Pour célébrer la Saint-Valentin, nous avons rencontré cinq couples, qui au détour d’un café ont accepté de nous parler de leur vie rythmée entre la France, la Belgique et l’Espagne.
Le Père Noël ou los Reyes ? Cuisine au beurre ou à l’huile d’olive ? Horaires français ou espagnols ? Camille et Sergio, Raquel et Benjamin, Manuela et Manu, Sarah et César, Anne-Sophie et David, se sont livrés sur leur vie quotidienne empreinte de deux nationalités, de deux cultures mais d’un seul amour.
Camille et Sergio : la bonne humeur franco-espagnole
Rencontrés lors d’une soirée organisée par des amis, Camille et Sergio se sont vite “tapés dans l’oeil”. Le début d’une belle histoire qui célèbrera sa première année ce 15 février 2018.
Lepetitjournal Valence : Avez-vous connu des difficultés de communication ?
Camille : Non car je pense que j’ai bien progressé en Espagnol depuis que nous nous connaissons.
Sergio : Oui, elle s’est vraiment améliorée ce qui du coup a forcément facilité la communication entre nous.
Camille : Parfois il y a des mots que je ne comprends pas …
Sergio : … mais je lui explique et nous parvenons à nous entendre ! Tout se fait naturellement.
Camille : Nous passons par des mimes, des gestes et ça fonctionne (rires). Les subtilités de la langue espagnole sont plus compliquées car je ne les domine pas encore.
Quelles sont pour vous les plus grandes différences entre la France et l’Espagne :
Camille : Les horaires. Moi avant je me couchais à 23 heures, maintenant c’est plus minuit ou 1 heure du matin. Les français sont aussi, je pense, plus polis. Ici en Espagne, il n’y a pas de “non merci” ; c’est “non”. Tout le monde se dit bonjour en France. Ici les gens sont peut-être plus fermés.
Sergio : Moi je ne ressens pas vraiment de différences entre nos deux cultures.
Au quotidien qui gagne : La culture française ou la culture espagnole ?
Sergio : La culture espagnole bien sûr (rires) ! Nous mangeons des produits espagnols, cuisinons à l’espagnole. Mais Camille me fait des pâtes avec pas mal de crème fraiche.
Sergio, avez-vous découvert ou appris des choses depuis que vous connaissez Camille ?
Sergio : Oui, avant toutes choses la France. Je n’y étais jamais allé. J’ai découvert la gastronomie, vraiment tout.
Et qu’aimez-vous le plus de la France ?
Sergio : Elle bien sûr … et les Lacs du Connemara de Michel Sardou (rires) !
Ce que j’aime le plus de la France ? Elle bien sûr … et les Lacs du Connemara de Michel Sardou ! (Sergio)
Comment voyez-vous votre couple ?
Sergio : Grâce à nos deux cultures c’est un enrichissement quotidien, nous apprenons de l’un et de l’autre, et de nos deux pays.
Camille, qu’aimez-vous le plus de lui ?
Camille : Il est comme mon meilleur ami. Il est intelligent, gentil, cultivé et très beau …
Et vous Sergio ?
Sergio : Tout … elle est simple, naturelle, elle ne se prend pas pour qui elle n’est pas. Et bien sûr elle est belle.
Raquel et Benjamin : le désordre valencien et la courtoisie française
L’amour du désordre espagnol et de la courtoisie française ont donné naissance à ce couple chaleureux et enrichissant, heureux et amoureux depuis 9 an, et comblés depuis 4 ans par leur fille Chloé.
Lepetitjournal Valence : Quelles sont, selon-vous, les plus grandes différences entre la France et l’Espagne ?
Benjamin : Les horaires de vie et le fait que les gens vivent beaucoup dans la rue. C’est très différent de la culture que j’ai reçue en étant enfant.
Raquel : C’est la même chose pour moi. J’adore les horaires français.
Au quotidien, comment vivez-vous?
Benjamin : A la maison, nous avons établi les horaires les plus corrects qui nous conviennent. Le midi nous mangeons à peu près aux horaires espagnols (13h30-14h). Par contre, pour le soir, nous préférons les horaires français (19h30-20h) qui nous laissent un peu de temps après pour pouvoir avoir une vie familiale.
Raquel : Nous nous couchons plus tôt aussi, comme les français.
Plutôt Noël ou Reyes ?
Raquel : Nous avons commencé par fêter Noël pour donner les cadeaux avant que les vacances ne se fississent. Mais nous avons fini par fêter les deux parce que la petite à l’école entendait les enfants dire que les Rois Mages venaient chez eux. Nous avons alors décidé de faire les gros cadeaux à Noël et un petit cadeau pour les Rois.
Benjamin : Pour les Rois Mages elle reçoit un cadeau plus éducatif.
En quelle langue parlez-vous à la maison avec votre fille ?
Benjamin : Je ne parle qu’en français à Chloé pour ma part.
Raquel : De mon côté, je ne lui parle qu’en espagnol. Je voulais lui parler en français mais une amie psychologue nous a dit que c’était mieux pour apprendre la langue que moi je ne lui parle qu’en espagnol et Benjamin qu’en français pour éviter qu’elle prenne mon accent.
Benjamin, qu’aimez-vous particulièrement de l’Espagne ?
Benjamin : J’aime le désordre espagnol. Cela me rappelle la vieille France des années 80. J’aime ce laxisme qu’ils ont, je trouve cela plus séduisant que la France où tout doit être droit.
Raquel, qu’aimez-vous le plus de la France ?
Raquel : La courtoisie des gens, l’éducation, le civisme. Et aussi les horaires parce que l’on peut faire beaucoup de choses pendant la journée. Les horaires sont plus calmes, on profite de la petite. Nous nous couchons tôt pour nous lever tôt et donc faire beaucoup d’activités. J’adore aussi la nourriture française.
Voyez-vous votre bi-nationalité comme une force ?
Benjamin : Je pense que ce qui est positif, c’est de pouvoir partager, apprendre l’un de l’autre et s’offrir nos connaissances.
Raquel : Je pense que vivre dans une famille bi-culturelle c’est très enrichissant et j’adore. J’adore savoir que ma fille est moitié française et moitié espagnole. Qu’elle aura les deux cultures, qu’elle a deux familles dans deux pays, deux langues. C’est très important.
Ce qui est positif, c’est de pouvoir partager, apprendre l’un de l’autre et s’offrir nos connaissances. (Benjamin)
Manuela et Manuel : les “Manu”
Il aura suffit d’une simple inscription à un cours de danse, puis d’une soirée avec une amie pour que Manue, la Belge, rencontre Manu, le Valencien. Un amour qui dure depuis 23 ans désormais.
Lepetitjournal Valence : En quelle langue parlez-vous à Alvar 12 ans et Unai 8 ans, vos enfants ?
Manuela : Depuis qu’ils sont tout petits, à chaque fois que je suis seule avec eux, je leur parle en allemand (NDLR : Manuela est Belge des Flandres) et Manu de son côté leur parle en Valencien. Quand nous sommes tous ensemble c’est le Castillan qui domine. Ils ont pris l’habitude de changer de langue de manière très rapide et très facile.
Vivez-vous plus de manière espagnole ou francophone ?
Manuela : A l’espagnole. Nous cuisinons à l’huile d’olive. Par contre, concernant les plats, nous faisons parfois quelques recettes de là-bas comme le ragoût ou le vol-au-vent. Le chocolat et la bière viennent de chez moi en Belgique. Manu l’appelle “cerveza de diseño” !
Au niveau gastronomique, voyez-vous de grandes différences?
Manu : Oui, notamment sur la consommation de pain. Ici en Espagne on mange du pain avec tout ; c’est un accompagnement de plat. En Belgique, non, pas du tout : la viande sera servie avec du riz blanc et de la sauce. Ici c’est plus sec, on accompagne avec du pain ou une salade mais nous n’avons pas autant de sauce.
Manuela : Les premières fois où nous allions en Belgique, il disait “Il y a du pain?”. Et nous répondions “Non, c’est pour le petit-déjeuner ou avec le fromage” (rires). Mais comme il parait que l’amour passe par l’estomac, depuis ce jour-là, j’ai toujours prévu du pain à table ! (rires).
Comme il parait que l’amour passe par l’estomac, depuis ce jour-là, j’ai toujours prévu du pain à table ! (Manuela)
Manu, qu’aimez-vous de la Belgique ?
Manu : J’aime la beauté des paysages. Je me souviens notamment de la première fois où je suis allé là-bas. C’était l’hiver le plus froid qu’ils n’aient jamais eu depuis très longtemps ! J’en avais mal aux oreilles ! Mais les paysages glacés étaient magnifiques. J’avais été frappé aussi par le caractère très plat du pays. Ici, quand on regarde au loin on distingue une montagne ou quelque chose. Là-bas, c’est totalement plat et cela m’avait beaucoup surpris. Une grande différence également avec ici et qui me plait là-bas, c’est le silence. Même dans les rues tout est silencieux, les gens sont calmes, ne sont pas autant expressifs qu’ici, ne rient pas aussi fort. Au niveau gastronomie, j’ai découvert la fondue bourguignonne et c’est très bon.
Justement, pensez-vous pouvoir un jour aller vivre en Belgique ?
Manuela: Non, clairement non ! Je me souviens un jour avoir lu un article sur une Belge décédée en Espagne et qui avait été rapatriée en Belgique. Le lendemain j’ai appelé une amie à moi qui travaillait au Consulat belge et je lui ai dit “Hors de question de me faire rapatriée si je décède ici, moi je veux rester ! ”
Sarah et César : Le couple 50% français, 50% espagnol
11 ans d’amour et deux petits hommes parfaitement bilingues forment cette douce famille totalement équilibrée entre la France et l’Espagne.
Lepetitjournal Valence : Votre double nationalité est-elle une force pour votre couple ?
Sarah : Oui, c’est une réelle force, surtout pour les enfants. Ils reçoivent une double culture au quotidien. Gaël, qui a 6 ans, parle parfaitement français et espagnol. Eloy quant à lui, comprend très bien le français. Il n’a que deux ans, donc c’est encore tôt pour le parler mais de temps en temps il me dit un petit mot en français. Je leur parle depuis leur naissance en français, jamais en espagnol. Je leur mets de la musique française, des dessins animés en français. Gaël est fan de la chanson “Allumer le feu”.
Dans votre vie quotidienne, selon quelle culture vivez-vous?
Sarah : Nous avons adapté les deux cultures. Au niveau des horaires des repas, nous sommes entre les deux : pas aussi tôt qu’en France mais pas aussi tard qu’en Espagne. Je pense que le rythme français est meilleur pour les enfants. Ils se couchent plus tôt. Surtout qu’à la crèche comme à l’école les horaires sont bien plus français. Concernant la cuisine, César s’est adapté.
César : J’ai appris à cuisiner avec du vin et à faire des gratins également. La crème fraîche est bien plus présente dans la cuisine française qu’espagnole. Et puis le fromage s’est imposé naturellement chez nous.
Sarah: Ce que nous ne trouvons pas ici, nous le ramenons de France. Comme notamment de la vraie bonne mayonnaise !
Nous avons adapté les deux cultures. Au niveau des horaires des repas, nous sommes entre les deux : pas aussi tôt qu’en France mais pas aussi tard qu’en Espagne. (Sarah)
Concernant les traditions familiales pour les enfants, célébrez-vous plus Noël ou Los Reyes?
Sarah : Noël ! Mais les parents de César offrent un petit cadeau aux enfants pour les Rois Mages.
César: Dans ma famille, même avant que je ne rencontre Sarah, nous fétions plus Noël que Les Rois Mages.
César, qu’aimez-vous le plus de la France ?
César : Ma femme et ma belle-mère (rires). La raclette, le foie, le vin et le fromage.
Pourriez-vous un jour partir vivre en France ?
Sarah : Et bien pourquoi pas mais dans de nombreuses années, plus pour la retraite peut-être. Mais c’est vrai qu’ici nous avons une qualité de vie qui est bien supérieure à la France.
César: Oui pourquoi pas, un jour peut-être, la porte n’est pas fermée.
Anne-Sophie et David : Quand l’Erasmus mène à l’amour
Anne-Sophie et David se sont rencontrés aux abords de l’Université dels Tarongers au cours d’une fête durant laquelle, le flirt de leurs amis respectifs leur a permis de se rencontrer, de se rapprocher puis de tomber amoureux. Une histoire d’amour qui fêtera ses 10 ans, ce 15 février 2018 également !
Lepetitjournal Valence : A quoi ressemble une vie de couple bi-culturelle? Y-a-t-il des différences notables ?
Anne-Sophie : En général non parce que nous avons eu une éducation assez similaire. Notre manière de nous répartir les tâches domestiques notamment est assez identique, assez simple.
Une double nationalité, une double culture, a-t-elle pu causer des problèmes de compréhension ?
David: Non parce qu’elle parle parfaitement mal le Castellano (rires) !
Anne-Sophie parle parfaitement mal le Castellano ! (David)
Anne-Sophie, ressentez-vous parfois le besoin de retourner en France ?
Anne-Sophie : Oui bien sur, cela reste mon pays, mes racines. Quand je remonte c’est seule car David travaille tandis que moi, en tant qu’autonomo, je peux m’organiser plus facilement. Mais oui, j’ai parfois ce besoin de rentrer “chez moi”, de retrouver ma nourriture, ma maison, ma langue, les jeux de mots français, j’ai besoin de souffler,
David : De souffler loin de moi (rires) !
Anne-Sophie : Mais non (rires), mais même si nous avons reçu la même éducation, il y a des choses que je retrouve en France qu’il n’y a pas ici, comme la musique des années 80. Cela ne me manque pas au quotidien, mais de temps en temps cela fait du bien de retrouver tout cela. Il y a des choses, comme par exemple la mort de Johnny Hallyday, que l’on a besoin de partager avec des français.
David : Et bien oui, moi je ne savais pas qui c’était …
La gastronomie française s’est-elle fait une place au sein de vos habitudes alimentaires?
David : Ouiiiiii, notamment la raclette et beaucoup de fromage !
Anne-Sophie : Et des rillettes ! Il a découvert ça et il en rafolle. Il sait que, à chaque fois que je reviens de France, j’ai la valise remplie de biscuits, chocolats, etc. En cuisine sinon, nous faisons parfois une quiche ou des petites choses comme ça. Par contre il a découvert le vin car en Espagne, la bière se consomme beaucoup plus.
David, qu’aimez-vous le plus de la France ?
David : Anne-Sophie bien évidemment…
Et comment communiquez-vous avec votre belle-famille ?
David : Nous jonglons entre les deux langues mais nous réussissons à nous en sortir. Nous n’allons pas avoir de conversations philosophiques mais nous nous comprenons.
Quel projet avez-vous pour l’avenir ?
Anne-Sophie et David : Acheter une maison à la campagne avec un jardin, un barbecue et une piscine.