Derrière ses airs de ville tranquille, Alicante cache un poids économique bien plus lourd qu’on ne l’imaginait. Avec seulement 17 % de la population provinciale, elle regroupe 18 % des entreprises et génère près de 25 % du PIB. Une première étude locale, dévoilée le 30 mai, remet les pendules à l’heure et confirme le rôle moteur de la capitale dans l’économie de la province.


Jusqu’ici, on naviguait à vue. Des chiffres extrapolés à l’échelle provinciale, des estimations floues, et une capitale économique qui avançait sans boussole locale. Mais cette époque semble révolue. Pour la première fois, Alicante s’offre sa propre radiographie économique. Une étude maison, signée par l’Observatoire économique de la ville pour l’agence Impulsalicante, qui dresse un portrait net et sans filtre du tissu entrepreneurial local.
Et les résultats font mouche : avec seulement 17 % de la population de la province, la ville concentre 18 % des entreprises… et génère près d’un quart du PIB provincial (23,3 %).
« Ce rapport nous permettra enfin de décider en connaissance de cause, avec des données à nous, et non plus avec des moyennes régionales qui ne veulent plus rien dire », a insisté Luis Barcala, le maire, lors de la présentation. Accessible prochainement sur impulsalicante.es, l’étude devient une boussole stratégique, destinée à guider l’action publique avec un cap clair : faire d’Alicante un centre de gravité économique à part entière.

À Alicante, les entreprises poussent, la valeur reste
Un millier de nouvelles entreprises ont vu le jour à Alicante en l’espace d’un an. Mille pousses dans un terreau qui, visiblement, a retrouvé de la vigueur. Le compteur des sociétés locales affiche désormais 25.467 entités, preuve tangible – selon le maire Luis Barcala – que les orientations prises après la pandémie n’étaient pas des paris à perte.
Mais au-delà des chiffres, c’est la physionomie même du tissu productif qui interpelle. Les entreprises alicantines emploient en moyenne 75 % de personnel en plus que la moyenne provinciale. Des structures plus étoffées, plus solides aussi, capables d’absorber les secousses économiques avec un peu plus d’amorti, et de se projeter au-delà du seul horizon local.
Côté productivité, les écarts entre secteurs dessinent une carte économique aux nuances contrastées : un salarié dans la réparation automobile génère en moyenne 68.086 euros par an, contre 53.955 dans le commerce de gros, ou 49.987 dans la santé. L’industrie manufacturière, quant à elle, tire son épingle du jeu avec une richesse produite par tête de 57.800 euros – soit 16 % de mieux que la moyenne municipale. De quoi souligner une autre réalité : ici, on ne fait pas que travailler plus. On crée aussi davantage de valeur.
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Dix moteurs, une même énergie
À quoi ressemble l’économie d’Alicante quand on la regarde de près ? L’étude livre une cartographie nette : dix secteurs font tourner la machine. Le commerce de gros et de détail, l’automobile, les transports, la santé, la restauration, les télécoms, la construction – générale ou spécialisée – et l’agroalimentaire.
« Cette cartographie nous éclaire sur le poids réel de chaque filière, à la fois en emplois et en chiffre d’affaires », commente le maire Luis Barcala. De quoi affiner les politiques de formation, et orienter les dispositifs vers les besoins concrets du terrain.
C’est tout le sens d’Alicante Futura Lab, le programme lancé pour doter les actifs de compétences technologiques en phase avec la réalité des entreprises. Une sorte de boîte à outils du XXIe siècle, où l’on forme à la demande. En 2024, 579 personnes y ont déjà été formées. En 2025, 305 ont franchi le pas depuis janvier. Une dynamique qui donne un visage humain à la réindustrialisation locale.
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Les zones industrielles, le poumon discret de l’économie alicantine
Les zones industrielles d’Alicante représentent près de la moitié du chiffre d’affaires de la ville – 4,45 milliards d’euros –, et plus d’un tiers du PIB généré par les entreprises locales. Dans ces coulisses de l’économie, 21.500 salariés s’activent chaque jour. Presque quatre travailleurs sur dix.
La plus emblématique ? Las Atalayas, véritable poumon productif, qui regroupe à elle seule un cinquième des entreprises et 22 % du chiffre d’affaires local. Une ruche discrète, mais essentielle.
Consciente de leur rôle central, la mairie a mis la main à la poche : plus de 4 millions d’euros ont été investis dans les infrastructures, des voiries à l’éclairage intelligent, en passant par la signalisation et les parkings. Une nouvelle ligne de bus (7P) relie désormais le centre-ville à ces zones, histoire de raccourcir les distances — symboliques et physiques.
Et pour que ces quartiers économiques ne soient plus des zones de relégation, quatre entités de gestion et de modernisation (EGM) ont vu le jour. Objectif : professionnaliser la gouvernance, mutualiser les besoins, faire monter en gamme ces espaces souvent oubliés.
Cap sur l’avenir : plus d’espace, plus d’ambitions
Alicante voit grand. Et loin. Pour accompagner la montée en puissance de son tissu productif, la ville prépare l’agrandissement de son ceinturon industriel : deux millions de mètres carrés de terrain en plus sont dans les tuyaux, dont 650.000 m² rien que pour Las Atalayas, le géant discret de l’économie locale.
En parallèle, les regards se tournent vers le futur : un Parc scientifique et technologique, en lien direct avec l’université d’Alicante, prend forme. L’idée ? Attirer des entreprises innovantes, celles qui feront la croissance de demain, à la croisée de la recherche, du numérique et de l’industrie.
« Ce plan d’expansion, c’est bien plus que du foncier. C’est un choix politique clair : faire d’Alicante un territoire de compétitivité industrielle durable », résume Vicente Seguí, directeur de l’emploi et de la nouvelle économie.
Finie l’image figée d’une ville de soleil et de tourisme bon enfant. Alicante muscle son jeu et envoie un message limpide à Madrid, à Valencia et au reste du pays : ici, on ne se contente plus d’accueillir. On construit.
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