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5 remarques étonnantes que les Indiens font sur l’alimentation

Revenons sur 5 remarques (véridiques) que les Indiens ont pu faire aux étrangers sur leur alimentation ou leurs habitudes culinaires et découvrons, à travers elles,  des grandes différences ou des faits de société qui nous poussent à la réflexion et à l’ouverture d’esprit.

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 2 juillet 2020, mis à jour le 27 mars 2024

 

 

« Ta femme ne te prépare pas de lunch box le matin ? »

Heure de déjeuner au bureau. Raju sort sa lunch box de son sac, et constate que Cyril, son collègue occidental, n’en a pas. « Et toi, où est ta lunch box ? ». Cyril sourit et commence son plat acheté au self-service. Car en France, il avait plutôt tendance à demander à ses collègues « alors, on va déjeuner où aujourd’hui ? Sandwich à la boulangerie ou ticket resto à la brasserie ? »

Il faut savoir que la plupart des Indiens préfèrent de très loin les plats cuisinés avec soin par leur entourage (généralement l’épouse, la maman ou parfois la sœur) plutôt que la restauration rapide ou d’entreprise. De plus, ils ont ainsi l’assurance que le plat qu’ils mangeront a été cuisiné selon leur goût, et leur caste (et oui on y revient toujours…par exemple un brahmane ne mangera pas un plat cuisiné dans un récipient en terre cuite).

On l’a compris, la lunch box est une tradition très ancrée en Inde. Si Raju l’a sortie de son sac, il y a certaines villes où elle est directement livrée au bureau ! En effet, au-delà de cette petite boîte souvent métallisée et compartimentée (avec riz, légumes, lait caillé, chapatis…), se cache un système de distribution unique au monde, de quoi faire rougir Deliveroo ou Uber Eats ! Tout commencerait en 1890, lorsqu’un riche homme d’affaires indien demande à un jeune homme de lui porter son repas du midi sur son lieu de travail se trouvant de l’autre côté de la ville de Bombay. Au fil du temps, un système  infaillible - un taux d’erreur annoncé de 1 sur 16 millions -  se déploie et ce sont aujourd’hui  les Dabbawallah (en hindi « livreurs de gamelles ») qui livrent  à Bombay quelques 20 000 commandes quotidiennes, dans des bureaux disséminés. Un film de Ritesh Batra est d’ailleurs sorti  à ce sujet en 2013, que lepetitjournal de Chennai vous conseille de voir : Lunchbox

 

lunch box bombay india

 

« Pourquoi manges-tu avec des couverts ? Tu as peur de te salir les doigts ? »

Hier à la cantine, un Indien s’est tourné vers l’expatrié fraichement arrivé et lui a demandé pourquoi il se compliquait la vie à manger avec une fourchette. L’expatrié, amusé, lui a répondu que c’était sans doute plus hygiénique et pratique. Qui a raison, qui a tort ? Personne !  On est face à une différence de culture et d’habitudes, tout simplement.

La majorité des Indiens mangent avec les mains, surtout la droite (la gauche étant réservée pour des usages différents ou impurs). Cela peut paraître mal élevé ou sale pour un occidental mais ici c’est tout à fait normal, et c’est même essentiel. En effet, la pratique de manger avec les mains trouverait son origine dans les enseignements ayurvédiques : le pouvoir est entre les mains, et les doigts seraient l’extension des 5 éléments : « Par le pouce vient l'espace; à travers l'index, l'air; à travers le majeur, le feu; à travers l'annulaire, l'eau et à travers le petit doigt, c'est de la terre. » De plus, manger avec les doigts aurait des avantages pour la santé : se sentir rassasié plus tôt et donc moins manger ou améliorer sa digestion (le cerveau reçoit immédiatement le signal que l’on mange), se protéger des brûlures (car la main le sent) etc…

 

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« Ta nourriture me paraît fade, elle n’a pas de goût »

C’est bien connu hein, l’Inde est friande de cuisine épicée, celle qui vous donne l’impression de cracher du feu à chaque bouchée… Les Occidentaux n’y sont pas autant habitués et d’ailleurs, même si vous demandez un plat « not spicy please », vous retrouvez toujours un peu cette sensation piquante dans la bouche… Même les plats pour les enfants ne sont pas épargnés !

Les plats indiens sont donc très riches en épices et en goût ; tout le monde est « biberonné » depuis la tendre enfance à l’épice et au piquant (On raconte ainsi que même le lait maternel est épicé, lié à l’alimentation de la maman).  Forcément, à côté, notre alimentation leur paraît bien fade et insipide… Mais y a-t-il une raison particulière à manger « si » épicé ? Très concrètement, les épices peuvent protéger les aliments des bactéries comme le ferait un frigidaire. De plus, elles peuvent être utiles contre certaines maladies. La cannelle, par exemple, diminuerait les problèmes de dos. Les piments, quant à eux, sont excellents pour la circulation sanguine (et donc faire baisser rapidement la pression artérielle). Le curry, lui, est connu pour stimuler l'appétit et faciliter la digestion, et, en cas de douleurs musculaires ou de maux de tête, le gingembre peut faire des miracles. Ainsi, une nourriture bien épicée permettrait d’avoir une meilleure espérance de vie mais aussi  un sentiment de satiété qui repousse le moment de grignoter.

 

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« Bluuuuuurp »

Le repas se termine chez notre hôte indien, c’était délicieux (et épicé…). Et là, « bluuuurp » se fait entendre. Un rot de fin de repas. Réaction de surprise et de dégoût immédiat. Notre hôte n’a sûrement pas fait exprès… si ? Est-ce normal ? Oui, c’est normal. En Inde, roter lors des repas est fréquent et même bien vu …Cette attitude est culturelle et indispensable pour être poli, car cela signifie que vous avez apprécié ce que l’on vous a servi. De manière générale, essayez de ne pas être choqué(e) par certains bruits corporels qui vous paraissent ragoûtants ; il faut y voir parfois de simples divergences d’habitudes et de perceptions. 

 

« Allons boire un verre »

Bon, cette remarque parait anodine. Deux informations que nous voudrions développer là-dessus. D’abord, la simple différence d’interprétation : S’il nous arrive de poser la question après une journée de travail ou à ses amis le weekend, gardez-vous de prononcer trop souvent cette phrase en Inde ! En effet, votre interlocuteur Indien entend par là que vous l’invitez à prendre un (des) verre(s) et profitera (largement) de cet avantage généreux de votre part. Libre à vous d’inviter vos amis indiens bien sûr ! Mais, au moment de l’addition, vous êtes prévenu(e)s…

Abordons ensuite la face cachée de cette question : l’alcool en Inde. Selon l’OMS, les buveurs Indiens font ainsi partie des plus gros consommateurs au monde avec 28,7 litres d’alcool pur bu en moyenne par an (dont 77% d’alcool fort) contre 12,9 litres pour les Français, par exemple. La consommation excessive est donc alarmante, même si cela commence doucement à changer grâce à une élite plus aisée et éduquée. Les Etats tentent, plus ou moins avec succès et objectivité, de pallier à ce problème de santé publique. Mais, finalement, les actions restent ambigües (Certains Etats ont le quasi-monopole de la distribution d’alcool et touchent donc d’importants revenus grâce à sa vente) et contournées (exemple en mars 2017, la Cour suprême indienne interdit la vente de bières, vins et spiritueux dans tous les bars et hôtels situés à moins de 500m des autoroutes nationales ; le mois suivant, certains Etats changent simplement le statut juridique desdites autoroutes pour contourner la loi.) On salue toutefois l’initiative collective des Dry Day, (jours sans alcool) pour empêcher les débordements incontrôlables lors de grandes fêtes ou d’élections. Aujourd’hui,  sans réelle campagne de sensibilisation, le sujet de l’alcool reste très tabou et préoccupant.

 

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