Depuis son ouverture en 1928, le zoo de Varsovie, représente un témoin de l'Histoire de la ville. Rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, il a joué un rôle primordial lors de celle-ci. Il a abrité de nombreux Juifs et résistants grâce à une seule famille, la famille Żabiński, dont le chef de famille, Jan Żabiński, était le directeur de 1929 à 1951. Un film, La femme du gardien de Zoo, et deux livres, La femme du gardien de Zoo et Les Hommes et les animaux, retracent d'ailleurs leur histoire. Cependant ceux-ci sont assez romancés et comportent de nombreuses inexactitudes. Lepetitjournal.com/Varsovie s'est rendu, dans le cadre des visites culturelles de Varsovie Accueil, sur les traces de cette famille, dans la maison où ils ont habité et caché de nombreuses personnes.
Le Zoo dans la période avant guerre
L'histoire entre la famille Żabiński et le Zoo débute en 1929, lorsque Jan Żabiński est désigné directeur. Il construit alors sa maison, La Villa, où il habite avec sa femme et son fils qui naît en 1931. Dans les années 30, le zoo est un lieu où l'on peut observer les animaux d'une part mais également un lieu culturel très riche. De nombreux concerts y sont organisés et des œuvres d'artistes en vogue y sont exposées comme des sculptures de Magdalena Grocz, qui se cachera ensuite dans la Villa pendant la guerre. La Villa est aussi un endroit de vie sociale, de nombreuses personnalités s'y rencontrent, c'est un des salons prisés de Varsovie avant la guerre. En dehors de leurs occupations au zoo, Jan participe à des émissions de radio sur les animaux et, Antonina, sa femme, écrit des livres pour enfants. Ces derniers sont également très souvent en voyage à l'étranger afin de rencontrer d'autres directeurs de zoo et Antonina est chargée de l'infirmerie des animaux. Elle les soigne d'ailleurs à domicile, ce qui confère une atmosphère un peu absurde à la maison, on pouvait croiser des chimpanzés et toutes sortes d'animaux, d'où l’attribution du nom de la Villa : « Sous une étoile folle ».
Le Zoo pendant la guerre
Le Zoo est bombardé dès 1939, de nombreux animaux brûlent et meurent suite à ces bombardements. Certains réussissent à survivre. Les Allemands n'ont cependant pas le projet de maintenir le zoo en activité et emmènent une grande partie des animaux en Allemagne. Ceux qui ont le moins de valeur ou qui sont difficiles à transporter sont alors tués par les Allemands, ce qui est un drame pour Żabiński. Le zoo ne cesse pas d'exister, mais est reconverti en porcherie afin que les Allemands puissent obtenir de la viande. Cependant, de nombreuses maladies s’y développent et ils ont l'idée de la transformer en jardin. Plus aucun animal n'habite dans les cages.
Pendant cette période, en parallèle, la famille Żabiński qui habite toujours la villa cache de nombreux Juifs et membres du mouvement militaire clandestin, dont elle fait elle-même partie. On estime qu'environ 300 personnes sont passées par la villa pendant toute la durée de la guerre. Afin de ne pas éveiller les soupçons et éviter de se faire démasquer, Jan Żabiński doit faire preuve de ruse. Avant la guerre, il était très ami avec Schumann Tennenbaum, un Juif polonais qui possédait une vaste collection d'insectes. Suite à la construction du Ghetto de Varsovie, Tennenbaum confie sa collection au directeur du zoo avant d'être enfermé. Dans le Ghetto, celui-ci fait la connaissance du chef du Arbeitsamt (bureau de l'emploi), qui est lui aussi passionné par les insectes et il l’envoie alors chez Żabiński afin qu'il puisse admirer sa collection. Connaître le chef du Arbeitsamt permet alors à Żabiński de rentrer et de sortir du ghetto facilement et de pouvoir emmener avec lui certains Juifs sans que la police ne pose de questions. Żabiński était également amené à rentrer dans le ghetto pour y récupérer les déchets de nourriture destinés aux cochons. Afin d’emmener les Juifs jusqu'au zoo, situé de l'autre côté de la Vistule, il fallait traverser le pont et se soumettre à des contrôles allemands. Pour ne pas se faire démasquer, Jan se faisait aider par à un de ses amis, propriétaire d’une calèche, dans laquelle il cachait les Juifs. Pour échapper à ces contrôles, celui-ci s'imbibait de vodka se faisait traiter d'alcoolique répugnant et poursuivait ainsi sa route sans être contrôlé. Les personnes recueillies dans la maison des Żabiński étaient cachées dans de petites salles au sous-sol de la maison qui servaient auparavant de dépôt pour la nourriture des employés et des animaux du zoo. Les pièces étaient petites, sombres et exiguës, mais avaient le mérite de constituer un abri. Certaines personnes étaient cachées dans les cages destinées aux faisans lorsqu’il n'y avait pas assez de place dans la maison. Le sous-sol était relié à l'extérieur par un petit tunnel, bien loin du long tunnel mis en scène dans le film, par lequel les personnes pouvaient sortir en cas de danger. Lorsqu’un danger se profilait, Antonina les avertissait en jouant un morceau de Offenbach au piano, La belle Hélène. Pendant toute la durée de la guerre, les Allemands n’ont jamais soupçonné que des Juifs étaient cachés dans la villa. Żabiński recevait souvent chez lui, tant le directeur du Arbeitsamt que les officiers pour admirer la collection d'insectes.
Le Zoo après la guerre
A la fin de la guerre, les Żabiński souhaitent ré-ouvrir le Zoo. Cependant, compte tenu de l'état de la ville en 1945 et de la quantité de travaux à effectuer, la reconstruction du zoo n’est pas une priorité et aucun budget n'y est accordé. Les autorités ont alors le projet, de reconvertir le zoo en parc. Après de nombreuses négociations, les Żabińskis réussissent à les convaincre de renoncer à leur idée, mais malheureusement aucun budget n’y est consacré. La famille du directeur décide alors d'alerter la presse et d'annoncer l’ouverture du zoo. Devant l’enthousiasme des Varsoviens le gouvernement n’a d’autre choix que d'accepter et de permettre cette réouverture, qui a lieu en 1948. A partir 1951, les fonctions de directeur du zoo de Żabiński prennent fin, il est accusé d'avoir comploté avec les allemands, car il les recevait souvent chez lui. Il déménage avec sa femme dans le quartier de Mokotow. Il continuera de participer à des émissions de radio et Antonina écrira un livre auto-biographique pour raconter leur histoire. Cependant, le régime communise l’obligera à s’auto-censurer. En 1965, Żabiński reçoit la médaille de Juste pour la nation. Pendant la cérémonie, celui-ci expliquera qu'il a seulement fait un acte d'Humanité. Il décèdera en 1974.