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SOCIETE – Être juif en Espagne, un sacerdoce ?

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 5 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012


Histoire particulière que celle des Juifs et de l'Espagne. Communauté prospère jusqu'à leur expulsion en 1492, les Israélites n'ont jamais constitué depuis plus qu'une communauté résiduelle, aujourd'hui estimé à 15.000 personnes. Une rareté qui ne protège pas des préjugés

(Photo Lepetitjournal.com)

"C'est difficile d'être juif en Espagne", c'est ainsi que réagissait sur son blog Martin Varsavsky en 2008, businessman argentin installé à Madrid, suite à une étude révélant que 56% des étudiants espagnols seraient peu ou pas disposer à travailler avec un juif. L'étude mettait en relief les stéréotypes et autres racismes véhiculés chez les étudiants espagnols, contre les Africains, les Sud-américains, ou encore les juifs. Il en tirait alors la conclusion suivante : "la grande différence entre ces groupes de populations et les juifs, c'est que cet antisémitisme n'est pas basé sur la rencontre que peuvent faire ces étudiants avec des juifs -puisqu'il y en a très peu ? mais sur l'antisémitisme historique présent en Espagne depuis l'inquisition". A l'époque, les médias espagnols avaient notamment été montrés du doigt, accusés pour certains d'apporter un regard sur le conflit au Proche-Orient favorisant l'amalgame entre communauté juive et Israël. Jacob Israël Garzón, alors président de la fédération des communautés juives d'Espagne, parlait d'eux comme de "la meilleure tribune à l'antisémitisme, ayant une vision trop stéréotypée des juifs".


Une communauté mal connue car peu nombreuse
Deux ans plus tard, la situation ne semble pas avoir beaucoup changé. "La vérité, c'est qu'il y a des difficultés quand est fait l'amalgame entre religion et politique", affirme Sophie Karsenti, chargée de relations publiques de la Comunidad Israelita de Barcelona, pour qui l'antisémitisme en Espagne reste limité et tient plus du cliché que de l'animosité. "Le conflit Israelo-Palestinien, et le traitement qu'en font certains médias, donne une mauvaise image de la communauté aux Espagnols qui ne connaissent pas la culture et la communauté juives, et qui adoptent la vision des médias. C'est différent de la France où la communauté est plus importante". D'où certaines maladresses parfois même issues des autorités, Sophie Karsenti évoquant l'annulation de cérémonies commémoratives de la Shoah par la Generalitat de Catalogne en raison de l'attitude d'Israël à Gaza. "Ça n'a rien à voir ! Les juifs d'Espagne sont des citoyens espagnols, parfaitement intégrés à la société", conclut-elle.

Vers une meilleure acceptation ?
Malgré un antisionisme résiduel teinté d'antisémitisme dû au conflit au Proche-Orient, la population espagnole dans son ensemble paraît accepter plus facilement qu'avant, sur le temps long, l'existence d'une communauté juive en Espagne. C'est en tout cas ce que pense Esther Bendahan, directrice culturelle de la Casa Sefarad à Madrid, et auteur d'ouvrages sur l'histoire de la communauté juive d'Espagne. "Il y a eu un changement ces dernières années. Les juifs qui vivent actuellement en Espagne sont arrivés à la fin des années 1960. A l'époque les Espagnols ne connaissaient des juifs que les stéréotypes, les croyaient différents, n'avaient pas d'idée claire. Mais aujourd'hui, les juifs d'Espagne sont de mieux en mieux acceptés comme des Espagnols à part entière, et ce malgré certains groupes antisionistes issus de la mouvance pro-Palestinienne".

Bruno DECOTTIGNIES (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mardi 5 octobre 2010

lepetitjournal valencia alicante
Publié le 5 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

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