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ZYGMUNT MILOSZEWSKI – Un écrivain engagé

Zygmund Miloszewski, écrivainZygmund Miloszewski, écrivain
Écrit par Alexandra Levy
Publié le 13 juin 2018, mis à jour le 13 juin 2018

Il n’est plus nécessaire de présenter Zygmunt Miłoszewski, étoile montante du monde littéraire polonais, auteur de romans policiers et père du célèbre procureur Teodor Szacki impliqué dans des enquêtes redoutables, adaptées au cinéma. Mais davantage que des romans policiers ses œuvres sont avant tout une analyse très fine de la société polonaise qu’il décrit avec beaucoup de mordant. Nous vous avons déjà présenté ses livres, parlons maintenant de l’auteur  avec qui nous avons eu le plaisir d’échanger grâce à une rencontre organisée par Varsovie Accueil.

 

La vie  d’un écrivain

Zygmunt Miłoszewski n’avait pas pour ambition de devenir écrivain. Mais sa passion de toujours pour la lecture ainsi que des rencontres et la découverte des romans de Mankells ou Pierre Lemaître l’ont entraîné  dans cette voie dans laquelle il excelle et qui le pousse donc à continuer. Si rechercher des idées, réfléchir à l’intrigue lui plaisent énormément la solitude qui s’ensuit une fois que l’écriture commence et qui implique d’être seul face à son travail et de ne pas pouvoir échanger ses idées rendent pour lui le métier d’écrivain très pesant. Il n’a pas de plan précis en tête quand il écrit, des milliers de pièces volent dans sa tête qu’il essaie d’agencer  pour répondre à son idée.

 

Ce qui lui tient à cœur, davantage que l’intrigue elle-même c’est d’aborder des sujets et problèmes de société. « Je ne crois pas au fait d‘écrire juste pour le plaisir et le divertissement. J’écris pour la société ».  Et il y réussit avec brio dans sa trilogie qui aborde successivement les thèmes du communisme dans Les impliqués, de l’antisémitisme dans Un fond de vérité et de la violence conjugale dans La rage.

S’il adopte parfois un ton très cynique et se montre critique envers son pays c’est parce qu’il en va selon lui de sa responsabilité d’écrivain de parler des dysfonctionnements, des travers de son pays. « Un pays ne peut pas choisir qu’une partie de son histoire et passer sous silence les moments sombres.  Il faut accepter toute l’histoire du pays pour que l’identité nationale reste en vie ».  Selon lui, la Pologne a tendance à ne parler que des moments glorieux de son histoire.

 

Proche de ses traducteurs

Les œuvres de l’écrivain polonais sont traduites en 70 langues. Il insiste sur le fait que la difficulté  pour un écrivain ne réside pas dans le fait d’être traduit mais d’être lu à l’étranger et ça va dépendre de la relation qu’il entretient avec ses traducteurs qui est primordiale ! Sa trilogie est d’ailleurs née grâce à son traducteurs anglais. Après la publication de Les Impliqués ce dernier lui a proposé une traduction et une ouverture vers les lecteurs anglais et américains à condition de faire une trilogie, ce qui n’était pas au départ dans les intentions de Zygmunt Miłoszewski. C’est aux Etats-Unis et en France que ses livres rencontrent le plus de succès. Il existe en effet une véritable collaboration avec son traducteur français, Kamil Barabarski, devenu un ami très proche,  qui apporte une vraie valeur ajoutée à la version française. Les traductions profitent en effet d’une amélioration par rapport à le version polonaise  et subissent  parfois quelques modifications par rapport à la version originale. Certains passages n’auraient en effet aucun sens pour le lecteur étranger et rendraient la lecture plus ardue. De plus la traduction qui a lieu environ deux ans après la publication en Pologne tient compte des retours des lecteurs en Pologne. Ainsi ces derniers étaient déçus par la fin de la trilogie qui est très ouverte et laisse planer beaucoup d’incertitudes quant au personnage principal. Suite à toutes ces critiques négatives, l’édition de la version française a offert la possibilité de modifier la fin pour qu’elle soit plus précise et corresponde davantage à ce que l’auteur avait d’ailleurs en tête dès le départ.

 

Et proche de ses lecteurs

Il tient à cœur à Zygmunt Miłoszewski de rester proche de ses lecteurs, d’aller à leur rencontre et recueillir leurs impresssions. Ces échanges sont pour lui une source d’enrichissement et lui permettent de réaliser comment son pays est perçu à l’étranger, ce qui rejoint la vision qu’il a de la littérature qui est pour lui un des moyens de découvrir les coutumes d’un pays.

Il constate que les discussions qu’il entretient avec ses lecteurs polonais ne sont pas les mêmes que celles qu’il a avec ses lecteurs français qui sont plutôt intéressés par les détails de la vie quotidienne, le mode de vie  ici en Pologne, alors que les problèmes de société ou les détails de l’intrigue sont au cœur de ses échanges avec les lecteurs polonais.

 

Son dernier livre, Jak zawsze,  démontre la volonté de Zygmunt Miłoszewski de ne pas se cantonner aux romans policiers. Cette comédie raconte l’histoire d’amour d’un couple au crépuscule de sa vie qui se réveille un jour 50 ans plus tôt. La vie leur offre ainsi qu’à la Pologne une deuxième chance de vivre leur histoire.

Mais il faudra faire preuve d’un peu de patience avant de découvrir la version française.

 

 

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