Dimanche 24 avril, les Français retourneront aux urnes afin de décider qui les représentera pour les cinq prochaines années. Le 10 avril dernier, de nombreux jeunes votaient pour la première fois, avec plus ou moins de conviction. À l'issue de ce premier tour et à la veille du second, nous donnons la parole à ces primo-votants qui souhaitent faire entendre leur voix.
Voter pour la première fois : un honneur
“J’ai la chance aujourd’hui de pouvoir aller voter, grâce à la lutte d’autres femmes. Beaucoup de personnes dans le monde souhaiteraient avoir ce droit, alors j’en profite”, affirme fièrement Léane, une étudiante du Lycée Français de Valence (LFV) qui a voté pour la première fois. Ce sentiment de reconnaissance envers leurs droits anime beaucoup de jeunes. Ils mesurent la chance qu’ils ont de pouvoir donner leur avis.
Même si elle ne vit pas en France, Carlota, également élève au LFV, s’est rendue aux urnes pour la première fois : “Je trouve que c’est important d'exercer le droit de vote pour pouvoir intervenir dans l'avenir de notre pays même si nous vivons à l'étranger”. Cette conviction et cet enthousiasme ne sont néanmoins pas partagés par tous les jeunes Français. Lors du premier tour, les 18-25 ans se sont montrés timides. Plus de 40% d’entre eux ont décidé de ne pas voter, par ignorance ou manque d’intérêt.
Faire entendre la voix de la jeunesse
En France, on observe une très forte opposition entre les générations. Zacharia, jeune Français actuellement en stage à Valence, explique que si la jeune génération s’était rendue plus massivement aux urnes, le résultats auraient été différents : “Sans les votes des plus de 65 ans, on aurait certainement observé un second tour Mélenchon contre Le Pen, mais ce sont les plus âgés qui ont donné le ton car beaucoup trop de jeunes n’ont pas pris la peine d’aller voter”.
Selon lui, les candidats de ce second tour reflètent la pensée d’une population française relativement âgée. Or les décisions actuelles se répercuteront majoritairement sur les plus jeunes. Léane rappelle que la jeunesse est l’avenir d’un pays : “Les décisions d’aujourd’hui impactent les générations futures, c’est donc important de faire entendre sa voix”.
Pourquoi les jeunes ne votent pas ?
Au premier tour, plus de 40% de la population française entre 18 et 25 ans n’a pas voté. Un taux d’abstention énorme lorsqu’on sait que ce sont précisément ces voix qui peuvent changer la donne. Chez les plus de 65 ans, on observe cependant un taux de vote de 88%, autrement dit, une très large majorité. Ce contraste laisse perplexe et nous pousse à nous questionner sur les raisons de cette abstention.
“Les jeunes ne veulent peut-être pas voter parce qu’ils ne se sentent pas représentés dans les candidats, et souvent, ils ne sont pas conscients de l’importance des élections”, explique Carlota. Les jeunes ne sont pas suffisamment sensibilisés à l’importance du vote. S’ils ne s’intéressent pas d’eux-mêmes à la politique, ils ne se sentent pas concernés par les élections. L’ignorance pousse de nombreux jeunes à l’abstention, surtout lors du premier vote, car ils ne comprennent pas vraiment pourquoi leur avis compte.
Chacun a ses raisons de voter ou non. Avant tout, il faudrait davantage sensibiliser la population à l'importance du vote.
Romane, étudiante française en Erasmus à Valence, a voté aux présidentielles pour la première fois. Si, pour elle, c’était important de donner son vote, même à distance, certains de ses amis n’ont pas montré le même enthousiasme : “Ils ne votent pas car ils ne se sentent pas impliqués et sont totalement désintéressés”. Ce désintérêt pour la politique est un argument récurrent chez les jeunes, qui ont le sentiment que leur avis ne compte pas suffisamment.
Zacharia, quant à lui, n’a pas pu voter car la procuration pour sa famille n’est pas arrivée dans les temps : “Malheureusement, je n’ai appris qu’au début de la semaine du premier tour qu’il y avait un consulat à Valence pour faire la procuration”. Le manque d’informations lorsqu’on se trouve à l’étranger, semblerait aussi être une source d’abstention.
Français à l’étranger, suffisamment informés ?
Pour les jeunes Français qui vivent à Valence, la machine semble bien huilée. Léane et Carlota ont toutes les deux reçu les programmes électoraux par courrier quelques semaines avant le premier tour. Elles connaissaient donc les candidats et leurs idées avant de se rendre dans les bureaux de vote, installés dans le LFV. “L’ambassade française nous informe également des démarches pour voter par procuration et s’inscrire sur la liste électorale plusieurs mois avant le premier tour”, explique Léane.
Les démarches sont moins claires pour les étudiants Erasmus ou les jeunes qui restent à Valence pour une durée limitée seulement. Romane avait entamé les démarches pour voter par procuration avant son départ et elle s’intéresse de son plein gré à la politique et l’actualité française, même à distance. Elle n’a donc rencontré aucun problème ni pour choisir son candidat ni pour voter. En revanche, les étudiants un peu moins assidus et motivés, sont confrontés à plus de difficultés. L’actualité n’est pas transmise d’office et les démarches à suivre pour voter depuis l’étranger sont un peu confuses. Comme Zacharia, de nombreux jeunes n’ont pas pu voter car ils n’avaient pas connaissance des possibilités qui existaient pour eux à Valence. Encore une fois, ce manque d’information pousse la jeune génération à passer les élections à la trappe. Seules les personnes sensibilisées d’elles-mêmes aux problèmes politiques mesurent l’importance du vote.
Les décisions d’aujourd’hui impactent les générations futures, c’est donc important de faire entendre sa voix.
Le vote obligatoire, une solution ?
Afin de diminuer le taux d’abstention, certains se demandent si le vote obligatoire ne serait pas une option à envisager. Un avis qui n’est que très peu partagé par les primo-votants. Carlota pense que la solution se trouve ailleurs : “Chacun a ses raisons de voter ou non. Avant tout, il faudrait davantage sensibiliser la population à l'importance du vote”. Romane partage cette envie de liberté : “Les personnes qui n’y connaissent rien voteraient pour un candidat par qui ils ont été influencés ou ils voteraient pour suivre le mouvement, ce qui ne servirait à rien”. Pour elle, la meilleure solution reste une meilleure information. Elle pense que si on conscientise davantage les jeunes sur les conséquences de leur vote, ils chercheront à s’informer par eux-mêmes.
La solution idéale ne réside peut-être pas dans l’obligation d’aller voter. Pour convaincre les jeunes de se rendre massivement aux urnes, ils doivent être conscients qu’ils peuvent être une source de changement pour la France. L’information et la sensibilisation semblent donc une meilleure alternative à l’obligation.