Alors que la COP22 s'est achevée il y a quelques jours à Marrakech, la Pologne s'est proposée pour héberger la COP24, en 2020. Un signe d'implication dans la cause environnementale bienvenu, mais est-ce suffisant ? Focus sur un point central du problème, la gestion des déchets.
Les Polonais peu sensibles au recyclage et à la limitation des déchets
Au regard des chiffres européens, la Pologne semble être un bon élève quant à la production de déchets. En effet, chaque Polonais produit 280kg de déchets par an, contre une moyenne de 480kg de déchets par personne en Europe. Cela représente, pour l'ensemble de la Pologne, un total de 10 millions de tonnes de déchets par an.
Le principal problème ne vient donc pas tant de la quantité de déchets produits mais de leur gestion. En effet, ils ne sont recyclés qu'à hauteur de 20%. Si l'Union Européenne avait donné pour objectif à ses pays membres d'atteindre un taux de recyclage de 50% d'ici 2020, cela semble presque irréalisable en Pologne...
Selon l'Union Européenne, le principal obstacle est le manque d'éducation du consommateur. Les infrastructures de gestion des déchets existent mais les Polonais ont des habitudes qui ne favorisent pas un traitement plus responsable ? et qui biaisent peut-être même les chiffres officiels. En effet, il reste courant que les détritus soient brûlés par les ménages, dans les poêles ou dans les jardins. Un phénomène tellement répandu que l'association PlasticsEurope Polska a récemment lancé une campagne de sensibilisation pour mettre en garde contre ce comportement. Celle-ci sera diffusée sous forme de vidéo dans les trams de Cracovie ou de Lodz, bien que le problème soit avant tout rural. Anna Sza?kowska, organisatrice de la campagne, regrette : « Si vous traversez des villages, surtout après le crépuscule, vous pouvez sentir l'odeur de la combustion de déchets ? toutes sortes de déchets ».
Par ailleurs, la loi interdit qu'un ménage de plus d'un individu investisse dans une machine à compost, souffrant de la réputation de sentir mauvais.
Des prises de position hésitantes
Face à des comportements généralement peu respectueux de l'environnement, les décideurs publics peinent souvent à trancher entre nécessité écologique et crainte de brusquer les citoyens. Si l'Etat a pour obligation de former les élèves polonais à un comportement responsable, les établissements scolaires ne parviennent pas toujours à faire correspondre le discours et les pratiques. Des dispositions ont été prises pour que les cantines scolaires favorisent les aliments locaux et sains, mais le déchet reste souvent le grand oublié des démarches. Le plastique est omniprésent, à la cantine comme dans les distributeurs automatiques, et des poubelles de recyclage sont rarement présentes. « Le déchet fait partie de nos habitudes de consommation, relève Virginie Little, consultante en développement durable. Or il est du devoir de l'école de la République d'amener des savoirs, mais aussi des savoir-être et des savoir-faire aux futurs citoyens. »
Quartier de Praga
Certaines municipalités tentent de s'emparer du problème environnemental : Varsovie se veut novatrice, en ayant mis à disposition depuis plusieurs années des vélos en libre-service, et en prévoyant d'étendre cette offre à des voitures électriques. Mais alors que la gestion des déchets est un problème de taille pour la ville, les innovations en ce domaine n'ont lieu qu'à échelle plus réduite. Certaines petites municipalités polonaises tentent dès à présent de responsabiliser les citoyens via un système de pesée des déchets : des cabanons abritant les poubelles et équipées de caméras assurent la fiabilité d'un système qui ne satisfait pourtant pas tout le monde. « Les Polonais n'aiment pas l'idée de surveillance, estime Virginie Little. Il s'agit alors de savoir s'il est nécessaire de contrôler les gens pour qu'ils se comportent de manière responsable. C'est ce que certains pensent. Mais il ne faut pas occulter le facteur culturel pour qu'une pédagogie soit efficace. »
De l'importance des initiatives personnelles
Face à une émission de déchets qui ira certainement croissant lors des prochaines années, les initiatives individuelles semblent être un bon départ pour enrayer cette dynamique. Si les consommateurs produisent ? seulement ? 25% des déchets du cycle de production et de consommation, des gestes simples permettent à chacun de réduire son impact sur l'environnement. Eviter les conditionnements en plastique, prendre la quantité d'emballage d'un produit en considération lorsque l'on fait ses courses, éviter le gaspillage alimentaire, sont des premiers pas.
La gestion des produits en fin de consommation intervient ensuite ; trier et recycler les déchets est la dernière étape pour le consommateur afin que des matières réutilisables ne finissent pas enfouies sous terre. « Il ne faut pas avoir peur de faire de petits gestes, déclare Virginie Little. En engageant une réflexion et des discussions sur ce sujet, il est possible d'obtenir, par effet papillon, une implication du plus grand nombre ».
Pour en savoir plus et apprendre à limiter vos déchets, rendez-vous dimanche 4 décembre pour la conférence de Béa Johnson. Pionnière du « zéro déchet », elle a réussi, avec sa famille, à atteindre une production de détritus de 1 litre par an.
Crédits photographiques: Flickr
Océane Herrero (lepetitjournal.com/Varsovie) - Jeudi 1er novembre 2016
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez-nous sur Facebook