En pleines vacances d'hiver, des dizaines de milliers de passagers sont restés coincés en gare samedi après qu'un acte de malveillance a paralysé le trafic ferroviaire au départ ou à destinations des stations de ski des Alpes. Un suspect est actuellement recherché alors que la thèse de l'activisme politique n'est pas exclue

(Photo AFP)
Ce n'est qu'après plusieurs heures d'attente pour quelque 30.000 voyageurs bloqués que le trafic SNCF a repris normalement dans la soirée de samedi après que trois câbles de signalisation et d'alimentation ont été sectionnés le matin même sur la ligne Bourg-Saint-Maurice-Chambéry. Un homme âgé de 40 à 50 ans, de forte corpulence, portant un bonnet de laine noire, un blouson bicolore et un sac à dos aperçu à proximité du passage à niveau de Tournon, en Savoie, vers 9h-9h30 pourrait être à l'origine de cet acte de vandalisme. La gendarmerie de Chambery a d'ailleurs lancé dès dimanche un appel à témoins tout en tentant d'exploiter les images de vidéosurveillance des commerces alentour et notamment de la zone artisanale de Tournon, par où l'homme serait arrivé et où il aurait pu se procurer "l'appareil coupant" utilisé pour commettre la détérioration volontaire.
Acte de malveillance ou action militante?
En l'absence de revendications, le procureur d'Albertville, Patrick Quincy, a écarté la piste du "sabotage", initialement envisagée par le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani bien que la détérioration soit intervenue un jour de forte affluence et sur une ligne stratégique. Les gendarmes ont également laissé de côté le scénario du vol de câbles en cuivre, très prisés sur le marché noir avec l'envolée des cours. Ils privilégient davantage maintenant la thèse de l'acte isolé de malveillance de la part d'un particulier ayant des griefs contre la SNCF ou l'action d'un déséquilibré. Les enquêteurs n'excluent pas non plus l'hypothèse de l'activisme politique car coïncidence troublante : le récent acte de vandalisme intervient alors que l'ultragauche semble intensifier son mouvement (notamment en raison de la tenue en France du G8 et du G20) et que l'information judiciaire sur l'affaire dite de "Tarnac", sur le sabotage en 2008 de lignes ferroviaires, vient de connaître un rebondissement.
Le ras le bol de la SNCF
Pour la société nationale de chemin de fer, qui a connu ces dernières semaines des vols de câbles en série, l'heure est à la colère. "J'en ai ras le bol", s'est ainsi écrié samedi Guillaume Pepy, le président de la SNCF. "J'espère bien qu'on trouvera le ou les coupables très rapidement et qu'ils seront poursuivis et sanctionnés", a-t-il ajouté tout en réclamant une meilleure protection des voies. Différentes mesures sont en effet envisageables allant du renforcement des grillages à l'introduction de puces électroniques dans les câbles en passant par le coloriage du cuivre utilisé afin de gêner sa revente. Une demande à laquelle la ministre de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet a répondu en annonçant le lancement d'un " plan d'urgence pour améliorer la sécurisation des voies ferroviaires". L'incident ne lui étant pas imputable, la SNCF ne prévoit pas de rembourser même partiellement les voyageurs malchanceux, contrairement à la demande de Jean-Claude Delarue, le Président de la Fédération des usagers des transports et des services publics.
Julie Ketkosol (www.lepetitjournal.com) lundi 28 février 2011
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