Pongal est une fête du calendrier hindou, celle des moissons. Elle se déroule généralement mi-janvier (cette année du 15 au 18 janvier), et est très célébrée dans le sud de l'Inde, en particulier par la communauté tamoul. On vous raconte tout !
Pon… quoi ?
A l’origine, Pongal était célébré par les agriculteurs pour louer les dieux et bénir les bêtes qui les ont aidés dans le travail des champs. Aujourd’hui, Pongal est devenu une fête populaire, célébrée par toutes les castes, en ville comme dans les campagnes. Le festival se déroule sur 4 jours dans une grande ferveur et autour de nombreuses traditions. A noter : dans les autres États, Pongal est fêté autrement et ne porte pas forcement le même nom. Au Gujarat par exemple, il s’agit de l’Uttarayan, et dans le Maharashtra c'est Makar Sankranti, tous deux des festivals de cerf-volants.
Une célébration sur 4 jours
Le 1er jour, c’est Bhogi : on met à l’honneur le dieu Indra, dieu des nuages qui donne la pluie, pour l’abondance des récoltes et prospérité de la terre. Dans les maisons, c’est le grand nettoyage : on jette les vieux objets et vêtements et on en achète de nouveaux. Un nouveau cycle se prépare. A l’origine, les déchets agricoles étaient jetés dans un feu de bois, ce feu symbolisant une sorte de prière pour que les hommes et les bêtes puissent être protégés du froid jusqu’au dernier jour de l’hiver. De nos jours, pour garder cette symbolique, les habitants jettent au feu tout ce dont ils ne veulent plus : vêtements mais aussi plastique et autres objets domestiques… qui ne devraient bien sûr pas être brulés de la sorte. Cela a inévitablement un impact sur l’environnement et l’air respiré. En 2018, plusieurs vols ont même été retardés à cause de l’épaisse fumée de ces feux…
Le 2ème jour, c’est Thai Pongal : C’est la journée la plus « importante ». Elle commence par un bain rituel à l’huile : on applique de l’huile sur tout le corps et les cheveux. Ensuite, on décore la maison avec de jolis Kolam (dessins de formes géométriques, tracés à même le sol, avec de la poudre de riz et des poudres de couleur), on s’habille avec nos nouveaux habits et bien sûr on prépare le "Pongal". C'est un plat fait de mélange de riz, sucre, lait et dhal dans un pot en argile neuf. Lorsque la préparation déborde du pot (symbole de prospérité et d'abondance), les gens disent en cœur alors "Pongalô, Pongal ! Pongalô, Pongal !". Il est offert en offrande à Surya, le dieu du Soleil.
Le 3ème jour, c’est Mattu Pongal. Mattu signifiant vache en tamoul, c’est le jour de la vache ! On rend hommage aux troupeaux qui ont aidé les fermiers pendant les mois précédents, les vaches sont donc mises à l’honneur : elles sont lavées, leurs cornes sont colorées et on leur ajoute des petites clochettes ou des guirlandes de fleurs…
Mais ce n’est pas tout ! Qui dit Mattu Pongal dit vache dit taureau dit Jallikattu ! Ce sport consiste à attraper les pièces qui sont accrochées aux cornes du taureau. Le grand gagnant est celui qui décroche les pièces en domptant l’animal. A la différence d’une corrida, le taureau n’est pas sacrifié à la fin de la journée, et le taureau le plus valeureux gagnera même le droit de perpétuer sa race. Ce sport fait débat : il est dangereux, chaque année, de nombreuses personnes sont blessées, parfois même tuées (23 personnes seraient décédées en 2017), et les défenseurs des animaux ne le voient pas d’un très bon œil (les nerfs des taureaux sont mis à rude épreuve !). Ainsi, en 2006, suite à la mort d’un spectateur, Jallikattu fut interdit. Puis réintroduit en 2009, à nouveau interdit en 2011 puis réintroduit… En 2014, la Cour Suprême interdit cette pratique, puis le BJP (le parti politique actuellement au pouvoir) l’autorisera en 2016. En 2017, de très nombreux regroupements ont eu lieu, les habitants du Tamil Nadu protestant pour garder ce sport vieux de 2500 ans qui représente leur culture et héritage. La Cour Suprême n’aurait toujours pas statué sur le sort des Jallikattu, le débat est donc toujours ouvert entre défenseurs des animaux et avocats des traditions culturelles régionales. Pour ceux que cela intéresse, le film Jallikattu est sorti en 2019 (attention interdit aux moins de 12 ans).
En 2022, l'acteur célèbre Kamal Hasan, fondateur d'un parti politique récent, a déclaré vouloir organiser un événement de Jallikattu à Chennai (ndlr : ce "sport" est traditionnellement une activité rurale) pour initier le public urbain.
Le 4ème jour, c’est Kaanum Pongal : on profite de ce jour pour se rassembler entre amis et en famille. Tout le monde rentre dans sa « native » pour profiter de ses proches. Chacun apporte de la nourriture et se retrouve quelque part : dans un parc, à la plage, chez un proche. Selon les locaux, ce serait LE jour (de l’année) durant lequel on peut boire de l’alcool ouvertement.
Voilà vous en savez un peu plus sur cet évènement majeur !
Happy Pongal à tous !