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La sécurité routière en Inde a du chemin à faire

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 25 novembre 2019, mis à jour le 19 décembre 2023

D’après l’OMS, 300 000 personnes perdent la vie chaque année en Inde à la suite d’accidents de la route ; près de la moitié d’entre eux sont des deux-roues, des cyclistes ou des piétons. Où en est l’Inde sur ce sujet de santé publique majeur ? 

 

Pourquoi la route tue énormément en Inde

Avec plus de 5 millions de kilomètres de routes, l’Inde possède l’un des plus grands réseaux routiers du Monde. Mais aussi l’un des plus mortels : 300 000 personnes seraient tuées chaque année dans tout le pays. Et c’est le Tamil Nadu qui affiche l’un des plus forts taux de mortalité avec plus de 65 000 personnes en un an ! La ville de Chennai est d’ailleurs sur le podium des villes les plus mortelles sur la route… Faisons le point sur les causes souvent évoquées  d’un tel fléau dans les médias :

  • L’introduction massive de nouveaux véhicules chaque année qui forcément amène à un trafic plus intense, plus dense et plus accidenté. Aujourd’hui on estime que l’Inde vit l’une des augmentations annuelles moyennes les plus rapides du monde et que 25 millions de véhicules y roulent.
  • La diversité des usagers : voitures, camions, bus, deux-roues, rickshaws ou vélos-rickshaws, vélos, piétons bien sûr mais également carrioles, vaches, ou encore chameaux et animaux errants se partagent les routes…et chacun à son rythme ! A ce propos, on estimait à quelques 550 personnes tuées dans des accidents liés à des animaux errants sur les routes.
  • Les infrastructures non adaptées : Malgré des efforts dans certaines régions, il manque des passages piétons, des trottoirs, des pistes cyclables, de l’éclairage. On constate d'ailleurs que la majorité des accidents ont lieu entre 18 et 21h, car c’est à ce moment-là que les automobilistes rentrent chez eux, certains fatigués et/ou en état d’ébriété, alors même que la baisse de luminosité n’est pas toujours compensée par l’éclairage de rue. Mais il y a aussi la qualité des routes qui laisse sérieusement à désirer parfois ; et une route mal entretenue peut dévier des trajectoires, faire crever, provoquer des chutes etc…
  • Le comportement des usagers indiens, un vrai grand problème à souligner. Selon le ministère des Transports, 77% des accidents sont provoqués par un comportement inapproprié de conducteurs : la vitesse bien sûr mais aussi la conduite sous influence d’alcool (voir notre article sur ce fléau en Inde). Il y a aussi de nombreux conducteurs très sûrs d’eux, qui ne respectent peu ou pas les panneaux de signalisation, ne prennent pas en compte les autres, n’attachent pas leur ceinture, ne portent pas le casque en moto ou encore conduisent à contre sens…

Oui, les défis de la sécurité routière sont immenses pour le gouvernement indien…

 

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Mais que font les autorités ?

En septembre dernier, à travers une nouvelle loi, le montant des contraventions a été multiplié entre 2 et 10. Cette décision a créé un tollé parmi la population qui ne peut pas faire face à de telles amendes, allant jusqu’à 200 000 roupies (l’exemple d’un chauffeur à New Delhi qui conduisait sans permis…). Nitin Gadkari, ministre indien des transports, s’en défend, déclarant que  « Le gouvernement ne fait pas ça pour remplir les caisses de l’État, mais pour sauver des vies ». Ce n’est pas la 1ère fois que des décisions gouvernementales sont contestées ou même carrément contournées par la population et les Etats eux-mêmes. L’exemple le plus parlant est la décision de contrôler la consommation d’alcool autour des routes : en mars 2017, la Cour suprême indienne interdit la vente de bières, vins et spiritueux dans tous les bars et hôtels situés à moins de 500 m des autoroutes; Mais le mois suivant, certains Etats ont fait changer le statut juridique desdites autoroutes pour contourner la loi…

 

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En 2016, l’Etat de Madhya Pradesh a apposé des bandes réfléchissantes orange sur les cornes de quelques 300 vaches et taureaux pour aider les automobilistes à les repérer. En juillet 2015, le port du casque est devenu obligatoire dans le Tamil Nadu sous peine de rétention du permis et de mise en fourrière du véhicule. Une réglementation que l’on peut retrouver sur de nombreux panneaux dans les rues de Chennai…mais pas forcément sur la tête des conducteurs !  En fait, si le chauffeur porte (parfois) le casque, c’est rarement le cas du(des) passager(s)… [ndlr : en France, le port du casque est obligatoire depuis 1973].

En 2015, un évènement « Kerala Road Safety Hackathon »  était lancé dans le Kerala par des entreprises privées en collaboration avec les autorités locales. L’idée était de rassembler plus de 120 développeurs indiens pour concevoir en 24 heures des solutions concrètes pour améliorer les infrastructures existantes (route, signalisation, etc.) ou favoriser les interventions d'urgence en mettant en place des systèmes d'alerte pour les autorités locales (police, services médicaux ou pompiers) [ndlr Lepetitjournal de Chennai n’a malheureusement pas mis la main sur les projets qui se sont concrétisés par la suite.]

En conclusion, fort est de constater qu’il n’y pas vraiment aujourd’hui de ligne de conduite nationale nette et annoncée sur la lutte pour la sécurité routière ; Chaque Etat prend des initiatives plus ou moins suivies et plus ou moins impactantes.

 

Une initiative française à saluer

Mi-novembre 2019, Handicap International et la Fondation PSA ont annoncé un partenariat pour un projet de prévention routière en Inde et particulièrement dans le Tamil Nadu où PSA est implanté. « Nous sommes très fiers d’engager ce partenariat avec Handicap International en Inde dans un nouveau territoire d’implantation du Groupe PSA et de la marque Citroën. La particularité de ce programme réside dans son objectif : il s’agit, via la sensibilisation des enfants d’écoles pilotes et de leurs parents, la formation des enseignants et la mise en place de « safety school zones », de transmettre les meilleures pratiques en matière de sécurité routière afin que ces pratiques éprouvées puissent être ensuite essaimées par les acteurs institutionnels sur tout le territoire de Chennai puis du Tamil Nadu » déclare Karine Hillaireau Déléguée Générale de la Fondation PSA. Le programme « ensemble pour des routes plus sûres au Tamil Nadu en Inde » se décline en 2 volets : le 1er consiste à sécuriser les abords des établissements scolaires de Chennai, le 2nd est la mise en place d’une campagne de communication de sensibilisation sur les réseaux sociaux.

 

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