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A ceux qui arrivent … et ceux qui rentrent …

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©MathieuMilitis
Écrit par Shirley SAVY-PUIG
Publié le 30 juin 2019, mis à jour le 1 juillet 2019

Lorsque l’on vit à l’étranger, la fin du mois de juin et le début du mois de juillet est une période toujours très étrange. Alors même que de nombreux francophones claironnent leur arrivée dans la région, d’autres, beaucoup plus discrets, font le choix d’un retour dans leur pays. Et cette décision, leur décision, d’une arrivée ou d’un départ, nous renvoie forcément à notre situation, à notre devenir. 

En parcourant les réseaux sociaux et plus particulièrement les groupes Facebook, la période estivale correspond chaque année à une arrivée massive de francophones séduits par l’aventure d’une expatriation. Assoiffés de conseils et désireux de bons plans, ils posent de nombreuses questions munis d’un enthousiasme sincère et du regard tout neuf qu’ils posent sur la ville de leur rêve. Quelle fraîcheur !

C’est à ce même moment que l’on découvre ou que l’on apprend que des expatriés organisent leur retour au bercail. C’est à la sortie de l’école qu’une maman vous annonce « Ça y est, nous repartons en France ». C’est dans un dîner ou une soirée que l’on vous chuchote « Mais tu n’es pas au courant ? Ils quittent l’Espagne à la fin du mois ! » C’est parfois au retour des vacances que l’on reçoit un message vous expliquant que finalement, la famille a préféré rester en France (je vous promets que je l’ai vécu !). Le pire étant de s’apercevoir qu’une entreprise ou une boutique a fermé à la suite du départ de ses propriétaires. Poignant. 

La région valencienne, aussi attrayante soit-elle, n’est pas une terre où foisonnent les contrats d’expatriés contrairement à d’autres. En dehors du personnel diplomatique soumis à une période de détachement connue dès leur arrivée, les francophones qui viennent s’installer ici se font généralement employer en contrat local ou créent leur propre société. C’est donc eux qui choisissent la durée de leur séjour valencien : un an, deux ans, cinq ans, dix ans ou toute une vie ? La grande majorité ne sait pas quand s’arrêtera ce CDI, Changement à Durée Indéterminée. 

Le parallèle avec le monde du travail est d’ailleurs à propos. Le départ d’un expatrié est semblable à celui d’un collègue dans son entreprise. On se pose les mêmes questions à son sujet : « Depuis quand était-il là ? », « Elle va où ? », « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? », « C’est une promotion ou c’est une mise au placard ? », « Qui va le remplacer ? ». 

Ces mêmes réflexions nous renvoient à notre propre situation : « Et nous, depuis combien de temps sommes-nous là ? », « Dois-je moi aussi rentrer ? », « Suis-je bien ici ? », « N’ai-je pas fait le tour de cette aventure ? », « Suis-je arrivée à la fin de mon projet ? ». 

Il est essentiel de se poser ces questions, de s’interroger sur son parcours afin de savoir ce que l’on veut vraiment. Et c’est parfois un véritable luxe que certains n’ont pas eu : acculés par des dettes, confrontés à une situation économique incertaine, ils n’ont pas d’autres choix que de rentrer. Combien sont-ils chaque année à solliciter la Société de Bienfaisance de Valencia ou le service social du Consulat général de Madrid afin de trouver une solution de rapatriement ?

Ces situations, souvent tristes, parfois tragiques, sont à l’opposé de celles qu’espèrent vivre les nouveaux arrivants pleins d’espoirs et d’ardeur. Alors que faire ? Les modérer et leur expliquer la réalité sous peine de passer pour des personnes pessimistes ou pire, aigries ? Ou les laisser vivre l’aventure jusqu’au bout en faisant des erreurs ? Je dirais "les deux mon capitaine !" car qui sommes-nous pour présumer de l’avenir quand nous-mêmes ne savons pas ce qui nous attend. 

C’est pourquoi je voudrais terminer cet édito en m’adressant directement à vous qui êtes dans ces deux catégories. A celles et ceux qui arrivent, je souhaiterais simplement leur demander de ne pas nous en vouloir si parfois nous sommes un peu réservés ou distants. Nous ne sommes pas aigris, ni même méfiants : c’est simplement que nous sommes en train de perdre des compagnons de route avec qui nous avons partagé un bout de chemin depuis quelques années. A celles et ceux qui rentrent, j’aimerais vous dire d’être fiers de votre parcours et d’avoir eu le courage de tenter l’aventure de l’expatriation. Une aventure souvent plus compliquée que ce que l’on pense et dont très peu osent admettre leurs difficultés. Et de ne pas oublier de nous donner de vos nouvelles surtout ! 

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