Aider les propriétaires de chiens à comprendre leur compagnon à quatre pattes, c’est l’objectif que s'est fixé Esprit Dog. Depuis quelques années, l’entreprise d’éducation canine en ligne au million et demi d’abonnés a posé ses valises à Valencia. À l’occasion d’un tournage à Torrent auprès d’un chien agressif, Lepetitjournal.com a rencontré l’équipe en action.
À la sortie du parking souterrain de l'avenue al Vedat à Torrent, un aboiement retentit. Stitch s’avance, muselière en place, l’air peu confiant. Ce bouvier bernois croisé husky et border collie progresse rapidement entre les piétons, presque sans encombre. Difficile de croire que la veille encore, ce chien de six ans aboyait sur chaque passant.
C’est à Tony Silvestre, à l’autre bout de la laisse, qu'on doit cette progression rapide. L’éducateur canin est l’un des quatre fondateurs d’Esprit Dog. L’entreprise, qui comptabilise plus d’1,5 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, s’est fait connaître en proposant des programmes d’éducation canine en ligne et en rééduquant des chiens difficiles. C’est notamment le concept des Panic Dog, des tournages de sept jours qui se déroulent près de Valencia, où sont basés le centre d’éducation et les bureaux de la société.
Le stage de la dernière chance
C’est justement pour un Panic Dog que les maîtres de Stitch ont fait la route depuis la Suisse. Car ils le savent, ce tournage, c’est un peu la dernière chance pour leur compagnon à quatre pattes. “Il a déjà mordu plusieurs fois. Ses maîtres ne savent plus quoi faire”, commente Romaric Pagot, cofondateur d’Esprit Dog. Stitch a été récupéré à l’âge de 3 mois chez un éleveur peu scrupuleux qui avait laissé la portée à l’abandon. Près de 4.000 € dépensés auprès de divers éducateurs canins n’ont pas permis de régler l’agressivité de Stitch envers les humains. “Leur famille et leurs amis ne veulent plus venir chez eux. Ils ne le sortent plus que 20 minutes par semaine”. Une situation invivable, aussi bien pour le chien que pour ses maîtres.
Ce mercredi 29 mai, la session avec Stitch se termine au bout de 25 minutes. Pour ce deuxième jour de tournage, les trois caméras et la dizaine de personnes autour de lui n’ont pas suffi à déconcentrer le toutou. “Cela s’est très bien passé. Hier, il aboyait à chaque croisement avec une personne”, débriefe Tony. “Les maîtres sont très contents, ils n’ont jamais vu leur chien comme ça”. Après sept jours de tournage, Stitch est comme métamorphosé. “Ses propriétaires peuvent enfin le balader en journée, prendre un café en terrasse. Maintenant, ils ‘se plaignent’ que Stitch demande trop de câlins !”, expliquent Tony et Romaric en riant, une semaine après le tournage, dans leurs bureaux à Torrent.
De Paris à Valencia
Des cas comme Stitch, Esprit Dog en a fait sa spécialité depuis la création de la société en 2019. Tout commence quand Romaric Pagot et Mélody Diel font appel à Tony Silvestre et Jessica Laurent pour éduquer Marley, leur chien destructeur. Des dizaines d’heures de séance d’éducation naît leur amitié, et avec elle, une idée, celle de développer un service en ligne pour les propriétaires de chiens. "Ça n'existait pas à l'époque", se souvient Mélody Diel. Progressivement, Esprit Dog prend de l’ampleur sur Facebook, le réseau social où tout a commencé. Les quatre amis décident alors de quitter leur job respectif à Paris et partent s’installer à Valencia, sans n’y avoir jamais mis les pieds et en parlant à peine espagnol. “On nous a pris pour des fous. Esprit Dog marchait à peine financièrement. Mais nous ne regrettons rien”, continue Mélody.
Nous faisons environ deux allers-retours par mois en France.
Ce qui pourrait ressembler à de l’impulsivité cache des centaines d’heures de travail, motivées par la sensation de savoir qu’ils tiennent quelque chose. “On faisait de plus en plus de vues sur les réseaux sociaux. À partir de là, on s’est dit qu’on ne pouvait plus revenir en arrière”, raconte Tony. À quelques jours de leur départ pour l’Espagne, à l’été 2019, une vidéo explose sur Facebook et atteint les 500.000 vues. La suivante dépasse le million. En septembre de la même année, leur compte Facebook franchit la barre des 100.000 abonnés. Les confinements pendant la pandémie de Covid-19 et la création des Panic Dog en 2020 seront deux tournants dans le développement de l’entreprise. La machine Esprit Dog est lancée.
Quand la passion canine traverse les frontières
Aujourd’hui, Esprit Dog a des bureaux à Torrent et un centre d’éducation à Montserrat, près de Valencia. Néanmoins, leurs inventions en Espagne ne représentent qu’une petite partie de leur activité. “Nous travaillons pour les Français. En moyenne, nous faisons deux allers-retours par mois en France”, explique Romaric. Une proximité avec l’hexagone qui leur permet de rentrer dès que nécessaire, tout en profitant de l’anonymat en Espagne. “Le soutien des gens est incroyable. Mais aujourd’hui, nous ne pourrions pas travailler en France et faire des séances d’éducation dans la rue comme nous le faisons en Espagne, car les gens nous reconnaissent tout le temps”, admet Romaric.
Depuis 2020, Esprit Dog a également développé son activité sur Instagram, TikTok et Youtube, ainsi qu’à l’occasion d'événements comme l’Esprit Dog Show en 2022, le premier salon dédié au chien. En ligne, l’entreprise propose notamment des formations d’éducation canine, des accessoires pour nos amis à quatre pattes, différents formats de vidéos et podcasts sur leurs réseaux sociaux, et depuis peu Le Club Esprit Dog, qui permet aux adhérents d’accéder à une variété d’offres exclusives auprès d’une centaine de marques de matériel, nourriture et assurance pour chiens, contre une cotisation mensuelle de 9,90€. “Les gens ont de plus en plus de mal à nourrir leur compagnon. Avec l’inflation, le prix des croquettes a explosé. Nous voulions apporter notre contribution avec Le Club”, résume Tony.
Les maîtres de chien au cœur d’Esprit Dog
Petit à petit, la société a centré son activité autour des propriétaires de chiens, auprès de qui la sincérité et la crédibilité incarnées par Tony semblent avoir fait mouche. “Tony a une authenticité qui touche les gens. Ce n’est pas un gars qui veut devenir youtubeur. Son truc, ce sont les chiens”, explique Romaric. “Quand je l’ai rencontré, il avait un vieux téléphone à clavier et n’avait même pas de compte personnel sur les réseaux sociaux”, continue-t-il en rigolant. Si aujourd’hui, Tony semble très à l’aise devant la caméra, à l’époque, c’est la découverte. “Les vidéos, les critiques sur les réseaux sociaux… Au début, tout était bizarre pour moi. Mais je me suis prêté au jeu, par envie d’aider les gens”.
“Aider les gens.” Quand on demande aux deux amis comment se démarque Esprit Dog, c’est ce qui leur vient immédiatement à l’esprit. “Nous pensons avant tout aux gens. Nous avons bien conscience que le jour où nous n’arriverons plus à les aider, ils s’en iront”, analyse Romaric. Pour beaucoup, Esprit Dog représente d’ailleurs le dernier espoir. “Nous recevons des centaines de mails de gens qui ont vu des dizaines d’éducateurs et qui sont au bout du rouleau”. C’est ainsi que les Panic Dog sont devenus la signature de l’entreprise. “Nous avons fait le choix de rendre accessible notre travail. Nous avons toujours dit aux gens que si ça marche pour nous, ça marche pour eux”, explique Tony. Le succès d’Esprit Dog sur les réseaux sociaux leur a notamment permis de proposer des formations à prix réduits et des stages gratuits de rééducation à Valencia. “C’était un peu notre rêve d’avoir un écosystème où l’aspect financier ne serait plus un problème, où n’importe qui pourrait venir, quels que soient ses moyens.”
Un avenir sous le soleil de Valencia
Des idées, l’équipe Esprit Dog n’en manque pas. Panic Dog, festival, tournée en France, spectacle, feat avec des célébrités, etc… Une succession d’événements et de projets arrivent, en France et sur les réseaux sociaux. Tony et Romaric l’affirment, l’équipe sera sur “tous les fronts” dans les mois à venir. Une chose est sûre : c’est depuis Valencia que la suite de l’histoire d’Esprit Dog s’écrira.
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