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La vie d’expat de Mariela Astier : tous les chemins mènent à Valencia

Aujourd’hui, nous continuons notre série de portraits d’expats avec l’histoire de Mariela Astier. Cette Franco-vénézuélienne m’attend dans son bar à tapas en plein cœur du quartier de Ruzafa, à Valencia. Sans jamais se départir d’un sourire, elle me raconte les aventures pleines de rebondissements qui l’ont menée jusqu’ici.

mariela astiermariela astier
@mariela astier
Écrit par Frédéric Jambu
Publié le 12 avril 2024, mis à jour le 22 avril 2024

 

De l’Amérique du Sud aux frimas des Vosges

Mariela quitte son pays de naissance en 2000. Direction Paris, où elle s’installe pour quelques années. Elle rêve de cuisine française. D’apprendre l’art des arômes et des saveurs. Mais elle travaille finalement pour une grande agence de voyages. Elle organise des séjours haut de gamme en Amérique latine. Cette période de sa vie est celle où elle rencontre l’homme qui va devenir son mari. Avec lui, elle décide d'abandonner la Ville Lumière. 

Paris ville lumière
@Chris Karidis, Unsplash

Ils posent leurs valises en plein cœur du massif des Vosges, où ils achètent un refuge dans la campagne. C’est là que Mariela va enfin pouvoir accomplir son rêve. Pendant douze ans, elle va accueillir et nourrir ses convives. Dans un éclat de rire, elle me raconte qu’au début, aucune banque ne voulait lui accorder un prêt. La plupart lui tournaient le dos en lui disant : « Vous ne vous adapterez jamais dans notre région ». Sa maison d'hôtes a quand même duré plus d’une décennie… Ce n’est pas la lassitude, l’ennui ni la nostalgie qui lui ont fait quitter les montagnes des Vosges. C’est la maladie.

paysage de montagnes dans les vosges
@Raphaël Brun, Unsplash

 

Deux longues années d’épreuve

Au retour d’une balade en forêt, Mariela ne se sent pas bien. Violentes douleurs, forte fièvre et grande fatigue vont se succéder pendant deux longues années. Les uns après les autres, les médecins n’arrivent pas à se mettre d’accord et à trouver un traitement adapté. Ils estiment finalement qu’elle développe une maladie psychosomatique et veulent la traiter pour une dépression nerveuse ! En désespoir de cause, Mariela traverse la frontière. C’est là que le diagnostic tombe comme un couperet. Des médecins allemands découvrent qu’elle est atteinte de la maladie de Lyme. Dans les sous-bois vosgiens, elle a été piquée par une tique. Durant sa convalescence, Mariela ne se voit pas terminer ses jours dans ces lieux froids et reculés. Elle ne peut revenir au Venezuela. Mais le soleil lui manque. Ce sera donc l’Espagne ou l’Amérique latine.

Pourquoi Valencia ? Les expatriés nous disent les raisons de leur choix


La renaissance sous le soleil de Valencia

doigt et rayons du soleil
@Daoudi Aissa, Unsplash

Après une escapade touristique en 2019, elle décide de poser ses valises dans la capitale valencienne. Elle s’y installe avec ses deux enfants de 12 et 14 ans. Avec un grand rire, elle me précise : « Ah, et entre temps, j’ai divorcé ». A l’origine, son idée était d’ouvrir un magasin bio. De nouveau, les circonstances redessinent ses plans. Elle opte pour la restauration en promouvant son pays d’origine. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille.

fontaine de la place de la mairie à valencia
@Demiannnn, CC BY-SA 2.5

Lorsqu'elle commence à chercher un local, elle croise la route d’une organisation qui propose, moyennant finances, de s’occuper de tout pour elle. Un restaurant est à vendre, ils le visitent. Idéalement situé derrière la Mairie, le lieu semble parfait. Le lendemain, elle décide de s’y rendre pour y prendre un café. Elle rencontre un compatriote ; la conversation s’engage, et l’homme lui annonce qu’il vient d’acheter les murs... Elle va donc s’occuper de son projet elle-même, et se perdre dans les méandres de la bureaucratie espagnole, malgré sa maîtrise de la langue. « Parfois, je ne comprenais absolument pas ce que l’on me demandait, pourquoi ni comment faire ! », confie-t-elle avec un rire contagieux. Dix mois d’un travail acharné finissent par porter leurs fruits. Et là, patatras ! Alors que tout est prêt pour l'inauguration, la pandémie de COVID-19 pointe son nez, figeant le monde entier de stupeur. 


La recette du succès

Après le temps mort du confinement, Mariela lance enfin son bar à tapas. Toujours bondé, l'établissement renouvelle sa carte chaque semaine. Il est même référencé dans un guide de voyage de renom. Pour s’approvisionner, elle est très fière de dire qu’elle pratique la politique du circuit court. Très court même, puisque le marché de Ruzafa est au bout de sa rue, à environ 50 mètres.

marché de russafa
@Olivier Benier

Pour terminer, Mariela veut me parler de ses enfants. C’est son moyen de transmettre une information utile aux lecteurs. Arrivés adolescents, il a fallu les scolariser. Après renseignements, elle choisit l’établissement d’enseignement secondaire I.E.S. Ausiàs March à Manises. A l’issue du premier jour, un vent de panique s’abat sur la petite famille. Toute une partie des cours se pratique en valencien ! « Il a fallu, de toute urgence, apprendre cette langue. En plus, mes enfants ne pratiquaient que très peu l’espagnol. », me confie-t-elle. L’institut s’est montré très performant, les enseignants très bons pédagogues. Ses enfants sont aujourd’hui trilingues, et son aînée a obtenu ses bacs français et espagnol avec la mention très bien. Comme quoi, les talents peuvent fleurir sur des terres nouvelles.

 

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