Découvrez la Plaza de la Virgen et ses alentours avec Marc Insanally

La Plaza de la Virgen, c'était un lieu bohème où l'on sortait tout le temps.

Bienvenue dans ce nouveau format d'articles que nous vous proposons. Ensemble, nous allons découvrir les différents quartiers de Valencia à travers les yeux et les oreilles - des extraits sonores du tour seront à écouter au fil de l’article - d’un habitant. Cette aventure nous plongera au cœur de la vie valencienne et nous permettra de saisir Valencia au plus près de son essence, entre anecdotes, histoires cachées et lieux méconnus. Suivons les pas de Marc Insanally, personnalité emblématique de la ville.

La Plaza de la Virgen, un paysage dont on ne se lasse jamais

 

 

À l’entrée du Cafe de las Horas, un des serveurs s’active sur le carrelage, le temps de faire quelques réparations. Une fois à l’intérieur, on se glisse dans ce cocon fait de draperies rouge-sombre avec, au-dessus de nous, un ciel étoilé peint sur les lattes du plafond. Après avoir englouti un café court, Marc déboule, entre deux rendez-vous, pour m’emmener faire le tour du quartier.

À peine sorti du bar, petit regard à droite pour une vue directe sur l’arrière de la cathédrale et l’obra nueva : « Une des choses qui ne cesseront jamais de m’émerveiller, c’est de sortir de mon café et de me retrouver face à la Plaza de la Virgen, surtout au crépuscule. Les silhouettes de la Basilique et de la Cathédrale se découpent sur un ciel presque parfait. Nous sommes vraiment des privilégiés de pouvoir voir cela à chaque fois. »

 

Le Café de las Horas, ou le doux parfum d’un lieu familier 

Né en Guyane britannique, l’ancienne colonie anglaise entourée par le Venezuela, le Brésil et le Suriname, Marc Insanally est arrivé en 1989 à Valencia. Il sera professeur d’anglais pendant quelques années, avant de reprendre l’activité du Café de las Horas en 1994 et de tenir cet établissement depuis maintenant 29 ans avec le succès qu’on lui connaît. « Je crois avoir réussi à faire de mon café un lieu qui a toute sa place dans le quartier. J’ai l’impression d’avoir été accueilli par les habitants et de vraiment faire partie de cette communauté aujourd’hui. »

 

La Plaza de la Virgen, c’est une place vers laquelle il s’est dirigé dès son arrivée dans la ville. « Quand je me suis installé à Valencia, c’était déjà mon coin préféré de la ville et celui des quelques étrangers qui vivaient ici. C’était un lieu bohème où l’on sortait tout le temps, même si à l’époque la place était beaucoup moins cosmopolite qu’aujourd’hui, très valencienne, différente. »

 

Au cœur de Valencia, la Plaza de la Virgen se distingue par sa riche histoire. Nichée au nord du centre historique, cette place est entourée de monuments emblématiques tels que la Cathédrale, la Basilique et le Palais de la Generalitat. C’est l’un des lieux les plus anciens de Valencia, car c’était à cet endroit que se trouvait le forum romain. L'empreinte des époques se fait ressentir : les vestiges archéologiques sous la Cathédrale témoignent des dominations wisigothes puis arabes. Bien que seulement 3.000 âmes peuplent ce quartier, son caractère valencien arrive à perdurer, avec de nombreux commerçants résidant au-dessus de leurs échoppes. Ce mélange d'histoire et d'effervescence commerçante fait de la Seu l’une des destinations préférées des touristes.

 

La Calle Caballeros, entre touristes et commerçants

 

Nous reprenons notre découverte du quartier en empruntant la Calle Caballeros, que Marc parcourt quotidiennement pour se rendre au travail. « Profiter de cette vue me permet d'échapper à la monotonie », confie-t-il. Notre chemin nous mène entre des bâtiments aux teintes pastel, typiques de cette voie fréquentée principalement par les touristes en cette matinée de septembre. Nous nous dirigeons vers un établissement situé légèrement en contrebas de la rue. Quelques marches nous mènent vers la vieille porte en bois de cette boutique historique de Valencia. 

 

Spécialisée en objets religieux, notamment les lampes de cire, Cirios Felipe est la deuxième boutique la plus ancienne encore en activité à Valencia. Elle a vu Marc et son café s'établir juste à côté. Pour découvrir leur échange, écoutez l'extrait audio disponible ci-dessous :

Des liens avec les commerçants, Marc en a noué des dizaines au fil des années : « Être installé ici depuis 29 ans, cela crée des liens. En cas de besoin, tout est à proximité. Ces personnes font partie non seulement de ma vie professionnelle, mais aussi de mon quotidien. »

 

Les métamorphoses de Valencia 

Lorsque Marc est arrivé à Valencia dans les années 1980, l’industrie touristique n’avait pas pris son envol comme aujourd’hui ; et les vieux quartiers du centre avaient un cachet bohème et local beaucoup plus prononcé. Un changement perceptible aussi dans la démographie : la population du vieux centre a diminué de près de 8.000 habitants entre 1981 et 2021, témoignant d'un exode des résidents vers des zones moins touristiques.

 

Cette transition, Marc a pu la voir depuis son café où toutes les générations de visiteurs se sont succédé. « En parcourant les rues, on constate qu’il y a beaucoup de magasins qui ont changé d’enseigne. Il y a beaucoup plus d’étrangers et de passants qu’avant, mais le quartier garde son âme grâce à des institutions accueillantes. Elles m'ont accueilli à mon arrivée, et j'aspire à être aussi hospitalier qu'elles l'ont été avec moi. »

 

De la rivière à la canopée

 

Ces témoignages du passé sont visibles dans les rues, où des marques sur les murs rappellent le niveau de l'eau lors de l'inondation du Turia en 1957. Des photos dans la boulangerie Montaner, ouverte depuis 1932, nous montrent l’état du lieu le 14 octobre de cette année tragique. Un événement qui a conduit à détourner le fleuve, donnant naissance au jardin de la Turia, où la verdure a depuis remplacé l’eau.

L’histoire du Turia à Valencia : d’un fleuve à un jardin

 

C’est d’ailleurs sur l’un des ponts qui enjambent le parc que notre tour se finit. Assis sur les marches du pont de la Trinitat, Marc partage ses pensées : « C'est l'un de mes lieux préférés à Valencia. La végétation luxuriante du parc forme une sorte de canopée, qui me rappelle l'Amazonie. Je viens ici pour trouver la paix la nuit. Entre les plantes et la vue sur le musée des Beaux-Arts illuminé, je me sens calme ici. »