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Animaux sans abris: le travail épatant du refuge Paluch

PALUCH refugePALUCH refuge
Écrit par Julien Apaloo
Publié le 20 février 2019, mis à jour le 19 septembre 2024

Situé au sud-ouest de Varsovie, non loin de l’aéroport de Varsovie-Chopin, le Refuge pour animaux sans abri de Paluch (Schronisko na Paluchu) est le plus grand refuge pour animaux de Pologne. C’est aujourd’hui l’endroit de référence en termes d’action et de protection des animaux sans abri. LePetitJournal.com/Varsovie vous propose de découvrir leur travail tout en s’interrogeant sur la place des animaux domestiques en Pologne et pour les Varsoviens.

Vendredi matin. Rendez-vous  rue Paluch, au numéro 2, dans le sud de Varsovie, dans un environnement propice à la promenade. Le coin est un peu désert, les aboiements forcent l’isolement, mais Joanna est bien là. Elle fait parti des 63  employées du refuge. « Je travaille au service des relations publiques, on se charge de la promotion du refuge et de la mise en place d’actions », m’explique-t-elle avec enthousiasme.  Schronisko na Paluchu est le plus grand refuge de Pologne et pour cause, tous les aspects de la prise en charge des animaux sont couverts. « Il y a le secteur des relations publiques, les vétérinaires, l’administration, et des auxiliaires de santé animale. Chaque chien a un auxiliaire et un volontaire qui s’occupent de son suivi », précise Joanna.

En effet, outre les auxiliaires qui sont des professionnels, des volontaires (au nombre de 300 actuellement) participent à la vie du refuge en promenant les chiens ou encore en se chargeant de réfléchir à leur promotion sur les réseaux sociaux.

« Ce refuge est différent des autres refuges polonais. Ici nous avons les conditions pour travailler parce que nous sommes supportés financièrement par la ville », prévient Joanna. Fondé en 2001 avec l’appui de la municipalité de Varsovie, le Refuge pour animaux sans abri de Paluch accueille chiens et chats abandonnés, perdus ou maltraités et tente de leur trouver un nouveau foyer. « Nous recevons aussi des couvertures, des brassières pour promener les chiens, des jouets, etc. Mais nous n’acceptons pas de nourriture parce que nous voulons que chaque animal ait la même nourriture chaque jours. Nous recevons aussi des dons mais la majeure partie de notre financement vient de la municipalité ».

Cela permet au refuge d’avoir des espaces médicaux, une zone de quarantaine pour les

animaux arrivants, un suivi particulier pour chaque animal, un bus et un grand terrain pour que les chiens puissent se défouler. C’est aussi ce qui permet au refuge d’avoir un processus d’adoption très individualisé. « Si vous voulez adopter un chiot, vous venez au refuge, vous remplissez le questionnaire adéquat, vous passez un entretien et si vous remplissez tous les critères vous pouvez adopter un chiot. Si c’est un adulte c’est différent », explique celle qui est volontaire depuis quatre ans. Vous devez en plus participez à deux promenades avec les volontaires et  si ceux-ci pensent que vous êtes un  foyer qui convient pour le chien,vous remplissez un questionnaire, vous passez l’entretien et ensuite vous pouvez l’emmenez. Ces étapes supplémentaires permettent d’assurer que la relation entre le chien et le futur maître soit la meilleure. Ce sont d’ailleurs les volontaires qui aident les personnes à choisir le bon chien en fonction de leur mode de vie et du caractère du chien.

Grâce à cette procédure d’adoption, le refuge affiche des résultats probants. Si environ 300 animaux (200 chiens et une centaine de chats) arrivent chaque mois, le même nombre quitte le refuge sur la même période. Mais cela n’a pas toujours été le cas. En effet, au début des années 2010 « il y avait une période très compliquée avec près de 2000 chiens ici, c’était difficile de leur trouver tous un foyer, se souvient Joanna. Par exemple en 2018 nous avions des chiens qui étaient arrivés ici en 2006. Ils ont tous été adopté l’an dernier. Aujourd’hui les plus anciens sont trois chiens qui sont là depuis 2008 ».

Actuellement près de 700 chiens sont en attente d’adoption. Cette progression a été rendu possible par la mise en place d’un programme de sensibilisation autour de la condition de ces chiens. « On met en place des actions avec les chiens, au parc par exemple. On les montre  aux gens, on leur montre que les chiens peuvent vivre sans problème dans la ville, assure celle qui est  volontaire pour le refuge depuis quatre ans maintenant. Il y a de plus en plus de personnes qui viennent ici et adoptent des animaux grâce à ces actions. De plus en plus de personnes  réalisent également que lorsqu’elles perdent leur animal, elles doivent venir ici pour tenter de les retrouver. Presque 40% des animaux qui sont ici sont repris par leur propriétaire. Ils ne sont pas abandonnés mais perdus », explique Joanna. Cependant il arrive que certains ne soient pas équipés de puce et dans ce cas il est beaucoup plus compliqué de retrouver le propriétaire.

Selon Joanna, l’abandon reste un problème majeur dans la société polonaise. Par ailleurs, la non-stérilisation des animaux domestiques ne permet pas de réduire durablement la population d’animaux sans abri : « ici il y a peu de stérilisation. Au printemps nous accueillons beaucoup de chatons et de chiots parce que les gens ne veulent pas plus d’animaux mais ne pensent pas à stériliser ceux qu’ils ont.

Le travail du refuge est donc essentiel à tous les niveaux puisqu’il agit sur le destin de ces animaux sans foyer mais éduque aussi la population varsovienne pour l’avenir. Des actions sont organisées assez régulièrement et relayées sur le compte Facebook du refuge qui voit sa communauté grandir année après année. « Parfois il arrive que les chiens soient rapportés, tempère Joanna. Il y a parfois des problèmes que l’on ne peut pas connaître au refuge et qui apparaissent seulement à la maison. Si le propriétaire ne peut pas résoudre ce problème il arrive qu’il rapporte le chien ». Il arrive aussi que des chiots ou chatons adoptés au refuge y reviennent quelques années plus tard. C’est pour éviter cela que le refuge met en place un processus d’adoption en plusieurs étapes. « Des gens disent que les procédures ici sont parfois trop compliquées mais quand on

travaille ici, on se rend compte qu’elles ne le sont pas. On fait le maximum pour le bien du chien », assure Joanna.

On dénombre pas moins de sept millions de chiens en Pologne soit autant qu’en France pour une population de maîtres inférieure d’un tiers. Michał Pręgowski et Justyna Włodarczyk, docteurs en sociologie à l’Université de Varsovie, ont étudié le changement de comportement dans la société polonaise vis-à-vis des chiens. Selon eux, la sortie du bloc de l’Est a conduit à une occidentalisation du comportement des maîtres et à une marchandisation de la relation entre l’homme et son compagnon à quatre pattes. Ainsi le chien du Polonais moderne est son meilleur ami et mérite par conséquent ce qu’il y a de mieux. A ce titre, des toiletteurs, service de dog-sitting, centres de formation et autres se sont fortement développés depuis une dizaine d’années en Pologne. Joanna témoigne de ce changement : « Je sais que la relation au chien a énormément changé ici. Aujourd’hui les gens traitent leur chien comme s’ils faisaient partie de leur famille. Ils commencent à vraiment en prendre soin comme quelqu’un qui ressent des choses et a des besoins ».

L’étude publiée dans la revue W Punkt ne nie cependant pas le problème lié à l’abandon d’animaux domestiques en Pologne ; un problème qui n’est malheureusement pas que polonais. Il soutient que ce phénomène découle bien souvent d’un décalage entre l’idée qu’une personne se fait d’un chien et ce qu’il en est réellement. « Parfois les gens rapportent les chiens sans raison je dirais… enfin pour des raisons qui sont stupides. Quelqu’un a déjà rapporté un chien en disant qu’il n’en veut plus parce qu’il ne rattrape pas la balle », raconte Joanna. Une stratégie à suivre serait d’élever des chiens pas nécessairement par rapport à leur caractéristique de race mais qui correspondraient aux attentes des gens, donc sociables et faciles à vivre, afin de diminuer le risque de déception et les problèmes d’abandon.

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