureux de participer aux débats et de venir à l’Assemblée Nationale. C’est un bel enjeu démocratique. Nous prévoyons de faire ces Assemblées tous les deux mois.

 

Les Français de l’étranger sont très souvent considérés comme des privilégiés ou exilés fiscaux. Comment faire changer les idées reçues ?

Les Français de l’étranger participent au rayonnement de notre pays. Les Alliances françaises et les Instituts français, mais aussi le réseau des lycées français, nous permettent d’être présents sur tous les continents. Les écoles françaises fédèrent de nombreuses familles francophones.

Les Français de l’étranger, c’est notre industrie, notre commerce, notre savoir-faire qui s’exporte. Nos grands groupes internationaux sont tous présents à l’étranger. Notre culture rayonne à travers expositions, projections et autres événements. Tout ceci alimente le dynamisme français.

 

Les Français de l’étranger sont à mon sens tous les ambassadeurs de leur pays et les acteurs de son rayonnement.

Je crois que nos représentations jouent aussi un rôle important lorsqu’il s’agit de valoriser les Français de l’étranger. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des députés et des sénateurs représentant les Français de l’étranger mais aussi sur les conseillers des Français de l’étranger, en plus de notre représentation diplomatique et consulaire : ils portent haut la voix de nos compatriotes. Ils les défendent et se mobilisent pour eux également. Pendant la période Covid notamment, j’ai pu constater l’engagement des parlementaires qui se battaient pour aider les Français de l’étranger à  avoir accès au vaccin ou à rentrer en France.

 

Vous avez vécu 10 ans à l’étranger (Taiwan, Japon et Portugal), qu’est-ce que cette expérience vous a apportée ?  

Cela m’a apporté énormément sur tous les plans. On se retrouve avec sa famille, confronté à un environnement différent, une autre culture et une façon de vivre différente. Il faut être capable de s’adapter, de comprendre les codes et de se les approprier. On apprend aussi le respect des différences.

Lorsque l’on vit à l’étranger, on voit que chacun vit en fonction d’un modèle qui lui est propre, qui est le fruit de son histoire, de sa géographie, de sa culture et finalement ce modèle n’est pas plus mauvais ou meilleur qu’un autre. Il correspond à la singularité du pays. Je suis toujours étonnée d’entendre que le monde entier nous envie ! Lorsque l’on vit à l’étranger, on se rend compte que ce n’est pas tout à le fait cas. Cela ne veut pas dire que notre système n’est pas bon, mais chacun a son propre modèle. Cela appelle a un peu plus de modestie et cela peut nous inciter aussi à nous intéresser de plus près à ces modèles, parfois à s’en inspirer.

Vivre à l’étranger m’a aussi permis de découvrir la richesse des Français de l’étranger.

Quand on habite dans l’hexagone, on a une tendance très naturelle à côtoyer des gens qui évoluent dans les mêmes environnements. Quand vous vivez à l’étranger, vous côtoyez toute une communauté française, de tous horizons, de tous les territoires de France, de professions différentes, de tous les âges et de tous les styles. C’est vraiment très enrichissant. 

 

Une question plus personnelle, vous êtes une femme, maman de cinq enfants, quatrième personnage de l’Etat, comment arrivez-vous à gérer votre quotidien ?

Il faut être très organisé, c’est certain. Mon mari, qui est cadre pour un grand groupe français, est pleinement engagé dans la logistique familiale. J’ai encore trois enfants à la maison. Je prends le temps de faire les courses. Le dimanche, je m’occupe des taches ménagères, des repas. Je tiens à rester en contact avec la réalité, c’est indispensable ! Le temps que je consacre à ma famille est important pour moi, même si je suis moins présente, mes enfants savent que je les aime. Je trouve toujours un moment pour eux