Suite de nos portraits d’expatriés dans la Communauté valencienne. Aujourd’hui, nous rencontrons Olivia Bastin, une jeune Britannique francophone venue nous partager ses coups de cœur pour l’art urbain à Valencia.
D’Édimbourg à Valencia, les aventures d'une ethnologue polyglotte
Après avoir exploré un village au Maroc, puis au Portugal, avant de se rendre en Jordanie et en Italie, c’est à Valencia qu’Olivia Bastin a posé ses valises pour quelques mois. Tant durant ses études (elle a pris une année sabbatique) qu’à leur issue, elle n’a cessé de voyager à la découverte des différentes cultures. Cette ethnologue est passionnée par les langues. Native en anglais, elle parle aussi l’italien, l’espagnol, qu’elle a étudié à l’université, l’arabe et le français (sa mère enseigne cette langue), et profite de son séjour à Valencia pour apprendre le valencien.
Je comprends vite qu’Olivia est profondément attachée à son pays natal. Elle découvre, étudie et analyse les différentes communautés avec passion et sérieux. « A Edimbourg, l’expression culturelle est très normée. A la différence de Glasgow, ville vivante et animée, l’offre culturelle de la capitale ne s’exprime que dans les lieux traditionnellement destinés à cet effet. », me confie-t-elle.
A la découverte de l'art urbain d’El Carmen
Mais ce n’était pas pour me parler de l’Ecosse qu’Olivia a voulu me rencontrer. Profitant d'un agréable samedi après-midi, nous avons fixé notre rendez-vous dans le quartier d'El Carmen. Après les salutations d’usage, nous entamons une joyeuse déambulation à travers les ruelles colorées. Jusqu’au dernier moment, Olivia ne me dit pas ce qu’elle veut me montrer.
Nous marchons dans les rues en devisant et en apprenant à nous connaître. Tout à coup, elle m’arrête et me dit : « Voilà ! ». Mon regard se pose sur l’endroit qu’elle me désigne. Dans un premier temps, j’avoue que je ne vois qu’une vieille porte en fer sans intérêt. Puis, je vois enfin. C’est un graffiti peint sur cette ouverture, plutôt deux dessins côte à côte. Olivia me dit que c’est son artiste préféré et qu’il s’appelle David de Limon. Nous nous installons dans un café pour en parler.
Les coups de cœur artistiques d'Olivia à Valencia
Olivia commence alors à me raconter que c’est à Valencia qu’elle a découvert cette expression artistique unique. Elle se passionne tellement qu’elle parcourt la ville pour dénicher de nouvelles œuvres et d’autres créateurs. Son élu, David, est un local. Formé aux arts appliqués à l’Université polytechnique de Valencia, il commence à dessiner dans les rues en 1998. Depuis 2010, il est exposé dans de nombreuses galeries en Espagne et est présent dans des festivals dédiés aux arts urbains.
Me précisant qu’elle a beaucoup amélioré sa technique photo, Olivia dégaine son téléphone. Elle déroule alors des dizaines de photos de graffitis prises au gré de ses pérégrinations, dans la ville. Elle s’enthousiasme de la diversité des créations et se lance dans une analyse ethnologique. Devant cette avalanche d’informations, je lui précise, un peu taquin, que je ne suis pas là pour écrire un livre sur l’art urbain mais simplement un article. Je lui demande donc de me présenter le Top 3 de ses créateurs préférés à Valencia.
Outre David de Limon et ses « ninjas », comme elle les appelle, elle me montre des œuvres de SOMA et de Disneylexya. Le premier est le pseudo de Marc Peris, artiste espagnol se définissant comme « muralista ». Le troisième choix d’Olivia est d’origine chilienne, il vit à Valencia et revendique l’influence sud-américaine dans ses créations. A chaque fois, ce sont des univers totalement différents qui la transportent et qu’elle aime.
L'énigme Bansky
Dans ces fréquentes références à l’Ecosse, Olivia ne cessait d’associer le célèbre artiste Bansky à la ville de Glasgow. Au bout d’un moment, je lui demande la raison en lui faisant remarquer que, a priori, l’identité de ce créateur est encore secrète à ce jour. Elle s'arrête, me regarde et me répond, avec un grand sourire : « Tous les Ecossais savent qui il est ».
Après plus de deux heures, nous nous sommes quittés. J’avoue que, depuis cette rencontre lumineuse, je ne regarde plus de la même façon les murs de la ville. Désormais, quand je me promène, j’aime découvrir de nouveaux graffitis en essayant d’en identifier les créateurs.